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Yuvan Sungkur: une robe d’avocat et plusieurs costumes

2 octobre 2022, 12:21

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Yuvan Sungkur: une robe d’avocat et plusieurs costumes

Que s’est-il passé dans la tête de cet homme de 42 ans, qui est sous le feu des projecteurs depuis que l’avocat Akil Bissessur a été arrêté pour trafic de drogue allégué ? S’il a représenté son «client» à de multiples reprises, il s’est avéré au final, qu’il n’était qu’imposteur…

Yuvan Sungkur défraie la chronique depuis qu’il a été démasqué. Le ‘pseudoavocat’ est entré en scène quand il s’est présenté comme étant l’homme de loi d’Akil Bissessur. On l’a souvent aperçu au tribunal de Bambous ou encore aux Casernes centrales, défendant les intérêts de son ‘client’. Selon Akil Bissessur, ce dernier s’est présenté à lui et lui a offert ses services. Il a accepté en lui faisant entièrement confiance et ne lui a pas demandé sa carte d’avocat...

Or, la police, cette fois, a eu le nez fin  et a découvert qu’il n’avait jamais prêté serment comme avocat en Cour suprême à Maurice et n’est pas inscrit à la Mauritius Bar Association (MBA). Chose confirmée par le Bar Council. Il a alors été arrêté et inculpé pour infraction à la Law Practitioners Act. Traduit en justice, il a dû s’acquitter d’une caution après un interrogatoire under warning par la police criminelle.

Si l’avocat «sans soulier», comme l’ont baptisé les internautes, fait valoir son droit au silence face aux journalistes, nous avons quand même essayé d’en savoir un peu plus sur lui en nous tournant vers quelques-uns de ses proches ou du moins ceux qui l’on côtoyé, eux aussi pas vraiment loquaces. En tout cas, si l’on se fie d’abord à son compte LinkedIn, il dit avoir fréquenté le collège Royal de Curepipe, avant d’entamer des études de droit à la University College of London, de 1999 à 2002. Or, selon des sources policières, l’habitant de Highlands n’a pas terminé ses études universitaires et n’a jamais entamé de pupillage pour pouvoir enfiler toge et rabat.

«Même pour des avocats connus, la carte est exigéeaux casernes centrales comme dans les prisons. Comment Yuvan Sungkur a-t-il pu passer entre les mailles du filet ?»

Yuvan Sungkur a en outre enfilé le costume de directeur commercial au sein d’une boîte spécialisée en «télé-langues». Il y travaillait depuis 14 ans mais aurait toutefois été licencié en 2021, selon son employeur, pour «gross misconduct». Comment donc est-il devenu du jour au lendemain avocat ? Faute d’être un vrai homme de loi, il était en tout cas un homme plein de ressources. Il se serait ainsi lié d’amitié avec Me Sanjeev Teeluckdharry et aurait été épaulé pour obtenir quelques «dossiers». C’est comme ça qu’il se serait intéressé à l’affaire Bissessur. Contacté à ce propos, Rama Valayden – un des chefs de file des avocats-justiciers surnommés les Avengers – n’a pas souhaité s’éterniser sur le sujet. «Il ne faut pas s’acharner sur ce garçon. Il y a d’autres choses bien plus graves qui se passent dans le pays qui méritent que l’on s’en occupe...»

N’empêche, l’affaire, pour le moins insolite, intrigue de nombreux Mauriciens, dont d’autres avocats – des vrais. Certains font ressortir que Yuvan Sungkur a pu non seulement tromper les hommes en robe noire mais aussi ceux en uniforme bleu, notamment ceux des Casernes centrales, pendant un bon moment en tout cas. «Même pour des avocats connus, la carte est exigée aux Casernes centrales comme dans les prisons. Comment Yuvan Sungkur a-t-il pu passer entre les mailles du filet ?» se demandent-ils.

D’ailleurs, comment la police a-t-elle eu vent de la supercherie après ? Selon notre source policière, sa visibilité médiatique en est encore une fois la cause. «Kouma li pansé ki li ti pou kapav kasiet sa? S’il faisait cela en catimini avec des petits clients, peut-être que personne n'aurait jamais su...»

Aujourd’hui, la police tente de savoir si le principal concerné aurait berné d’autres «clients». Affaire à suivre donc...