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Salon de coiffure dans un bus: Ram et son concept au poil
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Salon de coiffure dans un bus: Ram et son concept au poil
«Boukou konpran teori lor zot CV mé péna pratik kan trap sévé.» Cette phrase pas du tout tirée par les cheveux est signée Soorojeo Dussoye, plus connu comme Ram coiffeur. Les ciseaux, la tondeuse, il les manie depuis bientôt 31 ans. Aujourd’hui, à 59 ans, il innove et lance son salon-bus pour se rapprocher de ses clients. Embarquons.
Cet habitant de Balaclava se remémore ses débuts et comment la coiffure l’a sauvé étant enfant. «Mo ti dan katriem. Mwa ek mo bann kamarad sa lépok-la ti pé sové lékol, ti pé al fim sigaret bor larivyer. En zour bann fami inn swiv nou, mwa ek mo meyer kamarad nou’nn gagn trapé», relate Ram. On ne sait pas si ses parents lui ont brossé le ‘coco’ mais comme le père de son meilleur ami avait un salon de coiffure, la punition était que les deux devaient s’y rendre directement après l’école pour apprendre la coiffure au lieu de perdre leur temps.
«C’était une surveillance stricte. Si je me ne m’abuse, c’était en 1973. J’aimais cet apprentissage car je maîtrisais à un jeune âge, des techniques des grands. Je me suis rendu en Angleterre peu après pour voir mon frère. Je me souviens avoir demandé à un coiffeur anglais de me laisser couper les cheveux de celui-ci, il m’avait dit oui et il a été surpris du résultat. Ils utilisaient la tondeuse alors que moi c’était l’ancienne technique du peigne et des ciseaux.» De fil en aiguille, ou plutôt de blaireau en rasoir, il passera huit ans en Angleterre et sept ans en France, où il perfectionnera sa technique, avant de rentrer au pays.
De retour à Maurice, Ram s’installe à Vacoas, où il ouvre son premier salon. Puis il bouge vers d’autres endroits, entre La Caverne, Rose-Hill et Riambel. «Kan mo ti pé bouzé bann klian ti pé swiv mwa ek zot ti pé res demann mwa kifer mo bouz-bouzé. Mo ti dir zot mo pou met mo salon mobil enn zour», confie celui qui à l’époque avait pour objectif de s’installer dans une région et puis d’aller en explorer une autre une fois qu’il avait atteint les 100 clients.
C’est il y a quatre ans. Têtu dans le bon sens, persévérant, Ram finit par acheter un bus qu’il retape et transforme en salon. Il ne récolte que des éloges depuis. Étant séparé de son épouse et père d’une fille qui vit à l’étranger avec sa mère, Ram ne veut pas laisser son art, son métier s’éteindre et compte ouvrir un salon où il accueillera des jeunes pour leur transmettre son savoir. «Les jeunes s’intéressent à ce métier mais ils pensent que posséder un diplôme, ça suffit. Beaucoup sont décrits comme des pros sur leur diplôme mais ils sont mauvais, une fois confrontés à la tête des clients. Raz trwa koté latet ek les lao pousé zot tou pou koné. Mé bizin aprann metyé-la bien pou kapav fer li kouma bizin. Bokou kapav trap enn fer pou dres sévé. Mé éna ki pa konn konsep brushing. Bizin kapav trap enn bros, konpran kouler, fer séki ou pe fer ek lamour.»
Ram estime qu’un salon doit être à l’image de son propriétaire, propre, accueillant et l’accueil doit être au poil. Ce n’est pas Nandita, sa cliente depuis 12 ans, qui dira le contraire : «Mo kontan travay li fer, mo swiv li kot li alé.» Ram, lui, continue son petit bonhomme de chemin et à bord de son salon-bus, il reprendra bientôt la route pour sillonner l’île.
Son rêve : se rendre dans un couvent à la veille d’une fête pour relooker les occupants tout en y organisant une journée d’activités et faire un don de nourriture. Décidément, Ram Magic Hands a aussi un cœur en or…
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