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Système d’«actingship»: comment favoriser les copains/copines
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Système d’«actingship»: comment favoriser les copains/copines
Les allégations contenues dans une lettre anonyme qui vise la Financial Services Commission ont été balayées par le CEO, le 1er octobre. Hier, nous l’avons recontacté pour lui poser quelques questions bien précises… Des employés estiment que des postes importants sont occupés par nul autre que des incompétents et qu’il existe des soupçons de corruption de la part de certains hauts cadres.
La Financial Services Commission (FSC), responsable de la transparence et de faire respecter les lois, s’adonne-t-elle à des pratiques immorales ? Plus grave, nous a-telle, le 1er octobre, par le biais de son Chief Executive Officer (CEO), Vikash Thakoor, induit en erreur ? Ses réponses à nos questions additionnelles d’hier donnent l’impression que oui. Car, grosso modo, c’est bien le système d’actingship qui semble avoir été abusé.
Après la diffusion d’une lettre anonyme visant la FSC, Dhanesswurnath, dit Vikash, Thakoor avait (voir l’express du 1er octobre 2022), dans une tentative de dévier l’attention loin de lui, utilisé la technique bien rodée qui consiste à dire qu’il défend la réputation… des membres du personnel. Avant de déclarer que «toutes les allégations faites dans ce document sont nonfondées ». Mais en donnant comme seul exemple la justification du paiement d’une allocation à ceux et celles appelés à remplacer l’absence d’un chef de service.
Combien de ces «absences» y avait-il ? avons-nous demandé hier au CEO de la FSC. Réponse : «Une dizaine, comprenant des postes pas encore remplis.» Et pourquoi ces postes ne sont-ils pas remplis, et selon la procédure ? «Nous sommes dans l’attente du rapport du consultant Valdus qui a commencé une étude en août 2022.» Vikash Thakoor reconnaît qu’avant son arrivée à la FSC en mai 2020, il n’y avait pas un seul poste occupé par actingship. C’est donc bien lui qui a inauguré en fanfare l’utilisation de cet exercice réservé normalement à des cas exceptionnels.
Vikash Thakoor nous disait aussi le 1er octobre que «les exercices de promotion selon les procédures existantes se font par un appel à candidatures où les candidats éligibles pourront postuler en toute transparence». Notre question supplémentaire : y a-t-il appel à candidatures pour les postes d’actingship qui semblent fleurir en ce moment à la FSC ? «Non.» Il nous prie de croire que les choix ont été faits en respectant scrupuleusement l’ancienneté, tel qu’il est requis par une circulaire et non pour «caser et pérenniser à ces postes des copains et des copines».
Le CEO nous assurait, toujours le 1er octobre, que «si des promotions doivent se concrétiser, ce sera dans le cadre d’un exercice effectué en ce moment par un consultant…» Est-ce bien le consultant Valdus dont un de ses ex-employés, un certain K. G., a été nommé directeur des ressources humaines à la FSC en même temps que les services de ce consultant étaient retenus par la FSC ? Explications de Vikash Thakoor : «K. G. n’est pas venu directement à la FSC mais a changé au moins trois fois d’emploi après avoir quitté Valdus. Il a été recruté par la FSC le 1er avril 2022, alors que les services de son ancien employeur, Valdus, ont été retenus deux mois après. Ce ne serait donc qu’une coïncidence.»
La bande à «savates dodo»
Nous avons aussi voulu, hier, en savoir un peu plus sur le cas de quatre cadres qui ont été «promus» ou titularisés en contournant les procédures, sans passer par «des appels à candidatures». Est-il vrai que L. V. D., connue comme appartenant à la bande à «savates Dodo», a été recrutée sous contrat de deux ans comme assistantedirectrice de la section de lutte contre le blanchiment d’argent, en mai 2020, et qu’elle a été retirée de ce poste moins de sept mois plus tard pour incompétence et qu’elle est toujours employée malgré l’expiration de son contrat ? Vikash Thakoor est d’accord que L. V. D. a bien été retirée de la section de lutte contre le blanchiment d’argent car, selon nos informations, «she was not performing». Mais il nous affirme que son contrat était de trois et non de deux ans. Donc, encore valide.
Bénéficie-t-elle toujours des conditions favorables au poste d’assistante-directrice qu’elle n’occupe plus ? «Oui, car elle a été nommée assistante-directrice d’un autre département après appel à candidatures.» Pourquoi s’est-elle retrouvée maintenue au grade d’assistante-directrice alors qu’elle n’était pas à la hauteur précédemment ? «On a vu qu’elle serait apte pour ce poste.» Nous avons voulu savoir pour quelle raison L. V. D. n’est assistante-directrice d’aucun département, comme le témoigne le site même de la FSC. «L. V. D. est en charge du département Projects Office et nous n’avons pas encore mis à jour le site à ce propos.»
Quid de l’autre membre présumé de la bande à savates Dodo, K. R. ? A-t-elle été recrutée, elle aussi, sous un contrat de deux ans sans passer par un «appel à candidatures» et a-t-elle été confirmée comme employée ? «C’était le choix de l’ancien consultant, Beejaye Appanah.» Tout en ajoutant qu’au moins sept autres contractuels, dont cinq réceptionnistes, ont aussi bénéficié de ce programme de titularisation.
C. L. P., qui travaillait dans le département qui avait octroyé à Álvaro Sobrinho sa licence, a-t-elle également été promue en passant par le système d’actingship inauguré par Thakoor ? «C. L. P. n’était pas le chef du département ayant octroyé la licence à Sobrinho. Oui, elle bénéficie elle aussi d’une ‘sorte’ d’actingship qui lui donne droit à une responsibility allowance, après le départ du précédent titulaire pour un long congé.» Depuis quand ? Vikash Thakoor ne nous l’a pas dit.
V. D., qui n’avait reçu comme sanction qu’une mutation, n’a-t-il pas bénéficié du système d’actingship ? La réponse de Thakoor est catégorique : «V. D. n’en bénéficie pas.»
Nous avons parlé à des employés de la FSC. Tous confirment en gros le contenu de cette lettre anonyme. Pour eux, non seulement des postes importants sont occupés par des incompétents, mais il existe des soupçons de corruption de la part de certains hauts cadres. Un responsable nous a bien parlé de soupçons très forts pesant sur deux cadres dans l’affaire de perte de Rs 200 millions par un investisseur britannique et nous a même confirmé qu’une enquête indépendante a lieu en ce moment pour déterminer s’il y a eu connivence entre ces deux cadres et la Management Company responsable de cette perte. Vikash Thakoor confirme que l’enquête a pris fin et le dossier sera transmis au département concerné pour les sanctions à prendre. Et quelle sanction ? Une mutation ? Thakoor dit laisser le département concerné en décider. Et quant à la Management Company, le CEO de FSC nous assure que des sanctions seront prises bientôt contre elle.
Ce qui est encore plus préoccupant, c’est le traitement discriminatoire systématique envers les employées féminines. Certaines ont toutes les faveurs et soutien de la direction et d’autres personnalités alors que certaines autres, quoique compétentes, sont mises à l’écart. Cependant, selon un des employés, il ne faudrait pas tout mettre sur le dos du CEO. «C’est savate Dodo qui s’ingère dans l’institution concernant notamment certains éléments féminins.»
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