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Erreur à l’état civil: pendant 55 ans Sanjay Lutchman vivait malgré lui sous l’identité d’un autre

15 octobre 2022, 22:00

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Erreur à l’état civil: pendant 55 ans Sanjay Lutchman vivait malgré lui sous l’identité d’un autre

Il a dû attendre un demi-siècle pour avoir enfin son «vrai» acte de naissance grâce à l’acharnement de ses hommes de loi. Kaviraj Sanjay Lutchman peut enfin vivre normalement.

«Je suis très content et satisfait d’avoir obtenu, 55 ans après ma naissance, un vrai, je dis bien, un authentique acte de naissance avec les noms de mes parents. Ce qui m’a permis d’obtenir, ce jeudi 13 octobre 2022, ma carte d’identité. J’ai trop souffert avec un acte de naissance qui portait les noms des parents d’une autre personne, d’un criminel. J’ai utilisé son nom à mon insu.» C’est un sentiment de joie et de satisfaction qui prime chez cet habitant de Quatre-Bornes, qui a obtenu gain de cause le 19 septembre 2022, une quinzaine d’années après, en Cour suprême.

La juge Karuna GuneshBalaghee a agréé à sa demande et ordonné au «Registrar» du «Civil Status» d’établir un acte de naissance au nom de Sanjay Lutchman, en veillant à ce que son nom soit bien écrit, de même que ceux de ses parents. La juge Karuna Gunesh-Balaghee a également ordonné que les amendements nécessaires soient apportés à son acte de mariage et aux actes de naissance de ses deux enfants. Son nom complet est Kaviraj Sanjay Lutchman.

Sanjay Lutchman, 55 ans, n’a jamais perdu espoir bien que ses doléances soient restées sans réponses après qu’il a sollicité l’aide du ministère public et de la Commission des droits de l’homme. Il n’a jamais baissé les bras et a mené bataille avec acharnement depuis 2007 par le biais de ses hommes de loi, Mᵉˢ Bhanji Soni, Ashwin Lukeeram et Rajendra Appa Jala. Il a finalement obtenu gain de cause en Cour suprême.

Le plaignant explique que depuis sa naissance, le «Registrar» de l’Etat Civil avait commis une erreur sur son acte de naissance. «Je ne connais pas ma vraie date de naissance, sauf que je sais que je suis l’enfant légitime de Haumaur Lutchman et Janwantee Boodhun, tous deux décédés maintenant. Pour des raisons inconnues, c’est l’acte de naissance portant le nom de «Sanjay Luchmun» qui m’a été émis, alors que ce dernier est né des parents L.L et H.A. Ayant étudié jusqu’au primaire, je ne savais pas que je portais le nom d’une autre personne, nom qui figurait sur mon acte de naissance. Idem pour mon père qui m’avait inscrit à l’école avec cet acte de naissance», confie Sanjay Lutchman.

Deux enfants sont nés de son union avec Radha en 1989, après qu’ils ont contracté le mariage civil. «Du coup, sans savoir que j’utilisais un acte de naissance inapproprié, l’acte de naissance de mes deux enfants portait mon nom mal écrit, soit Sanjay Luchmun. Avant cela, j’ai même fait usage du document pour pouvoir me marier à l’Etat Civil», poursuit notre interlocuteur.

C’est en 2006, lorsqu’il fait une demande pour l’octroi d’un certificat de moralité, qu’il apprend de la police que sept personnes à Maurice portaient le même nom et que Sanjay Luchmun existe et habite à Beau-Bassin. Par la suite, il avait même reçu un avertissement de la police et avait vu sa carte d’identité annulée. «J’ai demandé à la cour de district de Rose-Hill l’octroi d’une «tardy declaration» mais en raison des conclusions défavorables du ministère public, je n’avais pu obtenir les documents appropriés. Ce qui m’a porté énormément préjudice dans ma vie de tous les jours», soutient le père de famille.

Et d’ajouter : «Sans une carte d’identité et en utilisant l’acte de naissance d’un autre, je n’ai pas pu ouvrir un compte bancaire, ni me procurer un passeport. Le pire : lors du confinement à cause du Covid-19, l’accès aux supermarchés et boutiques était restreint et se faisait par ordre alphabétique sur présentation des pièces d’identité des consommateurs. J’étais carrément pénalisé. En tant que chef de famille, je ne pouvais aider mes enfants et ma femme et effectuer les achats en raison de l’absence d’une carte d’identité.»

La liste de préjudices s’allongeait. Sanjay Lutchman ne pouvait recevoir des traitements médicaux à l’hôpital. Certains croyaient, dit-il, qu’il était le «Sanjay Luchmun» qui avait été condamné à 35 ans de prison devant la cour d’assises. Cela, pour le meurtre de sa concubine, Shyama Santee Okil, en la brûlant vive.

«On me prenait pour un criminel alors que tel n’est pas le cas et du coup, cela rendait difficile ma demande pour l’obtention du certificat de moralité. Mais ce jeudi 13 octobre, je suis heureux que tout soit rentré dans l’ordre avec ma nouvelle pièce d’identité qui confirme ma «propre identité». Plus de préjudices ou de confusion à mon encontre et les noms de mes parents sont écrits sur mon acte de naissance. Plus de va-et-vient au bureau du ministère, entre autres. Je peux me rendre à des lieux où ces documents sont requis, sans crainte et difficulté. Pour cela, je tiens à remercier mon avocat, Me Bhanji Soni, Mes Lukeeram et Appa Jala», confie Kaviraj Sanjay Lutchman à l’express. Il dit espérer que les autorités fassent le nécessaire pour ceux confrontés au même problème. Cela, pour éviter des démarches qui prendront des années avant d’aboutir.

La juge Gunesh-Balaghee a accédé à sa demande après avoir écouté sa version et celle du représentant du «Registrar» de l’Etat Civil qui a produit des documents authentiques.