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Soopramanien Kistnen: deux ans déjà et toujours pas de suspect
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Soopramanien Kistnen: deux ans déjà et toujours pas de suspect
Ce dimanche 16 octobre marque deux ans jour pour jour depuis que l’ex-activiste du MSM avait été porté manquant. Son corps partiellement calciné avait été retrouvé dans un champ de canne à Telfair, deux jours plus tard. Depuis, l’enquête de la police piétine toujours alors que sa veuve Simla, elle, garde espoir...
Agent orange
Soopramanien Kistnen serait en fait celui qui a introduit Pravind Jugnauth dans la circonscription n°8 quand ce dernier s’y est porté candidat dans l’élection partielle en 2008. Auparavant, il avait toujours été dans la circonscription n°11. En 2008, Pravind Jugnauth y était donc candidat sous la bannière de l’alliance Parti travailliste-MSM face à son oncle, Ashok Jugnauth, qui était, lui, candidat du MMM. Selon des proches, Kistnen a été le premier agent à aider Pravind Jugnauth non seulement dans la région de Montagne-Ory et Moka où il habitait mais aussi dans les autres régions de la circonscription. Un habitant de Moka se rappelle bien la soirée quand Kistnen est venu chez lui un peu tard pour lui présenter Pravind Jugnauth ainsi qu’à ses voisins.
Soopramanien Kistnen connaissait Yogida Sawmynaden depuis le début des années 2000 lorsque les deux étaient proches du MMM et que l’ex-ministre était candidat au n°19 pour les municipales. C’est alors que des relations d’affaires en sus de politique se sont établies entre eux, qui étaient tous deux dans la construction. Aux élections de 2019, Kistnen était donc l’agent du trio de candidats du MSM – Pravind Jugnauth, Leela Devi Dookun-Luchoomun et Yogida Sawmynaden – les Kistnen Papers en font foi. Cependant, Kistnen se montrait le plus souvent avec Yogida Sawmynaden.
Pourtant après la découverte du cadavre de Kistnen, Yogida Sawmynaden affirmait à l’express ne pas connaître le défunt, «Mo pa konn li mwa». Il devait cependantrectifier pour dire qu’il le connaissait comme tous les autres agents. On apprenait le même jour que le futur ex-ministre s’était rendu aux funérailles de Kistnen mais n’y était resté que cinq minutes.
Quant à Pravind Jugnauth, il n’était, ni venu à l’enterrement, ni passé un coup de fil à la veuve Simla Kistnen pour lui présenter ses sympathies. Pourquoi cette indifférence ? L’on en saura plus lors de l’enquête judicaire.
Scandales politicofinanciers révélés
L’enquête judiciaire au tribunal de Moka sur la mort de l’ex-agent orange a permis de découvrir que Kistnen n’était pas content que Yogida Sawmynaden l’utilise pour participer à des appels d’offres bidon alors que les contrats allaient presque qu’invariablement à d’autres copains et copines. Quand Kistnen, ne voyant rien venir, a réclamé sa part, c’est alors que les choses se sont gâtées. On a appris au cours de l’enquête que la goutte qui a fait déborder le vase, c’est quand Kistnen, dit Kaya, s’est rendu compte que Yogida Sawmynaden avait déclaré son épouse Simla comme son Constituency Clerk mais qu’il empochait lui-même les Rs 15 000 mensuelles. Mais c’est surtout le refus des autres bénéficiaires de contrats de remettre sa part à Kistnen qui aurait probablement abouti à son assassinat. Pour rappel, selon le frère de l’ex-ministre du Commerce, Koomadha Sawmynaden, Kistnen s’était rendu à La Louise justement pour récupérer Rs 14 millions, mais c’était la mort qui était au rendez-vous.
‘’Il n’est pas possible que l’on puisse kidnapper, séquestrer, torturer, tuer et faire un cover-up sans que personne ne soit arrêté après deux ans.’’
Deux autres aspects sont aussi abordés en profondeur dans le rapport de l’enquête judiciaire. Les dépenses électorales figurant dans le fameux carnet de l’ex-agent orange, les fameux Kistnen Papers ; mais aussi selon des témoignages et documents, l’inscription de travailleurs étrangers comme électeurs au n°8 – quelque 1 200, selon Navin Ramgoolam qui avait rencontré Kistnen en août, soit deux mois avant sa mort.
Les incohérences de la police sur sa mort, traitée comme un suicide avant même l’autopsie du corps calciné, sont aussi soulignées. L’enquête judiciaire conclut noir sur blanc qu’il y a eu foul play et balayé d’un revers de main la thèse de son suicide. D’ailleurs, la police est sévèrement critiquée par la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnath qui souligne : «I consider the conduct of the police in the present case to be abhorrent. The manner in which the enquiry was conducted fell so below what can be considered reasonable that it marks a new level of incompetence.»
Enquête abandonnée par la police ?
Le rapport de l’enquête judiciaire remis au bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP) qui l’a lui-même renvoyé avec ses recommandations à la police. Cette dernière a repris l’enquête en interrogeant notamment et principalement Koomadha Sawmynaden à plusieurs reprises, jusqu’à cette année. Selon nos informations, l’enquête a été interrompue après avoir tourné en rond quand l’enquêteur responsable est parti pour de longues vacances. À ce jour, il n’y a pas eu de grand développement et aucun suspect n’a été identifié ou arrêté…
Sollicité, Mᵉ Sanjeev Teeluckdharry qui a été le premier à intervenir dans l’affaire Kistnen nous a déclaré : «Je ne comprends pas pourquoi la police et l’ICAC n’ont procédé à aucune arrestation après la déposition de Simla Kistnen, il y a près de deux ans. Je pense que le rapport de la magistrate Vidya MungrooJugurnath devrait être rendu public car n’oublions pas que l’enquête a démontré que Kistnen a été assassiné en raison des contrats alloués pendant le Covid et surtout des Kistnen Papers.» Pour l’avocat, la seule institution qui fonctionne de façon indépendante, c’est la presse qui a alerté l’opinion publique. «Les membres des Avengers se réuniront bientôt pour décider s’il faut organiser ou non une grande manifestation justement pour faire appel à l’opinion publique. Il n’est pas possible que l’on puisse kidnapper, séquestrer, torturer, tuer et faire un cover-up sans que personne ne soit arrêté après deux ans.»
Par ailleurs, Mᵉ Roshi Bhadain, dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, il y a quelques jours, a indiqué ne pas vouloir que le public oublie ce qui s’est passé de grave dans le pays. Il fait appel à la mémoire collective pour qu’elle n’efface pas l’affaire Kistnen, entre autres, qui n’a toujours pas été résolue. Pour sa part, Mᵉ Rama Valayden martèle toujours et met l’accent sur «enn lot eskadron la mor» avec l’ingérence gouvernementale au plus haut niveau. Il demande ainsi au peuple d’ouvrir les yeux et de se mobiliser, notamment mardi, quand Yogida Sawmynaden se rendra au Parlement.
Simla Kistnen ne perd pas espoir...
Simla Kistnen s’arme toujours de patience et de résilience. Sollicitée, elle explique qu’elle ne baissera jamais les bras. «Je garde espoir quoi qu’il arrive ; je sais que tôt ou tard on finira par trouver les vrais coupables.» Le fils unique du couple a d’ailleurs fêté ses 18 ans, vendredi. «Zordi mo garcon gagn so 18 ans zordi si so papa ti pu la li ti pu fer enn grand laniverser pou li... Nous sommes attristés et très affectés par son départ. Mais on est sûr que là où il est, il veille sur son fils et que ce dernier a sa bénédiction. Ceux qui ont ôté un père à son fils dans de telles circonstances, devront payer pour leurs actes», confie Simla Kistnen.
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