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Désiré Elliah: «L’hôtelier ne ‘bloque’ pas les devises»
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Désiré Elliah: «L’hôtelier ne ‘bloque’ pas les devises»
Le président de l’AHRIM affirme qu’il n’y a pas de place pour la spéculation dans les opérations quotidiennes de l’hôtelier. Il souligne aussi que les revenus en devises étrangères constituent environ 65 % de la totalité des revenus, dont 60 % sont convertis en roupie.
On reproche à certains secteurs de l’économie ayant de fortes rentrées en devises étrangères, dont le tourisme, de les bloquer délibérément afin de se livrer à des spéculations sur le dollar en raison de sa tendance haussière. En tant que président de l’Association des hôteliers et restaurateurs de l’île Maurice (AHRIM), que répondez-vous à ces critiques ?
Je vous retourne la question: si l’hôtelier «bloquait» ses revenus en devises, comment pourrait-il assurer ses dépenses courantes locales, qui représentent environ 75 % du total de ses dépenses ? Il n’y a aucune logique à penser qu’un opérateur puisse délibérément retenir les devises ; il est obligé de les échanger en roupies, donc de les mettre dans le circuit mauricien, pour assurer ses besoins en trésorerie.
Il faut savoir que les revenus en devises étrangères constituent environ 65 % des revenus totaux des opérateurs hôteliers, le reste étant en roupies mauriciennes. De ces revenus en devises, tout hôtelier est tenu d’en convertir au moins 60 % en roupies pour la rémunération de ses opérations et autres engagements envers ses fournisseurs et employés, ainsi que pour le remboursement des dettes en roupies.
Les 40 % restants, pourquoi sont-ils conservés ?
Certains hôteliers conservent une partie de leurs revenus en devises pour leurs dépenses marketing. Par la nature de son activité, il va de soi que l’hôtellerie doit consacrer une part importante de ses revenus à la promotion dans les pays où se trouve sa clientèle. Ces dépenses comprennent les campagnes marketing, les publications, la rémunération des agences étrangères, entre autres. La plupart des contrats avec les tour-opérateurs sont d’ailleurs en devises étrangères. Et, comme on le sait, le budget marketing grossit d’année en année, avec l’environnement de plus en plus concurrentiel.
Une autre partie des revenus conservés en devises sert au remboursement des dettes contractées en devises. Les hôteliers contractent en effet des emprunts étrangers dans les mêmes devises que leurs revenus, c’est une démarche saine en matière de gestion des risques.
Nous n’intervenons ni dans les opérations ni dans la politique d’investissement ou de gestion de trésorerie de nos membres.
Les devises étrangères sont donc conservées de manière très temporaire puisque ces deux catégories de dépenses, le marketing et la dette, sont récurrentes. Bien entendu, les proportions de dettes en devises étrangères ou en roupies varient d’un opérateur à l’autre. J’ajouterai que l’hôtelier n’a aucune raison de «bloquer» des devises, puisque ces revenus sont réguliers et continus.
L’AHRIM compte-t-elle agir si certains de ses membres ne jouent pas le jeu et se livrent effectivement à des spéculations sur certaines devises ?
Il n’y a guère de place pour la spéculation dans les opérations quotidiennes de l’hôtelier. Le seul «jeu» que les hôteliers puissent jouer, c’est de maintenir une trésorerie saine, en définissant quelle proportion de ses devises garder pour la rémunération de ses partenaires étrangers.
L’AHRIM est certes concernée par cette question de devises, au même titre qu’elle l’est pour tout enjeu de l’industrie. Mais nous ne sommes pas là pour donner des leçons aux opérateurs. Notre rôle est de faciliter la mise en place de bonnes pratiques et de solutions dans la conduite des affaires, dans le respect de chaque opérateur. Nous n’intervenons ni dans les opérations ni dans la politique d’investissement ou de gestion de trésorerie de nos membres.
De janvier à septembre, le pays a enregistré plus de 668 000 arrivées touristiques. Pour franchir la barre d’un million de touristes, comme souhaité, il faut donc accueillir quelque 100 000 touristes par mois, durant les trois prochains mois. Est-ce réalisable, sachant que jusqu’ici ce chiffre n’a jamais été atteint ?
Effectivement, en 2022, nous n’avons jamais enregistré 100 000 arrivées en un mois. En 2019, avec 636 500 sièges d’avions, nous avions accueilli presque 410 000 touristes pour les trois derniers mois. Cette année, nous avons environ 606 000 sièges d’avion confirmés pour le dernier trimestre. Ce qui signifie que nous devrions pouvoir accueillir au moins 380 000 touristes pour ce même trimestre.
Cette prévision, qui semble plausible, doit cependant être considérée avec précaution : elle s’appuie sur le seul baromètre dont nous disposons, c’est-à-dire les réservations de chambres d’hôtels. Or, celles-ci ne représentent qu’environ 63 % de la capacité d’hébergement touristique de l’île. Donc, la plus grande prudence reste de mise.
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