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PNQ sur la mort de Kistnen: Sawmynaden pas interrogé après les conclusions de l’enquête judiciaire

19 octobre 2022, 09:30

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PNQ sur la mort de Kistnen: Sawmynaden pas interrogé après les conclusions de l’enquête judiciaire

«Enquête en cours», «pas au courant», «quel rapport ?», «quelle affaire ?» C’étaient quelques-unes des réponses du Premier ministre aux questions supplémentaires embarrassantes du leader de l’opposition. Pravind Jugnauth a toutefois bien voulu donner quelques précieuses précisions tout en omettant d’autres aussi précieuses.

Avant de commencer sa réponse à la Private Notice Question (PNQ), hier, Pravind Jugnauth a tenu à présenter ses condoléances à la famille Kistnen comme il l’avait déjà fait, a-t-il ajouté. On se souvient qu’effectivement il l’avait fait mais un peu tardivement, au cours d’un meeting au n°8. Il a également souligné qu’il connaissait Soopramanien Kistnen personnellement, que l’enquête policière a débuté dès octobre 2020 par la police de Moka et que par la suite (pas de date donnée) c’est la Major Crime Investigation Team (MCIT) qui a pris le relais. On apprend aussi qu’un rapport intérimaire avait été soumis au Directeur des poursuites publiques (DPP) en novembre 2020 et que c’est le 22 novembre 2021 que la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnath a adressé ses conclusions au DPP. Le Premier ministre (PM) précise aussi que c’est le 26 janvier 2022 que le DPP a de son côté ordonné au commissaire de police d’enquêter sur l’affaire et de lui envoyer un rapport. Quand ? Lorsque l’enquête sera bouclée ou continuellement ? Pravind Jugnauth ne le dit pas.

«Heinous crime»

Toujours d’après le PM, 98 personnes ont été interrogées par la police entre octobre 2020 et novembre 2021, et qu’après les instructions reçues du DPP le 26 janvier 2022, 17 autres personnes l’ont été par la MCIT. À partir de là, il ne peut en dire plus car l’enquête est toujours en cours. Avant de faire une longue récitation des lois gouvernant l’enquête judiciaire. Et de commencer à parler de la fuite du document, «présumément» le rapport de l’enquête, fuite ayant causé des débats et commentaires dans la presse et parmi l’opposition. Donc «is a matter of great concern» qui minera certainement «any further investigation into the case», surtout avec le «trial by the press». Voulait-il prévenir que la fuite du rapport pourrait arrêter ou retarder l’enquête ?

Pravind Jugnauth continue en rappelant que le rapport n’est pas un jugement, avant de prendre une autre direction en questionnant son authenticité car non signé et non tamponné. Pourtant, il affirmera un peu plus tard qu’il n’a pas vu le rapport ! Il conclut en déclarant avec tout le sérieux du monde que «we, on this side of the House, are also very keen to see that the perpetrator/s of such heinous crime, whoever they are, are brought to justice and are made to pay for their acts».

17 personnes mais pas l’ex-ministre

Avant de poser sa première question supplémentaire, Xavier-Luc Duval félicite le DPP, la magistrate et les Avengers pour le travail accompli. Ce qui n’est pas au goût du speaker, qui ne le laisse pas finir et lance «put your question». Le leader de l’opposition veut savoir si Yogida Sawmynaden figure parmi les 17 personnes interrogées après la soumission du rap- port de la magistrate. Après avoir fait la remarque qu’il ne serait pas convenable de donner des informations sur une enquête en cours, oubliant les informations qu’il avait lui-même communiquées dans les affaires d’Akil Bissessur et de Sherry Singh, Pravind Jugnauth, bon prince, indique quand même que Yogida Sawmynaden n’a pas été convoqué par la police malgré les instructions du DPP mais l’a été auparavant et en huit occasions.

Xavier Duval se pose la question mais pas au PM pour savoir si c’était pour l’affaire d’emploi fictif et si les interrogatoires étaient faits «under caution». Au PM, le leader de l’opposition demande ce que celui-ci pense des commentaires de la magistrate sur l’incompétence et le cover-up de la police dans cette affaire, après avoir pris le soin d’indiquer que l’authenticité du rapport n’a pas été contestée par le DPP. Mais voilà que Pravind Jugnauth l’interrompt en déclarant que lui, le PM, n’a pas vu le rapport et le prie de le déposer. Le speaker s’empresse d’appuyer sa demande. Xavier Duval ne s’attendait sans doute pas à cet argument et lorsqu’il veut continuer sa question, il se voit confronté à leur insistance : «The report, the report…» Pravind Jugnauth, satisfait de son point of order, arbore son sourire carnassier «hey hey…». Xavier Duval se résigne à passer le rapport mais pour entendre Pravind Jugnauth lui répéter qu’il ne contient ni sceau ni signature. Le speaker décrète que le document n’est pas authentique et menace tous ceux qui le commenteraient.

Policiers impliqués promus

Le leader de l’opposition change de tactique et veut savoir si les policiers pointés du doigt dans le rapport ont été suspendus ou… promus. Le PM ne répond pas directement mais défend la police qui, pour lui, n’a jamais parlé de suicide «sauf un policier». Après l’insistance de XLD pour savoir si l’assistant surintendant de police S. en particulier a été promu surintendant, Pravind Jugnauth dit n’être pas au courant. Et est-ce que le Dr Sunnassee fait toujours des autopsies depuis deux ans ? «Je n’ai pas vu le rapport et la police non plus.» Le PM ne dit pas non plus s’il a parlé du contenu du rapport au commissaire mais semble reconnaître qu’il lui a parlé de l’affaire de fuite. Il demandera même «de quelle affaire parlez-vous ?»

Il reprendra Xavier Duval sur l’allusion que celui-ci a faite au fameux radar du PM. «Et votre fils ?» Piqué au vif, Xavier Duval lui demande :«Voulez-vous que je parle de vos enfants et de votre épouse ?» Réponse du PM : «Mes enfants ne boivent pas et ne font des accidents.» Il ne dira rien sur la proposition du leader de l’opposition de mettre sur pied une commission d’enquête sur les cas de corruption relevés par la magistrate «et du High Level Committee présidé par vous-même qui accordait sa bénédiction sur ces transactions». Et concernant la recommandation de poursuivre Yogida Sawmynaden dans l’affaire de Constituency Clerk ? Pravind Jugnauth : «Je suis au courant d’une enquête en cours.»

«Time is over», s’écrie le speaker pour couper court à ce déluge de questions.