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Présence de l’ex-ministre du Commerce: une atmosphère chargée d’électricité

19 octobre 2022, 11:30

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Présence de l’ex-ministre du Commerce: une atmosphère chargée d’électricité

L’ancien ministre du Commerce s’est pointé à l’Assemblée nationale vers 11 h 20. D’après les bruits de couloir, les députés de la majorité ont eu l’ordre de prendre place avant lui. Ils n’ont probablement pas voulu laisser Yogida Sawmynaden seul face aux membres de l’opposition, qui étaient déjà à leur place. La tension dans l’Hémicycle était palpable, mais les caméras n’ont pas tout retransmis.

À son arrivée, il s’est entretenu avec les ministres Toussaint, Seeruttun et Hurreeram. Cependant, aussitôt que la sirène s’est mise à retenir pour annoncer l’arrivée du speaker, Sooroojdev Phokeer, le député du Mouvement militant mauricien (MMM) Rajesh Bhagwan n’a pas pu se retenir. «To pa mank toupé toi! To vini! Assa… ! Assa… !» Plusieurs membres du gouvernement sont venus au secours de leur collègue. Stephan Toussaint a qualifié les élus de l’opposition de «mal élevés» puisqu’ils sont restés assis quand le speaker a fait son entrée, pour se lever pour l’hymne national.

Dès que le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, s’est mis à parler du rapport de la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnath sur le décès de Soopramanien Kistnen, lors de la Private Notice Question (PNQ), Alan Ganoo s’est penché vers le Premier ministre pour lui murmurer quelques conseils. «Je souhaite soulever un point de droit. Je n’ai pas ce rapport. Est-ce que le leader de l’opposition peut le déposer», a-t-il demandé. Le speaker a demandé à Xavier-Luc Duval s’il était prêt à le faire, malgré l’insistance du leader de l’opposition, faisant comprendre qu’il le déposerait quand il aura fini. Pravind Jugnauth, ne voulant pas répondre aux questions supplémentaires, a insisté pour que le speaker fasse connaître sa décision.

«Vous voulez que je vous le dépose personnellement», a répondu Xavier-Luc Duval, d’un air exaspéré, à Pravind Jugnauth. Finalement, il en a déposé une copie, passée au chef du gouvernement. Celui-ci a alors déclaré, sans surprise, que le document ne comportait pas de sceau, ni de signature. Finalement, le speaker a averti que tous ceux qui feraient référence à ce rapport au Parlement auront à assumer leurs responsabilités.

Radar

Cette attitude du Premier ministre a poussé Xavier-Luc Duval à changer de stratégie. «Il (NdlR, le PM) a tout sur son radar. Avez-vous rencontré le commissaire de police depuis vendredi pour évoquer cette affaire avec lui ?» a-t-il demandé à Pravind Jugnauth, qui n’a pas répondu. Il a plutôt répliqué : «Il est en train de parler de radar. Si vous voulez parler de radar, parlons de votre fils.» Cette réponse, n’ayant aucun lien avec la question posée, a mis Xavier-Luc Duval en colère. «Vous voulez parler de la famille ? D’accord. Vous voulez que je parle de vos filles et de votre épouse ? Dites-le-moi.» Pravind Jugnauth est resté silencieux un bon moment, avant de lui répondre : «Ce n’est pas ma famille qui était saoule.» Le speaker est intervenu pour que les deux élus ne parlent plus «de famille». Xavier Luc Duval a demandé que le Premier ministre retire ses propos, mais il l’a ignoré.

Tout le monde croyait que la tension allait retomber à la fin de la PNQ. Pravind Jugnauth a consacré 16 minutes à sa réponse à une question d’Arvin Boolell, sur l’exploitation de la Zone économique exclusive de Maurice pour trouver de l’hydrocarbure. Aussitôt que le chef du gouvernement a terminé sa réponse, quatre backbenchers du gouvernement, Subhasnee Luchmun Roy, Sandra Mayotte, Salim Abbas Mamode et Joanne Tour, se sont empressés de lever la main pour attirer l’attention de Sooroojdev Phokeer. Ils ont tous eu l’occasion de poser des questions techniques à leur leader, mais aussi surprenant soit-il, à chaque fois, Pravind Jugnauth n’a même pas attendu la moitié de la question pour chercher les réponses, impeccablement rédigées sur des feuilles. Tout laisse croire que c’était une stratégie pour gagner du temps car la question d’après concernait les postes et rémunérations de Dev Beekharry, conseiller du Premier ministre.

Finalement, Rajesh Bhagwan a pu poser cette question mais le speaker a, quand même, grignoté quelques secondes du peu de temps qui restait pour passer une annonce. «J’ai des questions supplémentaires», a protesté Rajesh Bhagwan. D’ailleurs, c’est durant les questions supplémentaires que Sooroojdev Phokeer a expulsé l’élu du MMM et suspendu la séance le temps qu’il sorte. Celui-ci a demandé au Premier ministre s’il a reçu des doléances concernant une soi-disant réunion que Dev Beekharry aurait eu avec des jockeys dans un bungalow. Pravind Jugnauth a répondu que Rajesh Bhagwan vient au Parlement pour faire des accusations et pour jeter de la boue sur des gens. «Si vous avez le courage, allez répéter ces allégations hors du Parlement», a ajouté le Premier ministre. Le député du MMM a alors évoqué l’agent de Jean-Michel Lee Shim, tandis que Pravind Jugnauth a continué à répondre. Sooroojdev Phokeer a de- mandé à Rajesh Bhagwan de ne pas interrompre le Premier ministre, mais a fini par l’expulser. «You are not acting as a speaker but as an MSM agent. Moi, je suis venu ici pour faire mon travail de député», s’est défendu l’élu mauve.

Le Serjeant-at-Arms a tenté de prendre Rajesh Bhagwan par le bras pour le faire sortir de son siège. «Al tir sa boug laba la», a lancé Paul Bérenger. Rajesh Bhagwan a désigné Yogida Sawmynaden au policier :«Al tir sa boug ki pé asizé laba la.» L’ancien ministre du Commerce a déclaré quelque chose à l’adresse du député mauve, mais qui n’a pas été audible de la galerie de la presse. «Mwa, mo pou la prosenn éleksion. To pa pou la twa», a répondu Rajesh Bhagwan. Le Parlement a été ajourné au jeudi 27 octobre, à 15 h 30.