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Bertrand Rivalland: «Le MTC a besoin de sang neuf»

19 octobre 2022, 19:30

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Bertrand Rivalland: «Le MTC a besoin de sang neuf»

Il a été choisi par le club pour siéger sur le «board» des administrateurs pendant six mois. Une décision sera prise à terme pour renouveler ou céder sa place. À la tête du département financier d’une des plus grosses sociétés de l’île, Bertrand Rivalland, membre du Mauritius Turf Club (MTC) depuis 28 ans, se dit prêt − en marge du renouvellement du conseil d’administration du club prévu vendredi − à relever le défi. Ce, alors que le club est au plus mal de toute son histoire. Il nous parle, entre autres, de ses projets pour le MTC et de sa subsidiaire, la MTC Sports and Leisure Ltd (MTCSL) ; de la collaboration avec l’État ; des décisions du passé par les anciens du MTC ; de la suite après la vente de Floréal et de la concurrence.

Rejoindre le club dans un moment aussi compliqué est quand même très courageux. Pensez-vous avoir les épaules suffisamment larges pour sortir le MTC et la MTCSL de l’ornière ? 
C’est dans les moments difficiles qu’on reconnaît ses meilleurs amis. J’ai été approché par plusieurs officiels et membres du tandem MTC-MTCSL. Remettre le club sur les rails demande aussi une certaine formation professionnelle. Je pense pouvoir aider. Je sais que ce sera dur. Les moments difficiles viendront, si ce n’est pas déjà le cas. Puis, on est tous d’accord que le MTC a besoin de sang neuf. 

Pensez-vous pouvoir faire autant pour le club en six mois seulement ? 
Soyons sérieux ! Si chaque membre pouvait donner six mois au club, on serait loin. En six mois, plusieurs choses peuvent être faites. Plusieurs autres membres vont aider. Je serai là avec Philippe Hardy pour six mois. On verra s’il faudra continuer au moment voulu. S’il y a un vrai projet, je serai peut-être là. 

Aviez-vous déjà eu un aperçu des comptes de la MTCSL ? 
Oui ! Je connais les comptes. J’ai surtout été à la dernière assemblée générale où ils ont demandé aux membres de vendre Floréal. Il y a eu le Covid-19. Les tracasseries avec l’État. Puis, avec l’avènement de la concurrence en People’s Turf PLC Ltd (PTP). Plusieurs facteurs externes ont contribué à cette situation dans laquelle le MTC et la MTCSL se trouvent actuellement. Les comptes sont dans le rouge grenat. Il va falloir qu’on s’asseye tous ensemble au club pour définir les priorités. 

Êtes-vous d’accord que, malgré toute la bonne volonté éventuelle du MTC, rien ne changera sans une collaboration plus étroite avec l’État ? 
L’État est un partenaire important. Mais, c’est vrai aussi que l’État est une partie de l’écosystème hippique. Le MTC est, ou plutôt était, le centre de cet écosystème. Je pense qu’il faut analyser la situation. Se remettre en question. Le MTC a trois livres devant lui. 210 ans d’histoire que personne ne pourra effacer. Ensuite, il y a le livre de la situation actuelle. Les finances actuelles notamment. Il faut conclure sur ce livre. Pour ce faire, il faut un dialogue honnête avec les autorités. Ensuite, il y a le troisième livre. Un livre encore blanc. C’est à nous tous dorénavant de définir ce livre. Je pense qu’on s’est attelé à davantage se pencher sur les deux premiers livres, durant les deux ou trois dernières années, que de penser à écrire le nouveau. Pour le reste, l’État a le devoir d’être juste. Et que chacun trouve sa place. Le MTC doit continuer à être dans cet écosystème. 

Certains pensent que l’État fait tout son possible pour avantager la concurrence au détriment du MTC. Partagezvous cette opinion ? 
Nous savons ce que nous savons. Nous ne savons pas ce que nous ne savons pas. L’État doit reconnaître les compétences du MTC. Ce serait dommage d’effacer 210 ans d’histoire d’un trait de plume. Que la compétition soit juste et non tronquée va forcément être bénéfique à tout le monde. 

PTP aura son Tote en à peine un an d’existence. Ce qui contraste avec la décision du MTC, notamment lors de la dernière assemblée générale élective (AGE) en 2021, où Giraud et Doger de Spéville n’avaient pas jugé bon d’aller de l’avant avec la demande de leur propre Tote. Les choses vont-elles changer ? 
Je ne suis pas dans les détails à propos d’un Tote au MTC. Mais il est vrai que le nerf de la guerre sera les finances. Les partenaires et les stakeholders doivent tous travailler ensemble en faveur d’une décision pour le bien du MTC. 

Est-ce un message aux Totes existants d’ouvrir leur actionnariat au MTC ou autre chose ? 
Non, pas spécifiquement ! Je parle de tous les stakeholders et les partenaires. Comment y arriver ? Il faudra que tous donnent du leur. Et, par rapport au Tote, je ne suis pas qualifié pour dire quoi que ce soit, car il n’y a aucune donnée ou business plan à l’heure actuelle. Mais vous avez raison de dire qu’il faut que le MTC fasse plus d’argent. 

On va discuter de la révocation en tant que membres du MTC de l’ancien président Taposeea et de Leblanc. N’y a-til pas plus urgent en ce moment ? 
Je crois qu’on a tous notre opinion. La requête a été faite par les membres. Une procédure sera nécessaire. Un comité va entendre le cas après la décision des membres vendredi lors de l’AGE. L’ancien président du MTC, Jeenarain Soobagrah, va présider ce comité. Maintenant, si c’est une urgence ? Pour certains je le pense… 

Un commentaire sur la démission de Jean-Michel Lee Shim… 
(Il prend son temps). C’est son choix. Je ne le connais pas. On ne s’est jamais parlé. Si ça permet d’éliminer un éventuel conflit d’intérêts, alors oui. 

La carte du MTC n’attire pas beaucoup de partants. La MTCSL a du mal à offrir des courses attractives, eu égard au boycott présumé de certaines écuries… 
Je trouve dommage que certains entraîneurs et propriétaires aient les mains liées. Ce n’est pas au MTC de les détacher mais je fais appel à leur bon sens. Ils ont été au MTC pendant des années. Où est leur fidélité ? En tant que membre du MTC, je trouve bien décevant que certains préfèrent ne plus y être. C’est triste ! 

Vous êtes à la tête du département financier d’une des plus grosses sociétés de l’île. Vous n’êtes pas n’importe qui. Dites-nous quoi faire après la vente de Floréal ? 
On rembourse les dettes. C’est la première chose. Je pense que le MTC doit revoir sa copie avec seulement 20 journées de courses. Il va falloir revoir nos ambitions à la baisse. Un contrôle des coûts est primordial. La situation a été très bien analysée par Philippe Hardy lors de la dernière AGE. Nous y reviendrons en temps et lieu ! 

Pensez-vous que le MTC n’a pas pris les bonnes décisions au bon moment dans le passé ? Car, qu’on le veuille ou non, la concurrence a mis les moyens pour assurer la pérennisation de son produit hippique… 
Je ne peux pas répondre pour les autres. Il faut aussi dire qu’il y a eu pas mal de facteurs externes qui ont contribué à la situation actuelle. C’est, donc, difficile de juger. Oui ! Certaines décisions auraient dû être prises. Le plus important est d’apprendre de nos erreurs. Sortir plus grand de l’adversité. 

Assister aux courses dans la plaine n’est pas de tout repos. Entre la poussière qui perfore vos poumons, une visibilité quasiment nulle, sauf si on se braque et on se casse la nuque pour tout suivre sur l’écran géant, en face de la ligne droite et des sanitaires peu hygiéniques, pas grandchose a été fait par le MTC pour accueillir dignement les gens de l’autre côté des loges… 
J’ai souvent été dans la plaine avec mes parents lorsque j’étais enfant. Mon endroit préféré pour regarder les courses est le dernier tournant. Bon… C’est vrai que les infrastructures, même si je n’ai pas été dans la plaine depuis très longtemps, doivent être vétustes. Cela dit, je crois savoir que la gérance des infrastructures de la plaine est sous la responsabilité de la Côte-d’Or International Racecourse and Entertainment Complex Ltd (COIREC). 

Je vous arrête ! La COIREC n’a pas 210 ans d’histoire au Champ-de-Mars… 
Je suis d’accord mais n’empêche que les infrastructures sont désormais sous la COIREC. Mais vous avez raison dans le fond. C’est un élément important que les turfistes puissent se sentir bien lorsqu’ils viennent aux courses. On ne demande pas un cinq-étoiles mais que les gens aient des infrastructures agréables. Je vous l’accorde !
 

 


Bio Express 

<p>Bertrand Rivalland est expert-comptable de formation depuis 30 ans. Il est membre du MTC depuis 28 ans. Bénévole, ancien président et trésorier au sein du Club hippique de Maurice. Jamais propriétaire ni membre d&rsquo;écurie. A possédé plusieurs chevaux à la retraite et se trouve être l&rsquo;heureux propriétaire du plus vieux cheval actuellement dans l&rsquo;île.</p>

 

 

 

Assemblée générale élective: six places à pourvoir, quatre membres commis d’office 

<p>La grande assemblée des membres du MTC, en vue de renouveler le conseil d&rsquo;administration de leur club, aura lieu ce vendredi 21 octobre. Des six postes à pourvoir, quatre membres seront élus d&rsquo;office. Ils sont Philippe Hardy et Bertrand Rivalland (jusqu&rsquo;à l&rsquo;assemblée générale de 2023) ; et Mᵉ Gavin Glover, SC, et M. Pursooramrye Kalleechurn (jusqu&rsquo;à l&rsquo;assemblée de 2024). Les deux postes restants seront attribués soit à Jean-Luc Fayolle, fils de l&rsquo;ancien président du club, Jean-Noël Fayolle, Santosh Kumar Gujadhur, Nathalie Henry (soeur de l&rsquo;ancien entraîneur Jean-Michel Henry et fille de feu Serge Henry) et Sam Heeramun. Leur mandat, en cas de victoire, durera trois ans (de 2022 à 2025).</p>