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Interview | Khoumada Sawmynaden: «J’aurais aimé pouvoir ‘met lamé dan difé pou Yogida’, mais…»

23 octobre 2022, 15:00

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Interview | Khoumada Sawmynaden: «J’aurais aimé pouvoir ‘met lamé dan difé pou Yogida’, mais…»

S’il ne s’était pas mis à parler, en octobre 2020, de ce qu’il savait, la mort de Soopramanien Kistnen aurait sans doute été classée comme «suicide». Deux ans – et une enquête judiciaire – après l’assassinat de l’ex-agent du MSM le plus tristement célèbre, le frère du ministre Yogida Sawmynaden parle à nouveau. Au-delà d’avoir été un des derniers à avoir échangé avec la victime avant sa disparition, il est aussi celui à qui la police a tenté de faire porter le chapeau. Dans cet entretien, le frère du député Yogida Sawmynaden revient sur la genèse de l’affaire, ses propres relations avec Kistnen, mais aussi celles avec son frère. Croit-il vraiment Yogida capable de l’impensable ? Comment la famille Sawmynaden vit-elle tout cela ?

Comment avez-vous connu Kistnen?
Je l’ai connu en 2005 pendant la campagne électorale. Le MSM était en alliance avec le MMM, que je soutenais et aidais dans la circonscription no 8. Beaucoup ne savent pas que Kistnen était un agent du MMM avant qu’il ne passe au MSM pour l’élection partielle de 2009 au no8 qui allait être le salut de Pravind Jugnauth.

Quelle ironie !
(Il sourit timidement). Oui. C’est triste. Donc, depuis 2005, nou inn gard enn lamitie. Il était, comme moi, entrepreneur en bâtiment. Nous avons de temps en temps collaboré.

Vous saviez que Yogida et Kistnen se connaissaient ?
Oui bien sûr. Yogida était aussi auparavant membre du MMM. Kistnen était un membre du comité régional du no 8. Donc ils se connaissaient.

À cette époque, Yogida et vous étiez déjà en mauvais termes ?
Écoutez, je n’ai jamais eu de problème avec Yogida. Il y a eu un éloignement.

Comme ça ? Sans qu’il n’y ait eu un événement quelconque ?
Vous souhaitez vraiment avoir les détails ?

Ce n’est pas du voyeurisme. Cela permettrait à nos lecteurs qui n’ont pas forcément suivi votre déposition dans l’enquête judiciaire à établir si votre rôle n’émane pas justement d’une guerre fratricide.
Je n’aimerais pas en faire étalage. Je ne suis pas dans une campagne zet labou sur Yogida.

Vous avez tout raconté devant la magistrate. N’oubliez pas qu’une des stratégies du cover-up, c’était – ou c’est – de vous faire porter le chapeau. Il serait donc dans votre intérêt de tout dire.
Yogida était très proche de notre papa. À un moment, il a demandé à ce dernier de contracter un gros overdraft; ils ont acheté des terres qu’ils ont enregistrées au nom de Yogida ; et un beau jour, Yogida l’a tout bonnement abandonné avec ses dettes. Notre papa en est tombé malade. Je me suis rapproché de notre papa avec qui il s’était donc mis en mauvais termes; donc Yogida s’est éloigné de moi. Un terrain en particulier a corsé l’affaire – un terrain à bail à La Brasserie – que mon père avait acheté. Il l’avait inscrit au nom de Yogida, mais c’est moi qui l’utilisais. J’y ai investi et aménagé des infrastructures équestres. Quand mon père lui a dit de transférer le terrain à mon nom, il n’a jamais voulu le faire. Ça a contribué à son éloignement de la famille.

Et aujourd’hui ?
Mon père n’est plus. Quelques mois avant sa mort, quand il était en phase terminale de sa maladie, Yogida qui ne nous fréquentait plus est réapparu. Nos parents vivaient chez moi à Albion. Ma mère vit désormais dans une maison appartenant à Yogida à Ebène. Elle y vit juste, dit-elle, parce que Yogida n’est pas en train d’assumer ses responsabilités vis-à-vis d’elle. Mon père s’appelait Sam. Sam Building à la rue mère Barthélémy à PortLouis (NdlR : bâtiment qui abritait le siège social des compagnies de Kistnen), est un bien immobilier que ma mère a inscrit au nom de Yogida. Le deal était, qu’en retour, elle serait à la charge financière de ce dernier. Mais depuis l’affaire Kistnen, Yogida ne va plus la voir, ne lui apporte rien. Donc, elle s’est installée à Ebène. Voilà, c’est navrant qu’on en soit arrivé au point où les affaires de la famille doivent être étalées en public. Vous avez cherché à tout savoir, vous savez tout à présent.

‘C’est navrant qu’on en soit arrivé au point où les affaires de la famille doivent être étalées en public.’

Revenons à Kistnen. Il vous devait de l’argent et vous étiez après lui au point où vous échangiez des textos le jour de sa disparition. Comment en êtes-vous arrivé là ?
En décembre 2018, j’étais en difficulté financière. Je n’arrivais pas à payer un camionneur. En parcourant le répertoire de mon téléphone, je vois le nom de Kaya (NdlR : le nom sous lequel Kistnen est connu de tous). Je ne lui avais pas parlé depuis longtemps. Je lui ai exposé mon problème et je lui ai demandé Rs 10 000 en emprunt. Il a refusé de me les prêter et insisté pour me les offrir.

Qu’est-ce qui vous permettait de croire que Kaya aurait pu vous prêter cet argent ?
Il était arrivé plusieurs fois dans le passé que Kaya inn bizin enn kamion rocksand, enn kamion makadam, parce qu’il était occupé ailleurs ou n’avait pas de liquidité ; je l’ai aidé. Entre entrepreneurs-collaborateurs dans la construction, ça se passe souvent comme ça. On s’entraide avec du ciment, de la peinture, etc. Et puis, en 2005, il lui manquait Rs 60 000 pour empêcher que son terrain ne soit saisi, je les lui ai données. À l’époque, j’avais les moyens. Donc ce geste de Kistnen en 2018 m’a marqué et j’ai eu encore plus de respect et d’amitié pour lui. Quelque temps plus tard…

Attendez. L’image que certains ont de Kistnen est qu’il était un pauvre et piètre contracteur qui n’avait rien. «Enn touni». Ce n’est pas exact ?
Ah non. C’était un entrepreneur fiable. Il pouvait mobiliser une workforce d’ouvriers sérieux capables de livrer une construction dans les normes et les temps. Mazinn ou, li ti pé fer travay pou Yogida. Mais comme tout entrepreneur, il souffrait de temps en temps d’un manque critique de cash-flow. Mais Kaya ti ni enn gopia, ni enn touni.

Comment donc à partir de là, il se retrouve endetté envers vous jusqu’à sa mort ?
En mars 2019, j’obtiens le contrat pour la construction du mur d’une ONG dans un village de l’Ouest. Je pense à lui comme sous-contracteur. Bref, on tombe d’accord et il me demande de lui payer la totalité de la somme agréée, soit Rs 300 000, avant même qu’il ne commence le travail. Je refuse en invoquant le fait qu’il connaît les règles ; comme il insiste, je les lui donne parce qu’il était trustworthy. Avant qu’il ne commence à s’embourber dans la corruption politique, je connaissais Kistnen comme quelqu’un de trustworthy. Je ne savais pas qu’il avait changé. Dans le cas du mur à Bambous, il m’appelle pour me dire qu’il ne pourra pas honorer son engagement bien qu’il avait déjà encaissé les Rs 300 000. Il me demande de maintenir ses travailleurs sur le site et de les payer moi-même. Honnêtement, j’ai accepté. Kaya m’avait dit qu’il allait me rembourser plus tard.

Donc vous avez commencé à le pourchasser ?
Pas tout de suite. C’était Kaya. Nous avions des relations privilégiées et nous avons même travaillé ensemble sur d’autres chantiers par la suite. Mais en 2020 avec la crise du Covid, je me suis moi-même retrouvé en difficulté financière. Pas de chantiers et des travailleurs à payer, j’étais à court d’argent ; donc en juin 2020, je lui dis qu’il faut qu’il me rembourse.

Là il me dit qu’il a un «good deal» avec Yogida. Il comptabilise tout ce qu’il me devait pour les collaborations précédentes et s’engage à tout me rembourser.

‘Même si la police veut encore s’acharner sur moi pour protéger le vrai coupable, je ne paniquerai pas.’

Vous ne l’interrogez pas sur ce «good deal» ?
Je l’ai fait quelques semaines plus tard, mais attendez. Ce n’était pas étonnant parce que je sais qu’il effectuait les travaux privés de Yogida. Lui aussi, souvenez-vous, était entrepreneur en construction. Yogida lui refilait ses clients, ce qui est normal. En juin 2020, Kaya me remet deux chèques de Rs 200 000. Après deux jours, je vais toucher un seul des chèques et celui-ci bounce. Je l’appelle. Il s’excuse et s’engage encore une fois à me rembourser en me rassurant. Puis en juillet, Kaya est admis à l’hôpital pour une opération. Juste après, il me rappelle pour réitérer son engagement. Il m’informe que Yogida est même venu le voir à l’hôpital. Vers début septembre, Kaya me donne Rs 20 000. Mi-septembre, il me rembourse Rs 30 000. Il me remet Rs 50 000 et me dit: «Regarde, le garde du corps de Yogida m’a donné Rs 50 000.» Mais il me demande s’il peut garder Rs 30 000 ek donn mwa Rs 20 000 touzour. Que voulez-vous que je lui dise ? J’ai gardé Rs 30 000 et je lui ai remis Rs 20 000.

C’était où?
À la station-service Shell à Ebène. Tout est documenté dans les messages de mon portable. Ce jourlà, il me dit: «Lindi san fot to pou gagn ladiférans.» J’attends jusqu’à octobre, mais ne voyant rien venir, je vais le voir chez lui. Il n’était pas là et son épouse m’a accueilli. On a discuté mais je n’ai pas mentionné la dette. Quand Kaya ne me rappelle pas, après quelques jours, je retourne voir Simla Kistnen, et c’est là que je lui parle des chèques. Je lui dis que j’ai un chèque de Rs 200 000 et que j’irais à la police. Je suis effectivement allé à la police de Moka. Les policiers sont allés le voir, mais il n’était pas là.

Après cet incident, Kaya me rappelle pour me demander de ne pas porter formellement plainte.

Je le rencontre le lendemain à Moka. Il insiste qu’il va obtenir de l’argent de Yogida. Je lui demande: «Bé pou ki rézon Yogida pou donn twa kas? Aret anbet mwa. Si to pa pou kapav randé dir mwa fran.» C’est alors qu’il déballe tout, dont l’affaire Neeteeselect où il avait, à la demande de Yogida, soumis une offre exorbitante de Rs 39 le mètre carré; un bid perdu d’avance pour que Neeteeselect, dont l’offre se situerait juste en-dessous de la sienne, obtienne le contrat de nettoyage des entrepôts de la STC. Il m’explique le système de losing bid. Il me raconte que durant le confinement, il a rencontré, entre autres, Appana (le beau-frère du directeur de la STC), et Yogida lui-même à Quatre-Bornes pour mettre en place ce système. Mon avocat Roshi Bhadain l’a archi-expliqué. Kistnen a joué un rôle majeur dans ces magouilles. Sé pa enn ti kas ki li ti pé atann. Nou pé koz boukou milion-là.

«J'étais fier de lui quand il est devenu ministre. Aujourd'hui la situation est honteuse.»

C’était la première fois que vous étiez exposé aux magouilles de votre frère. Ça vous a choqué?
Je ne sais pas. Je m’étais bien rendu compte que cette combine était du vol. J’ai déposé bien avant les autres témoins dans l’enquête judiciaire. Vous verrez que dans son rapport la magistrate dit que j’ai «very accurately described» le système mis en place et que les chiffres que j’ai donnés de mémoire de ma conversation avec Kistnen à Moka ont été corroborés bien plus tard dans la documentation que la STC a produite devant elle.

Revenons à fin septembre/ début octobre 2020.
On est toujours dans le même cycle. Je cours après mon remboursement et lui après Yogida. Là, coup de théâtre, Kaya m’informe qu’il en a lui-même marre et qu’il a demandé et obtenu une rencontre avec le Premier ministre le 1er octobre. (NdlR : nous sommes à deux semaines de la disparition de Kistnen). Or ce jour-là, il m’appelle vers 13 h 30, me demande de lui ramener le chèque de Rs 200 000 et qu’il me règlerait la totalité. On se rencontre à Helvetia. Un fourgon blanc vient se garer derrière ma voiture. Dans le rétroviseur je vois Kistnen sur le siège passager à côté du chauffeur et une autre personne sur la banquette arrière. Kistnen descend, me demande le chèque et va le montrer à l’homme sur la banquette arrière. L’homme lui donne une enveloppe qui contient les Rs 200 000 et qu’il me remet. Je lui dis: «Mo trouv Yogida inn gagn enn lot lamé drwat. Twa ki abitié so lamé drwat.» Il ne réagit pas et me dit juste de l’attendre et qu’il revient. Effectivement il revient, cette fois sans la personne sur la banquette arrière, et il me demande Rs 10 000.

Des Rs 200 000 ?
Oui. Il me dit qu’il doit payer les leçons de son enfant et tout. Je lui donne l’argent.

Vous pensez qu’il a obtenu ces Rs 200 000 par sa menace de rencontrer le Premier ministre?
C’était l’argument de mon avocat Roshi Bhadain en cour. Dans l’enquête judiciaire, on a compris qu’à trois reprises Kistnen a obtenu de l’argent. En juin, il a obtenu Rs 200 000 de Bonomally à La Louise en présence d’Appana. La deuxième fois, le 1er octobre, Rs 200 000 sans doute par la menace de tout déballer au Premier ministre. Et troisièmement, Yogida lui-même a avoué au tribunal s’être arrêté à la station-service d’Engen de Bagatelle pour remettre Rs 50 000 à Kistnen.

Quand je remets le puzzle en place à la lumière de l’enquête judiciaire, ces Rs 450 000 étaient des miettes. Des e-mails ont démontré que Kistnen voulait proposer des Covid test kits au gouvernement. Il était question de millions de dollars. Yogida lui a répondu par email pour lui demander des spécifications. Kaya voyait que toute la bande touchait d’énormes sommes d’argent avec des contrats publics en dizaines de millions, mais pas lui. À un moment, il est devenu impatient. Mes échanges avec lui démontrent clairement que parfois, il était confiant d’obtenir «ses» millions et que parfois, il doutait et était d’humeur dénonciatrice. Vous verrez que dans l’enquête judiciaire, d’autres personnes à qui Kistnen s’est confié ont corroboré ce que je suis en train de vous dire.

Nous approchons la mi-octobre, soit la disparition de Kaya dans votre chronologie.
Le 14 octobre, le jour de l’anniversaire de son fils, Kaya me dit que Yogida lui a dit qu’Appana et Bonomally le rencontreraient le lendemain et qu’ils ont déjà «sort out» ses paiements et qu’ils rembourseraient toutes ses dettes. Il m’appelle le 15, la veille de sa disparition. Il me raconte qu’il n’a pas rencontré le duo Appana-Bonomally mais qu’ils lui ont envoyé un dénommé Ravi. Il me dit «deal-là mari bon» et m’explique qu’ils vont lui donner de grosses sommes toutes les semaines, mais qu’il devra soumettre de fausses factures à la compagnie de Bonomally-Appana. Ce serait Rs 100 000, 200 000 ou Rs 300 000 mais le total serait de Rs 3 à 4 millions. Nishay Boodooa, le neveu de Kistnen qui semblait aussi avoir la même version de Kistnen, a avancé le chiffre de Rs 15 millions au tribunal. Le premier paiement serait le lendemain, et il me rembourserait tout ce qu’il me devait. Ce jour-là, il me paraissait heureux, satisfait et confiant de voir la lumière au bout du tunnel.

Et le 16 octobre, le jour même de sa disparition?
Évidemment, on s’est parlé ce jour-là. Vous savez, on se parlait quasiment tous les jours tôt le matin, vers 6 heures, voire 5 h 30. Il m’a dit : «To koné, pou gayn kas-la vit zordi la. Avan midi mem mo pou fini donn twa.» À la mi-journée, je lui envoie un message pour lui dire, «To koné, to pa pou gagn narien ar zot sa. Saki to bizin fer, to bizin al fer enn dénonsiasion lICAC. Il me répond, «Lerla mo bann det? Mo pena le choix. Mo bizin sou**é.»

À ce moment précis, je ne sais pas où il se trouve physiquement. On communiquait par SMS et appels téléphoniques. Lors de mon ultime appel, j’ai essayé de le convaincre en lui disant que s’il dénonçait, il serait protégé. Même ses créanciers le laisseraient en paix. Par la suite dans l’enquête judiciaire, j’ai compris qu’il était dans les environs de Rose-Hill en direction de Quatre-Bornes à l’heure où l’on se parlait. Le reste de l’histoire, vous le connaissez. C’est son cadavre qu’on allait découvrir.

Que s’est-il passé au poste de police de Quartier-Militaire?
La CID m’a appelé pour que je donne une déposition dans le sillage de la mort de Kistnen. J’avais parlé à Roshi Bhadain avant d’y aller. Vous savez, cette histoire était tellement énorme que même lui était assez dubitatif. Il m’a dit d’aller donner ma déposition et que sa présence n’était pas requise. Quand j’ai commencé à tout raconter au sergent Rostom – tel que je viens de le faire avec vous, je lui ai montré mes messages échangés avec Kaya, le rôle de Yogida – on a changé de salle ; il m’a conduit dans le mess room et il a tout rédigé sur une feuille blanche et non sur un statement pad. Il m’a dit qu’il ne prendrait pas ma déposition car ça prendrait trop de temps. Je l’ai informé que la prochaine fois je viendrai avec mon avocat, Roshi Bhadain. Je suis allé tout raconter à ce dernier; et c’est votre collègue Narain Jasodanand qui a fait le tout premier article sur Kistnen en se basant sur mon récit des événements. C’était l’éclatement de toute l’affaire Kistnen.

Quand la thèse de suicide s’est évaporée à la lumière des révélations de la presse, on vous a considéré comme suspect parce que Kistnen vous devait de l’argent. Vous ressentez toujours cette épée de Damoclès ?
Honnêtement ? Pas du tout. Je n’ai jamais paniqué et je ne paniquerai pas même si la police veut renchérir et s’acharner sur moi pour couvrir le vrai coupable. Je suis celui qui a fait éclater l’affaire. Tout est tellement clair pour moi, et je pense pour la population. Les 16, 17 et 18 octobre je ne suis pas allé plus loin que Beau-Bassin et Pointe-aux-Sables. (NdlR: il vit à Albion). Je n’ai aucune raison de m’inquiéter.

Et pour Yogida? «Ou ti pou met lamé dans difé pou ou frer?»
Vous pensez que je peux faire ça? Après tout ce que Kistnen m’a dit avant sa disparition ? Après ce qu’on a vu et entendu lors des audiences de l’enquête judiciaire ? J’aurais aimé pouvoir met lamé dan difé pour Yogida, mais je ne peux pas.

C’est votre frère !
Oui et c’est une situation bouleversante, honteuse même. Même si je n’étais pas proche de Yogida, j’étais quand même fier de lui parce qu’il était devenu ministre. Je suis attristé par les évidences et la tournure des événements. J’aurais été fier si Yogida était un ministre en train de perform. On est loin de ça.

Et votre mère ?
Je n’ai pas abordé la publication du rapport avec elle. Je suis sûr qu’elle sait. Vous savez, au bout du compte Yogida reste son fils. Yogida, à la fin, c’est mon frère. Que voulez-vous qu’on y fasse ? On ose espérer que Yogida malgré tout ce qu’on a entendu et vu n’a rien à voir avec ça. Ce n’est pas à moi de le condamner. Que justice soit faite…