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Assassinat de Soopramanien Kistnen: Absence de structure pour enquêter sur la police

23 octobre 2022, 18:00

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Assassinat de Soopramanien Kistnen: Absence de structure pour enquêter sur la police

Le cercle vicieux des enquêtes de la police est encore une fois mis en lumière. Mardi dernier, lors de la Private Notice Question, Xavier Duval a questionné Pravind Jugnauth sur le sort des policiers qui étaient impliqués dans la première enquête sur l’assassinat de Soopramanien Kistnen. La question a été esquivée, mais le problème, lui, reste bien entier.

La magistrate Vidya Mungroo-Jugurnath a fustigé la police dans son rapport, estimant que le niveau de leur travail dans la première enquête qui avait conclu à la thèse de suicide a marqué un «new level of incompetence». Le rapport a été soumis auDirecteur des poursuites publiques (DPP), qui a par la suite renvoyé le document à… la police en janvier en ordonnant une enquête approfondie. Mais depuis, il ne s’est pas passé grand-chose.

À l’Assemblée nationale, Pravind Jugnauth a concédé que Yogida Sawmynaden, au centre de la nébuleuse dénoncée par le rapport, n’était pas parmi les 17 personnes interrogées par la police depuis le début de l’année. L’enquête avait même été confiée à la même équipe de la Major Crime Investigation Team qui avait mené la première enquête descendue en flammes par la magistrate, et qu’elle était menée dans une direction opposée aux ordres du DPP.

Ce n’est qu’après la fuite du rapport que l’enquête, du moins celle dans l’emploi fictif de Simla Kistnen comme Constituency Clerk, a été confiée à une autre équipe. Il y a quelque temps, lors de la révélation d’actes de torture par la police, le même problème s’était posé. Certains avaient été arrêtés, d’autres transférés, mais si les choses avancent pas à pas de l’Independent Police Complaints Commission, l’enquête au niveau de la police semble prendre son temps. Le seul développement de taille est survenu cette semaine, avec la retraite forcée de l’assistant surintendant de police Roshan Kokil, qui avait la clé USB avec les vidéos en sa possession bien avant leur diffusion.

Le problème à Maurice, estime Rajen Narsinghen, est qu’il n’y a pas une police des polices, comme cela existe ailleurs. Pour en revenir à l’affaire Kistnen, il estime que la première chose à faire était de retirer la responsabilité de cette enquête à l’équipe fustigée dans le rapport et de la confier à une autre unité. «Voire une unité temporaire, composée de policiers triés sur le volet, pour mener affaire.» La police, indique-t-il, a bafoué les conclusions de la magistrate et les ordres du DPP. «Le problème est que le commissaire de police, qui aurait dû être indépendant, est impuissant. Ce qui est contraire à la démocratie. Il avait le pouvoir de confier cette enquête à qui il voulait», relève-t-il. Cependant, il précise encore une fois que le DPP a le pouvoir de rappeler la police à l’ordre.

Narendranath Gopee fustige la «vilaine prise de position» de Maneesh Gobin

Le président de la Federation of Civil Service and Other Unions n’y est pas allé par quatre chemins. Après les conférences de presse et le communiqué de Maneesh Gobin, Narendranath Gopee a tenu à dénoncer la «vilaine prise de position» de l’Attorney General. Maneesh Gobin n’a fait qu’enfoncer le dernier clou dans le cercueil de la démocratie, a déclaré Narendranath Gopee. «Il a insulté deux institutions, le bureau du Directeur des poursuites publiques et la magistrature. Il aurait dû savoir quand porter son chapeau d’Attorney General et quand porter celui de politicien. Il ne peut pas faire des déclarations ‘kes savon’ en tant que conseiller légal du gouvernement», a-t-il fustigé. Dans la foulée, il précise qu’en tant que politicien, Maneesh Gobin a le droit de défendre son parti, mais il faut qu’il sache quand et comment le faire.

Il rappelle que le DPP et la magistrate sont deux fonctionnaires qui ont fait leur travail correctement, d’où sa prise de position. Le syndicaliste a ainsi condamné les insinuations faites à l’encontre du DPP. «Quant aux menaces, il ne faut pas oublier les tentatives de le faire arrêter ou encore, la Prosecution Commission.» Narendranath Gopee affirme aussi que la politique s’est infiltrée dans toutes les institutions publiques et paraétatiques, et que s’attaquer au judiciaire constitue un dangereux précédent. «Puis, le rapport a été payé par des fonds publics, donc la population a le droit de savoir. Ce rapport n’appartient pas à Maneesh Gobin.»