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Transplantation de rein - Neeraj Ramlogun: «Linn pran mo leker ek monn donn li mo lerin»
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Transplantation de rein - Neeraj Ramlogun: «Linn pran mo leker ek monn donn li mo lerin»
Les trois premières transplantations rénales après plus de cinq ans ont eu lieu durant la semaine écoulée à l’hôpital Victoria. Alors qu’elle s’en remet, une des patientes a accepté de relater cette expérience qui vient de changer sa vie...
Il est un peu plus de 10 heures à l’hôpital Victoria à Candos. Alors que beaucoup profitent déjà du week-end, dans une salle du nouveau bâtiment de cet hôpital plusieurs médecins et infirmiers en combinaison ne cessent de faire le va-et-vient pour s’assurer que les trois patients qui ont reçu une greffe de rein se portent bien.
Allongée sur son lit d’hôpital, Prishni Ramlogun arbore un grand sourire en nous voyant arriver à travers la vitre de sa chambre très hygiénique pour éviter des infections. En la voyant, on ne croirait pas que cette femme toute souriante vient de subir une très grosse opération de plus de trois heures, il y a seulement trois jours.
Eh oui, Prishni Ramlogun, 34 ans, est la première après des années, à avoir reçu un rein sain sur le sol mauricien, le mercredi 19 octobre. Cette transplantation, elle la qualifie de «début d’une seconde vie». Dont elle ne peut cesser d’être reconnaissante.
Refus au départ de la dialyse
En effet, Prishni a appris qu’elle avait des problèmes rénaux à l’âge de 31 ans alors qu’elle portait son premier enfant, aujourd’hui âgée de trois ans. «J’étais enceinte de quatre mois et j’étais un peu anémiée. Donc ils ont décidé de me faire passer plusieurs tests. C’est là qu’ils ont découvert que j’avais un problème rénal. Ils m’ont expliqué que ce problème devait exister avant ma grossesse sans que je ne le sache. Cela m’a profondément choquée car je n’avais pas de diabète ni de tension artérielle, etc.»
Malgré cette découverte qui a bouleversé sa vie, elle arrive à mettre au monde son bébé en parfaite santé. «Après que j’ai eu mon enfant, les médecins m’ont informé que je devais faire de la dialyse.» Une nouvelle qu’elle ne prend pas très bien. Cette habitante de L’Escalier avoue que pendant deux ans, après la découverte de sa maladie, elle a refusé la dialyse par peur mais elle a fini par accepter. «J’ai compris que je n’avais pas d’autre choix si je voulais rester en vie. Mes deux reins ne fonctionnaient pas bien. Les médecins m’ont dit cependant qu’il était possible pour moi de recevoir une greffe.»
‘Il m’a dit qu’avant même de me stresser à chercher qui que ce soit il serait le premier à passer les tests.’
On l’informe qu’elle peut entamer les démarches pour se rendre en Inde. L’opération aurait coûté environ Rs 1,3 million. Le ministère de la Santé aurait payé une partie mais elle devrait trouver le reste. «On avait donc décidé d’attendre une ou deux années pour ramasser l’argent nécessaire.»
Prishni indique, toutefois que quand ses médecins lui ont expliqué tout cela, ils lui ont aussi fait comprendre qu’elle devait chercher un donneur. «Kan zot inn dir mwa sa, monn abriti. Zame mo ti pou pense enn zour mo ti pou bizin ale demann enn dimounn enn zafer koumsa. Zanr “to pou kapav donn mwa enn lerin stp” li pa ti fasil pou pans sa», ajoute-t-elle en riant.
Mais avant même qu’elle n’ait à aller demander à qui ce soit, son époux Neeraj se porte volontaire sans aucune hésitation. «Il m’a dit qu’avant même de stresser à chercher qui que ce soit il serait le premier à passer les tests. Comme nous avons le même groupe sanguin, il était certain qu’il pourrait être mon donneur. Et c’était bel et bien le cas.»
Si Prishni pensait que son époux et elle devaient patienter encore quelques années pour faire cette opération, faute de moyens, ils tombent des nues en apprenant quelques mois de cela, que le médecin viendra à Maurice pour faire l’opération et qu’ils n’auront rien à payer. «Vous ne pouvez pas vous imaginer ce que j’ai ressenti à ce moment précis.»
Le lundi 17 octobre, Prishni et son époux Neeraj sont arrivés à l’hôpital. Ils devaient être les deuxième ou troisième sur la liste à se faire opérer mais finalement il a été décidé qu’ils seront les premiers.
Si l’excitation était au rendez-vous avant de passer la porte de l’hôpital, la jeune femme confie qu’elle ne pouvait s’empêcher de stresser en y arrivant. Et pas seulement pour elle. «C’était la première fois que mon époux faisait une opération dans sa vie.»
De lundi à mercredi matin, Prishni explique que ses émotions ont fait le tour. Le stress s’est peu à peu transformé en un sentiment fort et réconfortant lui rappelant que «ça y est, je vais me faire opérer. J’aurais encore plus d’années à vivre pleinement avec ma famille».
Prishni raconte qu’elle se rappelle partir sur le trolley vers la salle d’opération. Dans la salle, il y avait plusieurs médecins. Bien sûr le chirurgien en chef le Dr Rajasekhar Perumalla venant de l’Inde, le Dr Vishwas Mohabeer ainsi que d’autres néphrologues et infirmiers. «Je me souviens que l’on m’a dit de compter ensuite je me suis réveillée dans cette chambre.»
La trentenaire ajoute que dans la soirée après son opération, elle a commencé à ressentir de petites douleurs mais qu’ensuite peu à peu elle s’est sentie mieux et hier, trois jours après, «je ne ressens rien».
Selon elle, cela doit sans doute être grâce aux soins extraordinaires qu’elle ne cesse de recevoir des infirmiers et médecins depuis son opération. «Ils sont restés avec moi pendant toute une nuit le premier jour. Et ils sont vraiment caring.» Cependant, malgré le bon traitement qu’elle dit recevoir, Prishni ne cache pas qu’elle est pressée de retrouver son chez-elle. «Je suis tellement contente que j’ai envie de rentrer au plus vite», sourit cette dernière.
Une joie immense qu’elle partage avec son époux Neeraj, aussi âgé de 34 ans, et, qui a déjà regagné son domicile vendredi. Il explique que comparé à son épouse, il a de petites douleurs mais que ça va petit à petit.
Ses souvenirs de son opération sont presque les mêmes que ceux de Prishni sauf qu’il est conscient que celle qu’il a subie est allée bien plus vite comme on l’avait prévenu. «C’est allé vite. J’ai pu me rendre aux toilettes normalement très vite.»
Dans sa demeure à L’Escalier, en observant sa petite fille jouer, Neeraj confie que même si ça fait un peu mal après l’opération, s’il faut le refaire encore et encore pour son épouse, il n’hésitera pas. «Pou mwa se plis ki en loner monn donn li mo lerin. Parski mo fam sa. Mo pa ka[av trouv li soufer. Mo pa kapav imazinn mwa perdi li.»
Une belle histoire d’amour
Comme Prishni nous a aussi confié à l’hôpital, Neeraj explique que Prishni et lui, c’est une histoire d’amour qui a évolué d’année en année. Ils ont grandi ensemble dans la même localité. Et ont fréquenté la même école primaire. Au collège, depuis la Forme III, ils se sont déclaré leur amour et depuis ils ne se sont plus quittés. «Pour le meilleur et pour le pire. Linn pran mo leker ek monn donn li mo lerin», ajoute Neeraj avec émotion.
Dorénavant, le trentenaire attend l’arrivée de son épouse avec une profonde impatience, pour commencer leur nouvelle vie, sans dialyse. «Je suis allé la voir avant de retourner à la maison, lorsque j’ai eu mon autorisation de partir. Mo finn gagn krie tou ar li, linn dire moi fer atansion», rit Neeraj.
Plusieurs de leurs proches sont déjà chez eux pour leur donner un coup de main. Le couple avoue être conscient qu’ils devront faire très attention aux jours et aux mois à venir, dans leurs faits et gestes, afin de guérir comme il se doit, surtout Prishni. Mais ils le disent, ils sont prêts à relever le défi ensemble, comme cela a toujours été le cas.
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