Alors que le Premier ministre annonce l’introduction d’une nouvelle carte d’identité nationale sans en préciser la date, ni le coût précis, le député Osman Mahomed maintient qu’il faut d’abord connaître les résultats de l’enquête sur les cas de falsification de la carte actuelle. Autrement, selon lui, tout investissement dans une nouvelle carte risque d’être vain.

La «nouvelle» carte d’identité biométrique qui est dans votre portefeuille, (soit la deuxième carte émise à Maurice), sera remplacée par une autre pièce d’identité avec des mesures de sécurité supplémentaires. Son authentification pourra se faire à l’œil nu et également avec une loupe pour des analyses approfondies. De plus, elle comprendra un code-barres qui permettra sa validation avec un lecteur «pas cher» ou avec une application mobile. Le public pourra également vérifier l’authenticité d’une carte d’identité grâce à un service en ligne.

Ces informations ont été fournies par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, dans une réponse écrite disponible au Parlement. Cependant, aucune information n’est donnée sur la date d’introduction de la nouvelle carte biométrique. Le projet est piloté par le bureau du Premier ministre alors qu’un comité au ministère de la Technologie se penche sur le côté technique. Un consultant ou une firme consultante devrait être engagé pour ce projet également. Il nous revient que, d’ici fin 2023, le stock des cartes vierges pour créer la carte identité en service actuellement sera épuisé.

Rs 270 millions au moins

Par ailleurs, il n’y a pas non plus d’information sur le coût précis du projet, mais le gouvernement projette de dépenser Rs 270 millions en plusieurs tranches. Le ministère des Finances avait accordé la somme de Rs 40 millions au bureau du Premier ministre pour l’année financière 2021- 2022 pour ce projet, et Rs 54 millions pour l’année financière en cours. Le bureau du Premier ministre aura besoin de Rs 150 millions pour l’année financière 2023-2024 et Rs 63 millions en 2025 pour tout finaliser.

Toutefois, le ministère des Finances ne précise pas si la somme de Rs 270 millions est uniquement pour le système informatique ou si elle comprend également l’achat de nouvelles cartes biométriques. Pour rappel, l’introduction de la carte biométrique a nécessité un investissement de Rs 1,1 milliard en 2013. Cet argent comprend la refonte totale de la carte nationale en remplacement de celle qui était plastifiée, tout en faisant l’acquisition d’un système informatisé adapté à la carte biométrique.

Osman Mahomed, le député du Parti travailliste, avait posé une question au Premier ministre sur la falsification de la carte d’identité biométrique actuelle et, quelques semaines auparavant, il avait attiré l’attention de Pravind Jugnauth sur le fait qu’une notaire avait porté plainte à la police après qu’elle s’est retrouvée en possession de deux cartes d’identité similaires, mais pour deux personnes distinctes :«J’avais soulevé cette affaire au Parlement. Une de ces personnes avait même berné un employé de banque pour retirer une très forte somme d’argent», a déclaré le député du Parti travailliste.

Il insiste. Pour lui, le gouvernement ne doit pas se précipiter pour introduire un nouveau type de carte d’identité. «La carte en notre possession a des éléments qui empêchent sa falsification. Une carte similaire est utilisée à Singapour. Le gouvernement doit savoir comment cette carte biométrique a été falsifiée avant d’investir un milliard de roupies dans de nouvelles cartes. Est-ce que le système a été piraté ? Est-ce qu’il y a des faussaires professionnels à Maurice ? Est-ce que la faille vient du côté du Mauritius National Identity Card? Il est impératif de trouver la faille avant d’investir», dit-il.

Pour en revenir à la réponse du chef du gouvernement au Parlement, il a fait savoir qu’entre mai 2017 et juillet 2022, il y a eu six cas d’usurpation ou de fausse carte d’identité rapportés à la police. Des policiers de la Brigade anti-drogue avaient également saisi quatre fausses cartes lors d’une perquisition en 2021.