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Agriculture: après la sécheresse, les planteurs craignent des pluies excessives en été
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Agriculture: après la sécheresse, les planteurs craignent des pluies excessives en été
Depuis le mois de septembre, la production agricole est affectée par la sécheresse et l’on observe une baisse du rendement. Les acteurs de cette filière disent leur inquiétude pour les mois à venir. D’autant que l’importation des produits coûte plus cher en raison de la crise causée par le Covid-19.
Krit Beeharry, porte-parole de la plateforme Planteurs des îles, souligne que la production agricole est toujours moindre en cette période, en raison d’une pluviométrie en baisse qui affecte le développement des plantes et impacte la production. Cette année, la situation est plus compliquée encore car il y a moins de relève dans le domaine et les planteurs ont abandonné leurs champs en raison des difficultés liées au Covid-19. La récolte est non seulement inférieure par arpent, mais la qualité est aussi affectée et certaines plantes meurent. La majorité des champs sont affectés. À titre exemple, d’ici un mois, les carottes n’auront toujours pas atteint leur plein développement, à l’exception des melons d’eau qui sont moins vulnérables, indique-t-on.
La production n’est pas meilleure pour autant pour les produits provenant des champs irrigués artificiellement ou qui sont dans des régions un peu humides, relève Kreepalloo Sunghoon, secrétaire de la Small Planters Association (SPA).
Qui plus est, durant ces périodes de sécheresse, il est difficile de contrôler certaines maladies, plus particulièrement celles transmises par les insectes comme les araignées rouges, les mouches de fruits, les pucerons et les thrips, entre autres insectes ravageurs. Les plantes en cette période de sécheresse deviennent vulnérables aux attaques. «Les produits pour lutter contre ces ravageurs ne sont pas efficaces et nous ne pouvons en utiliser beaucoup», avance Krit Beeharry.
«Les plantes filantes telles que margoze, pipengaille, calebasse, patole doivent être récoltées chaque semaine. Leur cycle de rendement est rapide. Ces plantes ont besoin de beaucoup d’eau. Leur rendement est donc très réduit. Les salades sont aussi affectées, à l’instar du cresson, de la laitue et du concombre. Mais cette année, la quantité est au rendez-vous, c’est surprenant. Il y a beaucoup de courgettes et de pâtissons sur le marché. Quant aux lalos, les champs sont affectés par la maladie», explique le secrétaire de la SPA.
Il a été observé que ceux qui ont l’habitude de planter pour récolter en novembre ne l’ont pas fait en raison de la sécheresse. D’autres négligent leurs champs. Selon les statistiques, plus de 50 % des planteurs attendent l’arrivée de la pluie pour poursuivre la culture de leurs légumes.
Selon le planteur Manoj Goonniah, les prix des légumes vont certainement augmenter au vu de la situation. «Les consommateurs pensent que les producteurs sont gagnants dans une telle situation. Ils pensent que c’est une chose courante qu’à l’approche des périodes de fêtes, les prix affichés dans les marchés ont, pour habitude, de grimper. C’est complètement faux. Nous perdons des tonnes de légumes chaque année après les fortes pluies, les cyclones et même pendant cette période de sécheresse. Après tous ces aléas, c’est vrai que les prix des légumes vont monter», précise-t-il. Actuellement, toutefois, les prix des légumes sont stables. «Une bonne chose, certes, mais qui ne durera pas longtemps», ironise-t-il.
Même son de cloche du côté de Sunil, qui cultive des choux, entre autres légumes. «J’ai personnellement perdu environ un tiers des fleurs de ma récolte. Les agriculteurs souffrent beaucoup en raison du changement climatique. Je pense que les autorités concernées doivent trouver des solutions pour améliorer la situation. On ne peut pas dépenser une fortune pour cultiver des légumes et ne récolter au final que 30 %», déplore ce planteur de 65 ans.
Les prochains jours confirmeront si le retour des pluies contribuera à stabiliser les prix sur le marché des légumes. Mais une chose est certaine : ceux qui ont leur petit potager familial, quitte à cultiver des pommes d’amour et des carottes en bac, se prémunissent contre ces fluctuations de prix. Comme quoi, on n’est jamais mieux servi que par soi-même.
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