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Arrestation des Laurette: les colis de haschisch proviennent-ils des Casernes centrales ?
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Arrestation des Laurette: les colis de haschisch proviennent-ils des Casernes centrales ?
C’est la question qu’a posée Mᵉ Shakeel Mohamed, hier, au tribunal de Moka, au SP Hayman Dass Ghoora, le «Supervising Officer» de l’enquête sur Bruneau Laurette et son fils pour trafic de drogue présumé. On aura la réponse bientôt, comme le policier l’a promis.
Les photos des colis de drogue exposées par la Special Striking Team (SST) le jour de l’arrestation de Bruneau Laurette se retourneraient-elles contre l’équipe ? Tout dépend du surintendant de police (SP) Hayman Dass Ghoora, qui a donné l’impression de vouloir coopérer. Les photos montrent, en effet, que certains colis paraissent partiellement brûlés. C’est pourquoi Mᵉ Shakeel Mohamed a jugé bon de demander si ce ne sont pas les colis retrouvés le 2 mai 2021 à Pointe-aux-Canonniers qui auraient «migré» à Petit-Verger, en faisant un détour par les Casernes centrales, où ils étaient conservés et ont subi un incendie. Il veut savoir aussi s’il existe un audit sur ces drogues saisies en 2021.
L’avocat de l’activiste a obtenu une autre précieuse réponse du SP Ghoora : oui, l’arrestation et la saisie de drogue ont bien été filmées par la SST. Officiellement, pas sur des portables personnels. Le policier a promis de remettre les vidéos à la défense. Le SP Ghoora est tenu maintenant d’honorer les promesses faites devant la magistrate Jade Chiouk Lan Ngan Chai King, car sinon il commettrait un outrage à la cour. Les vidéos provenant probablement de body cameras renseigneront certainement sur ce qui s’est réellement passé le 4 octobre à Petit-Verger. On saura qui dit vrai, Bruneau Laurette ou l’ASP Ashik Jagai ? Mᵉ Akil Bissessur a hier également obtenu du SP Ghoora la promesse d’enregistrer tous les interrogatoires dans cette affaire.
Changement d’expert
Mᵉ Shakeel Mohamed a soulevé une troublante question : ne serait-ce un certain Vikash Ramessur qui a fait les analyses de la drogue présumément saisie chez Laurette, bien qu’il ne soit pas de service ? Pour empêcher l’autre experte du Forensic Science Laboratory (FSL), A. Moradhun, de faire ces analyses ? Car, a rappelé Mᵉ Mohamed, c’est bien elle qui avait analysé la drogue retrouvée supposément chez les beaux-parents d’Akil Bissessur, et qui avait conclu que l’ADN de l’avocat n’était pas présent sur les sachets retrouvés. À cela, le SP Ghoora a tenté de botter en touche en référant l’avocat à Vidhu Madhub-Dassyne, la directrice du FSL. En tout cas, pour le policier, ce changement d’expert ne paraît pas anormal.
L’audience pour les deux Laurette a été renvoyée au 14 novembre lorsque la demande de libération conditionnelle pour le fils, Ryan, sera entendue. Une telle demande pour Bruneau Laurette n’a pas encore été décidée. Cependant, l’activiste sera présent quand même pour écouter les réponses du SP Ghoora. Il y aurait aussi une accusation de la «Breach of Information and Communication Technologies Act» par Bruneau Laurette.
À noter que Mᵉ Sanjeev Teeluckdharry est le Leading Counsel dans le panel défendant le fils Laurette, incluant Mᵉˢ Akil Bissessur et José Moirt. Bruneau Laurette, lui, est défendu par Mᵉ Shakeel Mohamed, assisté de Mᵉˢ Neelkanth Dulloo et Anoup Goodary.
Souriant et… menotté
L’activiste arborait une mine décontractée et confiante lorsqu’il est entré dans le box des accusés au tribunal de Moka, hier. En regardant ses avocats se démener pour sa défense, il ne pouvait s’empêcher d’esquisser un sourire d’approbation et de reconnaissance. Il était entouré d’au moins six membres masqués du GIPM qui tenaient des fusils d’assaut qu’ils pointaient de temps à autre vers la salle d’audience, provoquant un cri de frayeur dans le public. Mais ce qui a le plus indigné, c’est de voir Bruneau Laurette et son fils comparaissant menottes au poing. Normalement, nous dit un avocat, ces menottes auraient dû être enlevées dans le box, «d’autant que le box d’accusés de la cour de Moka est solidement ceint de barreaux en fer».
Une arrestation qui laisse l’opposition parlementaire de marbre
À une question d’un journaliste, Xavier Duval a répondu que l’arrestation de Bruneau Laurette n’a pas été un des sujets abordés par les trois leaders, hier. Si c’est vrai, il semble que le voeu de Laurette de pêcher dans le bassin électoral du MMM et du PMSD ne soit toujours pas digéré. Ce qui fait dire à un activiste faisant partie des supporters de Bruneau Laurette : «Comme si le PMSD ne pêche pas dans le bassin du MMM. Et vice-versa. Et que dire des autres partis ? Ne le font-ils pas mutuellement ? C’est ça la politique.»
La sagesse de Shakeel Mohamed
Alors que Mᵉˢ Sanjeev Teeluckdharry et Akil Bissessur coinçaient le SP Ghoora concernant le refus qui leur a été opposé pour voir et défendre le fils de Bruneau Laurette, Mᵉ Shakeel Mohamed est intervenu pour couper court au débat qui s’éternisait et dont le ton montait d’un cran. Il a proposé de tout mettre derrière eux, tout en obtenant du SP Ghoora qu’il ne s’opposera plus à la présence de Mᵉ Teeluckdharry aux côtés de Ryan Laurette. Au sortir du prétoire, Mᵉ Mohamed s’excusera de ne pas commenter ce qui s’est passé en cour «pour respecter le secret de l’instruction», entre autres. Il demandera par la même occasion que la police fasse preuve de la même retenue, c’est-à-dire ne pas fuiter des informations comme ce fut le cas dans l’affaire Akil Bissessur. Le SP Ghoora respectera-t-il cette retenue et les diverses promesses faites ? Ou fera-t-il comme le SP Seebaruth, qui promettait beaucoup lors de l’enquête judiciaire sur la mort de Kistnen mais sans rien faire ? Les avocats présents hier gardent confiance toutefois dans le SP Ghoora qui devra choisir entre défendre la vérité ou éventuellement ses collègues.
Lors de la comparution: larmes, cris et poings levés
Hier, le tribunal de Moka a connu de vives émotions. En effet, l’activiste social et politicien Bruneau Laurette ainsi que son fils Ryan Lucas Laurette comparaissaient devant le tribunal. Même si la partie la plus intéressante de ce film se passait entre les murs de la cour de district de Moka, toujours est-il qu’à l’extérieur, le mouvement de soutien était massif.
C’est vers 9 heures que les premières personnes venues soutenir Bruneau Laurette se sont présentées devant la cour de district de Moka. Hommes, femmes et même enfants étaient devant l’entrée du bâtiment, déjà bien encerclée par la police et des barrières de sécurité. Parmi ceux présents, Ingrid Charoux, Dominique Raya, la compagne de Bruneau Laurette, ainsi que sa famille, mais surtout Sherry Singh, ex-CEO de MauritiusTelecom. «Mo péna labitid abandonn mo bann kamarad dan problem. Bruneau Laurette sé enn patriyot kinn konbat mem kont ladrog. Mo péna okenn dout ki li inosan. Mo la pou souténir Bruneau Laurette», déclare Sherry Singh, bien accueilli par les autres sympathisants. Ingrid Charoux, pour sa part, préfère se tourner vers la loi divine. «Zot pé mal fer avek nou Bruneau, ki enn éro nasional. Karma ek liniver pou fer sa bann dimounn-la rann kont», a-t-elle déclaré, rejointe par Nazim, qui, pour sa part, s’interroge sur les armes retrouvées chez l’activiste social. «Fizi antikité. Dir mwa enn kou ki Bruneau ti pou al fer avek enn fizi ki péna také.»
Ivann Bibi, pour sa part, a rappelé l’éternel terme qui dérange, «BLD», avant que l’atmosphère ne change. La police s’empresse de bloquer la circulation. Au loin, un blindé de la SMF fait son apparition, bien escorté par les limiers du Groupement d’intervention de la police mauricienne, armés jusqu’aux dents. Bruneau Laurette descend du véhicule, casque de protection sur la tête, menotté et vêtu d’un gilet pareballes. Les soldats en noir ne le lâchent pas d’une semelle. Le scénario est digne d’un film d’action. À sa sortie du blindé de la SMF, les sympathisants sont galvanisés et les cris se font entendre. «Pa tous nou Bruneau. Bruneau inosan. Liber Bruneau!»
Bruneau Laurette disparaît par la petite porte arrière de la cour de Moka, transporté par les cris des sympathisants. Alain Malherbe, aussi présent, prend le relais et lâche une révélation de taille. «Mo’nn gagn enn call mwa osi. Inn dir mwa mo mem prosin lor lalis. Mo’nn dir OK pa grav, parski mo koné tou séki mo dir mwa mo dir avek prev. Mwa ek bann lézot kamarad aktivis pé al met enn precautionary measure pou nou prop sékirité», s’exclame-t-il. Il est rejoint par Percy Yip Tong, qui, lui, se désole de la situation dans laquelle se trouve le pays. «Mo’n viv épizod Kaya. Mo pa anvi réviv sa ankor. Mo anvi ploré kan mo trouv mo péi koumsa.»
Georgette, militante dans l’âme, présente dans tous les combats, peinera à cacher ses larmes. Voyant Bruneau Laurette menotté, elle craque. «Get ki zot pé fer mo garson. Sa Bondié lao la trouvé. Pou éna enn lazistis divinn lao.» Les débats au tribunal durent plus d’une heure et la foule venue soutenir Bruneau Laurette ne fait que grossir à mesure que les minutes s’écoulent. L’activiste quitte la cour de district de Moka, encore une fois, sous forte escorte policière ; et répond d’un geste qui lui est familier, telle une signature, aux sympathisants présents : un fameux poing en l’air... Mais menotté.
Simla Kistnen: «Kan mo trouv fason pé alé mo per, mé mo koné Bruneau inosan»
<p>Parmi les sympathisants, se trouvait aussi Simla Kistnen, veuve de Soopramanien Kistnen. Discrète mais bien présente, elle tient ferme face à la tournure des événements.<em> «C’était mon devoir d’être présente ce matin (NdlR, hier) parce que Bruneau Laurette a toujours été là pour me soutenir et il a toujours été d’une grande aide dans la quête pour la justice pour mon mari»,</em> déclare-t-elle. Elle, qui a jusqu’ici fait preuve de courage, admet quand même qu’elle a peur. <em>«Kan mo trouv fason bann zafer pé alé mo per, mé mo koné Bruneau pou sorti ladan parski mo koné li inosan.»</em></p>
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