L’activiste loue le modeste étage d’une maison à Petit-Verger. Personne ne s’attendait à y voir une descente de la Special Striking Team, et les langues ne se délient pas.

L’endroit est calme. Trop calme même. Lorsque nous prenons l’allée étroite, bordée de murs en briques, on peut voir les habitants rentrer précipitamment à l’intérieur de leur maison. Un peu comme dans les westerns, quand arrivent des bandits. D’autres nous épient entre les rideaux.

Un voisin veut bien nous parler de Laurette, mais juste pour nous dire que ni lui ni personne d’autre chez lui n’a été témoin de la descente des policiers le 4 novembre. «Nous étions tous au travail et les enfants à l’école.» Cependant, il reconnaît que personne n’a jamais eu de problème avec l’activiste, qui est plutôt tranquille et salue les voisins quand il les croise. Un autre voisin tourne carrément le dos en nous voyant approcher.

La maison où habite la famille Laurette est à l’étage. Plutôt modeste. Pas vraiment de place pour garer une voiture, là où se trouvent les escaliers menant en haut. Personne en vue au rez-de-chaussée, ni à l’étage.

La route principale est, elle, presque déserte. Pas un chat. Tous les commerces sont fermés. Les rares passants pressent le pas en nous voyant. Un homme, que nous abordons, ne veut ni nous entendre ni même s’arrêter ; il s’éloigne à toute vitesse. La peur et la méfiance se sont installées à Petit-Verger depuis la descente d’une armada policière, le 4 novembre, chez Bruneau Laurette. Un proche de l’activiste nous le confirme : «Personne ne veut parler de cette affaire, ni même parler du tout. On sent de la trouille dans l’air.» Un policier explique : «Soit on a peur des trafiquants de drogue soit de la police.»