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Portrait: Bruneau Laurette, l’homme qui dérange
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Portrait: Bruneau Laurette, l’homme qui dérange
Il s’est fait connaître du grand public en août 2020. Plus précisément quand le drame du «MV Wakashio» a éclaté. Il a pu faire défiler au moins 100 000 manifestants dans les rues de la capitale. Depuis, il milite et défend plusieurs causes sociales. Des détracteurs affirment qu’il en fait trop. Activiste-politicien, arrêté la semaine dernière pour trafic de drogue allégué, pourquoi l’instructeur de Krav Maga dérange-t-il autant ?
Bruneau Laurette est né, a grandi et s’est marié à La Louise. Les voisins que nous avons rencontrés durant la semaine et qui ont bien voulu nous parler de lui, se souviennent du jeune homme qu’il était. Il courait chez tous les voisins et était considéré comme un zanfan lakaz par beaucoup d’entre eux. Une dame qui a grandi à côté de Bruneau Laurette se souvient de lui comme d’un grand frère sur qui on pouvait toujours compter. Sa présence rassurait toujours.
L’activiste aujourd’hui âgé de 48 ans a vécu dans un endroit où toutes les communautés se côtoient en harmonie. Notre interlocutrice se rappelle que lors des émeutes en 1999, Bruneau Laurette demandait à tout le monde de ne pas s’en mêler. Les campagnes racistes et communales menées par ses détracteurs sont toutes fausses, selon d’anciens voisins, ils en sont persuadés.
Bruneau Laurette s’adonnerait-il au trafic de drogue ? Non, répondent toutes les personnes rencontrées. «C’est un sportif qui était connu dans l’endroit comme tel.» Il avait même ouvert un petit club de sport où il proposait des cours d’autodéfense aux jeunes de l’endroit. Selon les dires d’un voisin, l’activiste était connu justement comme quelqu’un qui combattait et combat toujours le trafic de drogue et a une aversion prononcée pour les substances illicites qui rongent la société.
Tout comme à Petit-Verger – où Bruneau Laurette loue une maison – les habitants de l’endroit craignent d’en parler à visage découvert, de peur de subir des représailles. Un voisin nous dira même qu’il aurait vu des «hommes» rôder tourner autour de la maison de la maman de Bruneau Laurette, à La Louise, quelques jours avant son arrestation. On nous dit même qu’un de ces «hommes» était déguisé et portait une perruque pour ne pas se faire reconnaître et posait des questions à la ronde. Coïncidence frappante, l’opération de la Special Striking Team (SST) a eu lieu au domicile de Bruneau Laurette peu de temps après.
Tous les voisins de La Louise qui nous ont parlé sont catégoriques : Bruneau Laurette a été piégé pour ses prises de positions radicales et ouvertes contre des politiciens, des hauts gradés de la police, dans l’affaire du MV Wakashio, l’arrestation d’Akil Bissessur ou le trafic de drogue en général. Avant le naufrage du vraquier, l’activiste était aux côtés – on l’a vu – des squatteurs, notamment à Riambel, puis à Pointe-aux-Sables. Pour faire entendre sa voix sur ce dossier ‘humain’, il avait alerté l’ONU à Genève et porté plainte à la Human Rights Commission à Maurice. Il avait aussi été très critique envers le père Grégoire, la députée Joanne Tour et le ministre Joe Lesjongard, entre autres.
L’homme aux bras musclés, qui n’est pas seulement instructeur de Krav Maga mais aussi expert en protection rapprochée et déplacement de VVIP, offre des formations en combat rapproché pour les garde-chiourmes, policiers et militaires ainsi que des formations de personnel de sécurité. Avec ses connaissances en sécurité maritime, il s’est d’ailleurs fait connaître du grand public lors de l’épisode du Wakashio, en montant au front dans l’affaire. Il avait même logé une private prosecution contre les ministres Kavy Ramano et Sudheer Maudhoo, le 17 août 2020. Mais celle-ci avait été rejetée au tribunal de Mahébourg un mois plus tard.
S’ensuivra son combat, à sa manière, dans l’affaire Kistnen. Il reviendra de l’avant avec les fameux Kistnen Papers qu’il a rendu publics en intégralité sur les réseaux sociaux. Avec les noms et numéros de téléphone de tous ceux figurant dans le carnet du défunt agent orange. C’était en juin. Sans compter ses nombreuses apparitions entretemps dans des manifestations, notamment contre la hausse des prix du carburant ou la demande de démission de Yogida Sawmynaden devant le Parlement. Sans oublier la marche tenue avec d’autres partis politiques en février 2021, dans les rues de la capitale.
Bruneau Laurette aura aussi publié les vidéos montrant des tortures par des policiers mais également celles de la perquisition de la SST dans l’appartement d’Akil Bissessur à Dreamton, Quatre-Bornes. Il a aussi utilisé sa page Facebook pour dénoncer des policiers, dont l’ASP Jagai et des membres de la SST. Il a également été vu aux côtés de Sherry Singh, après la démission de celui-ci de Mauritius Telecom. L’activiste a fait son entrée en politique en créant son parti Linion Sitwayin Morisien en 2021. Il devait ensuite intégrer Linion Pep Morisien avec Rama Valayden, Dev Sunnasy et Jean Claude Barbier, avant de claquer la porte, le 5 août.
Sa dernière action citoyenne s’est tenue le 29 octobre quand Bruneau Laurette a organisé une manifestation à la place d’Armes à Port-Louis. Des centaines de personnes et même des personnalités politiques étaient présentes. Il a fait des révélations troublantes sur le naufrage du MV Wakashio mais également sur la SST et son responsable l’ASP Ashik Jagai, dont il a dit : «Demann misyé Jagai ki linn al fer ena 15 zour dan Rivière-Noire ? Eski ena 40 kg ladrog kinn rant laba ?» Le ‘hasard’ veut que le, 4 novembre, 40 kilos de haschich auraient été découverts au domicile de Bruneau Laurette, indiquait la SST selon une première estimation.
L’activiste, critiqué par certains car «li tro partou», s’est attaqué aussi au gouvernement et à Pravind Jugnauth, lui-même, dans l’affaire Kistnen, entre autres. Depuis son arrestation, il est en détention et est interrogé dans le cadre de plusieurs affaires. Controversé, «pas crédible», «louche» pour certains, rassembleur, «capable de réunir les foules», «héros» pour d’autres, ce qui est certain, c’est que Laurette dérange.
Rama Valayden et le «sniper»
<p>Rama Valayden et son épouse Taslima se sont rendus vendredi au Central CID pour porter plainte. Cela, après que Taslima Valayden aurait obtenu des informations fiables selon lesquelles un sniper a été dépêché de l’étranger pour ‘exécuter’ son mari. Selon Rama Valayden, le même informateur aurait donné l’alerte sur le sort de Bruneau Laurette quelques jours avant son arrestation. Il est allé encore plus loin en disant que le sniper ne serait pas là seulement pour l’éliminer physiquement mais aussi pour liquider le directeur de l’information de <em>Radio Plus</em>, Nawaz Noorbux…</p>
«Hit list» : fabrication ou pas ?
<p>L’inspecteur Shiva Coothen du <em>Police Press Office</em> assure : «<em>Il n’y a pas de hit list, la police agit en toute impartialité sans frayeur ni faveur.»</em> Néanmoins, l’apparition sur les réseaux sociaux, notamment, de plusieurs listes comportant des noms de journalistes et d’opposants politiques ‘à abattre’ fait tiquer. Ainsi, trois journalistes du groupe Défimédia et le directeur de <em>Top FM</em> ont logé une precautionary measure en ce sens, jeudi. Tous veulent connaître la provenance et avoir la certitude que cette liste est fausse. Nous avons en simultané sollicité plusieurs de nos sources aux Casernes centrales mais personne n’a été en mesure de nous confirmer son authenticité. Affaire à suivre.</p>
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