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Comparution des Laurette: Shakeel Mohamed dénonce les «fake news» fuitées à la presse

15 novembre 2022, 12:43

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Comparution des Laurette: Shakeel Mohamed dénonce les «fake news» fuitées à la presse

Les informations fausses et contradictoires sur Bruneau Laurette et publiées par certains titres de presse ont fait l’objet de longs questionnements venant de Mᵉ Mohamed. Les engagements pris devant le tribunal la semaine dernière et non respectés par la police ont également été le sujet d’un interrogatoire musclé de la part de l’avocat.

La voix de Mᵉ Shakeel Mohamed a résonné fort hier à la cour de Moka lors de la comparution de Bruneau et de Ryan Laurette. L’audience a débuté assez tôt dans un tribunal bondé… de policiers. Pas moins d’une trentaine d’agents en uniforme et en civil, et qui occupaient tout le côté gauche de la salle. Certains membres du public – mais pas les policiers – ont été priés de faire de la place aux proches de Bruneau Laurette.

À l’appel de l’affaire, le procureur s’est mis à réciter: «L’accusé devra être reconduit en cellule policière…» «Pas si vite !», s’écrie Shakeel Mohamed, «car j’ai une déclaration à faire». Et c’est ainsi que l’on apprend que les avocats de la défense n’ont pas reçu les vidéos de l’arrestation des Laurette à Petit-Verger le 4 novembre. «Cela, malgré la promesse du SP Hayman Dass Ghoora faite en ce sens en cour lors de la précédente audience.» Me Mohamed a ainsi demandé et obtenu que le remplaçant du surintendant de police (SP) Ghoora soit appelé à la barre des témoins, car, on apprendra de la bouche de celui-ci, l’inspecteur Sacheedanand Ramjheetun, que le SP Ghoora est en voyage. «Avec la vidéo ?», s’est enquis Shakeel Mohamed à brûle-pour point. Et l’inspecteur Ramjheetun de tenter : «La vidéo sera produite durant l’enquête…» Interruption de Me Mohamed :«Mais le SP Ghoora a pris l’engagement de la remettre à la défense durant la semaine écoulée.» L’inspecteur Ramjheetun promet alors de le faire bientôt.

Mᵉ Shakeel Mohamed a aussi voulu savoir de l’inspecteur Ramjheetun si un audit des drogues saisies à Pointe-aux-Canonniers dans l’affaire Gurroby en 2021 a été effectué comme promis, encore une fois, par le SP Ghoora. Réponse étonnante de Ramjeetun : «Non.» Pourquoi ?, veut savoir Shakeel Mohamed. L’inspecteur Ramjheetun expliquera alors que la drogue des Gurroby a été mise dans un colis scellé par le Forensic Science Laboratory (FSL), et que le colis est gardé dans un bureau de l’ADSU, bureau auquel tous les policiers n’ont pas accès, sauf quelquesuns dont il a refusé de donner les noms. À d’autres questions pressantes de Mᵉ Mohamed, l’inspecteur avouera qu’il n’a ni vu cette drogue, ni pensé à mettre une note dans le diary book de la police. Mᵉ Shakeel Mohamed s’emporte alors : «Quoi ! Alors que mon client a allégué que c’est cette même drogue qui a été plantée dans sa voiture, la MCIT n’a pas pensé à le vérifier ?» Ramjeetun rétorque : «Il faut le demander au SP Ghoora.»

«Et vous, inspecteur Ramjheetun, ne faites-vous pas partie de cette même force policière ?» Le policier fera alors un autre aveu de taille : l’enquête sur les graves allégations de Bruneau Laurette n’a pas encore commencé !

Pourquoi ?, demande Shakeel Mohamed. Pour rappel, la MCIT a repris l’enquête des mains de la Special Striking Team contre qui l’activiste avait fait des accusations. L’inspecteur Ramjheetun tente une excuse : «Les avocats de Laurette n’étaient pas disponibles…» Shakeel Mohamed de tonner : «Ses avocats n’assistaient-ils pas Bruneau Laurette pour l’autre accusation proférée par la suite par la police à propos de la violation présumée de l’ICT Act par l’activiste ?» «Oui.» «Et alors ?», veut savoir Mᵉ Mohamed, «pour quelle raison l’enquête sur cette subséquente accusation a-t-elle eu lieu avant celle sur la drogue ?» L’affaire de drogue, rappelons-le, est la cause de l’arrestation. Réponse inattendue de Ramjheetun : la violation de l’ICT Act a eu lieu avant l’affaire de drogue ! Mᵉ Mohamed se résigne, visiblement contre son gré, à poser une autre question. «A-t-on retrouvé les empreintes de Laurette sur le pistolet ‘en bois’ saisi ?» Non, l’enquête n’a pas encore commencé non plus sur cette deuxième accusation (port d’arme) faite contre Bruneau Laurette lors de son arrestation.

Mᵉ Shakeel Mohamed s’attaque alors à certaines informations parues dans la presse. «Pourquoi la police a-t-elle fait croire que la voiture de Laurette, et surtout le coffre, peut être ouverte par télécommande ?» L’inspecteur Ramjheetun : «Ce n’est pas moi… d’ailleurs je ne suis pas expert en télécommande…» Shakeel Mohamed de souligner : «Moi non plus, pourtant je l’utilise tous les jours», avant d’interroger le policier : «Pourquoi n’a-t-on pas vérifié cette télécommande en présence des avocats de Bruneau Laurette ?» Ramjheetun, bredouillant : «Cela a été fait en présence du SP Ghoora et de Bruneau Laurette en deux occasions. Et ce dernier a dit qu’il n’avait pas besoin d’avocat.»

M Mohamed: «Ou alors, il a demandé la présence de ses hommes de loi et la police a refusé ?» Réponse négative du policier Ramjheetun. M Mohamed: «Et qui a dit à la presse que Bruneau Laurette s’était excusé pour avoir présumément violé l’ICT Act ?»

Inspecteur Ramjheetun : «Je ne sais pas.» Shakeel Mohamed: «Pourquoi l’inspecteur Shiva Coothen a-til déclaré à la presse qu’il n’y a pas eu de plantage de drogue chez Bruneau Laurette ? L’enquête est-elle déjà faite et conclue ?»

Inspecteur Ramjheetun, imperturbable : «faut le demander à Shiva Coothen.» Shakeel Mohamed veut quand même une enquête sur la déclaration de Coothen et d’autres fuites de fausses nouvelles vers la presse. «Ces fuites et fake news sont en train de causer d’immenses torts à mon client. Pourriez-vous vous assurer au moins que Shiva Coothen se taise et que la police fasse preuve de la même retenue que les avocats de la défense ? Et que cette manipulation de l’information cesse une fois pour toutes ?» Promesse vague de Ramjheetun qu’il s’en chargera.

Demande de radiation des charges

Exit Mᵉ Shakeel Mohamed. Enter Mᵉ Rouben Mooroongapillay qui obtient une prochaine audience pour ce vendredi. Mᵉ Sanjiv Teeluckdharry, qui représente Ryan Laurette, obtient également le report des débats sur la motion de remise en liberté de son client pour le 21 novembre. Il présente une seconde motion, à savoir que les charges contre Ryan Laurette soient rayées pour abus de procédure. «Mon client est la victime collatérale de la persécution de son père par les autorités en raison de ses prises de position. L’arrestation, la détention et les charges qui pèsent sur mon client ont des motivations politiques qui visent également des hommes de loi et des journalistes.» Cette motion sera débattue le 13 décembre à 10 heures.

Les réponses fuyantes de l’inspecteur Ramjheetun hier n’augurent rien de bon pour la suite judiciaire ni même pour l’enquête policière qui semble pour le moins mal partie. Les accusations pourraient à tout moment, selon un avocat, faire l’objet avec succès d’une demande de radiation des charges.