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Bébé malade dans un shelter: les larmes d’une mère
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Bébé malade dans un shelter: les larmes d’une mère
Le cas de la petite S. ne laisse personne insensible. Le bébé, enlevé de la garde de la maman, est aux soins intensifs, étant tombé malade alors qu’il avait été placé dans un shelter. La mère a été arrêtée avant d’être relâchée sous caution. Confidences.
Du haut de ses 27 ans, ce petit bout de femme, toute frêle, est mère de quatre enfants. La dernière, S. a quatre mois, alors que l’aîné est âgé de cinq ans. Deux de ses enfants ont été retirés de sa garde et les deux autres pourraient subir le même sort. Meurtrie par les événements, elle dit vouloir récupérer ses enfants, car elle ne cesse de se battre pour pouvoir les nourrir. Pour vivre, elle fait le ménage et cumule les petits boulots çà et là.
C’est dans sa modeste maison située dans un faubourg de Port-Louis que la jeune femme a accepté de se confier. Lundi 7 novembre, elle a été arrêtée par des officiers de la Criminal Investigation Division de Port-Louis Sud pour abandon d’enfant. Elle a passé plus d’une semaine en cellule avant d’obtenir sa libération conditionnelle. Les larmes aux yeux, elle se livre. «Pendant le confinement, j’ai accouché d’une petite fille. Elle devait effectuer plusieurs tests sanguins et on est resté à l’hôpital pendant un moment. Un jour, les infirmières l’ont prise pour pratiquer lesdits tests et à mon retour à l’infirmerie, mon bébé n’était plus là. Des officiers de la Child Development Unit l’avaient pris. Je me suis battue pour mon enfant, on m’a fait croire que j’aurais des droits de visite après le confinement. On m’avait dit qu’on allait faire des appels vidéo pour que je puisse la voir, mais rien. Aujourd’hui, mon enfant a deux ans et demi, mais je ne sais pas à qui, à quoi elle ressemble, ni où elle se trouve…»
Sa dépendance à la drogue
Elle explique que la cause de tous ses problèmes est sa dépendance à la drogue. Mais depuis peu, elle aurait commencé un traitement pour pouvoir s’en sortir. Elle assure que malgré le fait qu’elle se droguait, elle n’a jamais négligé ses enfants. «Mo travay pou mo nouri mo zanfan. Mo mama ed mwa, mo bann zanfan dan propreté ek pa mank nanyé. Mo asté zot bann zafer.»
La mère de famille revient sur son accouchement en juillet. Elle explique qu’après avoir commencé à ressentir des contractions, elle a appelé le SAMU qui est venu la récupérer pour l’emmener à l’hôpital. La petite S. est née à huit mois et a dû être placée à l’infirmerie. Trois jours après son accouchement, la jeune femme a pu quitter l’hôpital et les infirmières lui ont remis la carte de vaccin de la petite, un papier pour la déclarer à l’état civil ainsi que d’autres paperasses. «Zot ti fer mwa koné ki mo bébé pa pou gagn desarz asterla parski so pwa feb. Toulézour mo ti pé al get li, mo al dépoz couches ek so bann zafer.» Au bout du quinzième jour, alors qu’elle se rend à l’hôpital, elle apprend que la Child Develoment Unit (CDU) enquête sur son accouchement. «Monn déza pass parla, monn tromatizé par seki finn arivé pou mo dézyem zanfan, monn per, mo ti passe dan sok ar zot, monn sorti dan lopital monn alé», confie la jeune femme. Elle avance que personne ne lui a dit, à aucun moment, que son bébé pouvait quitter l’hôpital et qu’elle pouvait venir la récupérer. Par la suite, elle devra apprendre que la CDU a pris l’enfant.
Jeudi 3 novembre, elle reçoit un appel où quelqu’un lui demande de faire le nécessaire pour déclarer la petite. «Vendredi 4 novembre, un officier de la CDU est venu avec moi à l’état civil puis chez un avoué et ensuite, on est retourné à l’état civil pour les procédures. À aucun moment, on ne m’a fait savoir que mon bébé était malade», assure-t-elle. Lundi, c’est après son arrestation qu’elle apprend qu’on l’accuse d’avoir abandonné son enfant. «Eski si zanfan-la pa ti malad eski ti pu met sa sarz-la kont mwa ? Zot dir mwa mo pann deklar mo zanfan, sé CDU kinn tir zanfan ek mwa. A okenn moman mo pann abandonn mo zanfan. Zanfan in malad alors ki li ti sou responsabilité shelter, fodé pa rod enn bouc émissaire», lâche-t-elle en sanglotant.
L’affaire de la petite S. a éclaté le mois dernier lorsque l’activiste social Bruneau Laurette a posté une page de l’Entry Book du shelter l’Oiseau du Paradis. La petite est tombée malade dans la nuit du 21 octobre et a été transportée à l’hôpital SSRN, le lendemain. Elle a par la suite été admise aux soins intensifs où elle est toujours admise. Le manager du shelter a démissionné de son poste et lundi, la police a procédé à l’arrestation de quatre soignantes. Ces quatre employées ont été traduites en cour le même jour sous une charge provisoire de négligence d’enfant et la police a objecté à leur remise en liberté.
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