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14 jours après: affaibli, le soldat Joyram n’abandonne pas

29 novembre 2022, 12:00

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14 jours après: affaibli, le soldat Joyram n’abandonne pas

Son état de santé se détériore. Cela fait deux semaines qu’il ne s’alimente plus. Déshydraté, faible, il peine à se mettre debout. Alors que le personnel médical voulait le transporter à l’hôpital, il a refusé. L’homme au mental d’acier ne souhaite pas mettre fin à son combat…

Quatorze jours depuis que Nishal Joyram, éducateur de 42 ans, a pris la décision de quitter sa maison et sa famille pour mener un combat ; seul dans un premier temps, sur le parvis de la cathédrale de Port-Louis, sous une tente. Réclamant la baisse du prix de l’essence et du diesel, il a entamé une grève de la faim. Deux semaines plus tard, alors que son état de santé est inquiétant, une correspondance du Prime Minister’s Office (PMO) lui demande de faire preuve de bon sens…

Le SAMU et plusieurs personnes aux visages tristes et crispés sous leur masque sont réunis près de la tente bleue qui abrite le gréviste. Au fond, un Dr Gujadhur au visage fermé prend des notes sur un carnet. C’est l’image à laquelle on a eu droit hier. Plus tôt, dans la matinée, quelque chose semblait avoir changé. L’homme, qui a pour habitude d’accueillir tout le monde avec un grand sourire sur le visage, ne s’est pas montré. Nishal Joyram ne peut pas s’asseoir et encore moins se mettre debout.

«Non !»

Le Dr Gujadhur est sur le qui-vive. Il ausculte le gréviste, évalue ses fonctions vitales ; à 6 h 30, 7 h 30, 8 h 30… Puis, à 11 h 30, le médecin donne l’alerte, appelle le SAMU. L’ambulance attire les curieux, les sympathisants. Les infirmiers de l’hôpital A. G Jeetoo filent rapidement sous la tente. Quinze minutes plus tard, un constat : Nishal Joyram est mal en point et déshydraté. Il doit impérativement être admis à l’hôpital, placé sous perfusion et en observation. Il doit surtout subir des analyses de santé plus poussées.

Mais Nishal Joyram, battant au mental d’acier, réplique par un signe de la tête, peinant à parler. «Non !» Il est hors de question qu’il arrête sa grève de la faim. Son corps s’est affaibli, certes, mais sa force morale s’est renforcée. Il ne reculera devant rien et, ce, même si ses journées se résumeront désormais à rester sous sa tente. L’expression du Dr Gujadhur est pour le moins rassurante. «Nishal a refusé d’aller à l’hôpital car ce serait synonyme de la fin de sa grève de la faim. J’ai essayé de lui conseiller de prendre la bonne décision mais il est catégorique. C’est un vrai soldat. J’espère que les autorités vont agir. Et vite. Très, très vite», déclare le médecin.

Ivor Tan Yan, pour sa part, commentera la lettre reçue du PMO lors de la marche pacifique de samedi dernier. «Dans une telle situation, on s’attendait tous à une réaction du Premier ministre pour essayer de mettre fin à cette grève. Au lieu de cela, il demande qu’on fasse preuve de bon sens. Où est le bon sens ? En quoi est-ce une preuve de bon sens lorsque le Premier ministre vient répéter ce que Servansingh a dit ? Nou ti pou konpran si ti dir mwa fer prev bon sans, pa pu kapav fer nanyé parski péna kas dan lakes. Tout ce qui se passe, c’est la responsabilité du Premier ministre qui se montre insensible», lâche-t-il.

Il sera soutenu par Me Sanjeev Teeluckdharry qui, rappelons-le, avait rejoint la grève de la faim aux côtés de Nishal Joyram, avant d’abandonner pour pouvoir accomplir ses devoirs professionnels. «Zordi nou pé trouv enn konba nob enn sitwayin ki pé lager pou so pep. Il a pris l’engagement de faire baisser le prix des carburants. Son état de santé se détériore et c’est grave. Li sagrinan séki pé arivé ek Nishal enn solda ki pa pou abandoné.»