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Protection de l’environnement: la COI au chevet du changement climatique et de la pollution plastique

30 novembre 2022, 21:00

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Protection de l’environnement: la COI au chevet du changement climatique et de la pollution plastique

Sans tambour ni trompette, la Commission de l’océan Indien (COI) mène depuis 2021 une lutte sans relâche contre l’érosion côtière, un des effets les plus manifestes du changement climatique qui affecte les pays qui en font partie. Elle dispose d’un budget de quelque Rs 437,5 millions pour doter les zones affectées des îles d’infrastructures susceptibles de relever le niveau de leur résilience. Lors d’un séminaire au Caudan Arts Centre le 3 décembre, la COI fera un état des lieux de la lutte qu’elle mène contre un autre phénomène non moins inquiétant, à savoir la pollution. Un combat que l’organisation mène de concert avec la Norvège.

Le changement climatique aura beau être un des plus gros défis auxquels l’homme a à faire face depuis le début de ce siècle et qui est susceptible de faire accroire que l’apocalypse est derrière la porte, il n’est pas parvenu à casser le moral des dirigeants des États du Bassin de l’océan Indien, à savoir l’Union des Comores, la France au nom de la Réunion, Madagascar, Maurice et les Seychelles. Puisque l’union fait la force, depuis 1984, ces États ont compris que c’est ensemble qu’il serait possible de faire face aux dangers parmi lesquels le changement climatique qui leur sont communs. Avec l’émergence du changement climatique, ces États n’ont éprouvé aucune difficulté pour y faire face grâce à la Commission de l’océan Indien qui, en tant qu’organisation intergouvernementale depuis sa création en 1984 aux termes de l’accord de Victoria, a décidé de ne pas baisser les bras face à ce phénomène climatique qui n’a toutefois pas dit son dernier mot.

Pour atteindre son objectif, la Commission de l’océan Indien s’est donné les moyens requis pour y parvenir. Elle trouvera à ses côtés, deux organisations qui ne vont pas hésiter à se manifester. Il s’agit de l’Agence française de développement et du Fonds français pour l’Environnement mondial. Preuve s’il en fallait une du rôle prépondérant de la France via la Réunion au sein de la Commission. Résultat : la Commission de l’océan Indien dispose d’un budget de 10 millions d’euros, soit quelque Rs 437,5 millions. Car sans argent, toute idée de lutter contre les effets du changement climatique risque de tomber définitivement à l’eau. Et c’est ainsi que la Commission dispose de fonds requis devant l’aider à faire face et de proposer des mesures de lutte contre les effets du changement climatique pour une durée de cinq ans entre 2021 et 2026.

L’an 2022 se termine sur une note on ne peut plus positive car elle aura permis à la COI de faire un état des lieux de ce qui est entrepris pour tenter de contrer les effets du changement climatique. L’effet commun à ces cinq État membres de la COI, c’est l’érosion des zones côtières. Un phénomène qui se manifeste par l’empiètement graduel de la surface de la mer sur les périmètres des côtes qui se rétrécissent de plus en plus et qui a de nombreuses conséquences parmi lesquelles, le risque de perte de l’habitat humain.

Sept sites pour des travaux de restauration

L’argent dont dispose la CIO lui a donc permis d’élaborer le projet RECOS, diminutif pour «Résilience des écosystèmes côtiers du Sud-Ouest de l’océan Indien». L’objectif général du projet vise tout naturellement à avoir recours à des dispositions susceptibles d’aboutir à un renforcement du niveau de résilience des populations littorales potentiellement exposées aux effets du changement climatique de même que les écosystèmes en tentant dans la mesure du possible de corriger les dégâts que ceux-ci ont subis et qui ont mis en déséquilibre l’environnement des êtres vivants qui s’y trouvent.

Pour s’assurer que les mesures mises en place atteignent les objectifs fixés, la structure du projet RECOS repose sur quatre pôles. Ils visent respectivement :

• au renforcement de la gestion des écosystèmes marins et côtiers aux échelles régionales et nationales et aux échanges d’expériences;

• à la coopération scientifique régionale sur les écosystèmes côtiers et la mise en œuvre de projets pilotes de restauration d’écosystèmes côtiers et de soutien à des filières d’exploitation durable des écosystèmes;

• à la communication, la sensibilisation et la capitalisation ;

• à la gestion de projet, la coordination, au suivi et à l’évaluation.

Après les travaux de la première réunion de son comité de pilotage tenus à Flic-en-Flac le mercredi 23 novembre, on en sait un peu plus sur l’évolution du projet RECOS sur le terrain. Une des premières initiatives prises par ce comité qui regroupe les représentants des États-membres de la COI a consisté à donner son feu vert pour la mise en place du contenu de la feuille de route du projet et les activités clés qui sont indispensables à réaliser, à savoir la restauration côtière, l’institution d’une plateforme susceptible de favoriser les échanges d’expérience ou encore la mobilisation de la communauté scientifique.

Principal objectif de la démarche : venir en aide à l’environnement de ces éco-systèmes qui servent d’habitat à des êtres vivants parfois invisibles à l’œil nu et qui visiblement étaient dans une situation de non-retour. Bref, leur offrir un second souffle sur la base de solutions inspirées de la nature et qui peuvent facilement s’intégrer dans un environnement en situation de détresse, voire à bout de souffle.

Sur le terrain les choses bougent. Car sept sites susceptibles de connaître des travaux de restauration de mangroves, de bénéficier d’un plan de gestion durable des pêches et des récifs, de lancer un programme de lutte antiérosive ou pour la mise en place d’un plan d’aménagement littoral ont été repérés à Mohéli (Comores), dans le district de Rivière-Noire de l’île Maurice, à Morondava, Atsimo Andrefana, Nosy Be et la Baie d’Antongil de Madagascar et aux Seychelles.

Les actions préconisées dans le cadre de la réalisation du projet RECOS ne vont pas se limiter qu’à ces sites pilotes. Les personnes chargées de la mise en place du projet RECOS lanceront des appels d’offres pour la mise en route d’autres projets au profit des collectivités locales, des organisations de la société civile ou encore des instituts de recherche de la région.

Lors de cette réunion, il a été indiqué que près de 50% du financement du projet RECOS seront consacrés aux actions de terrain. Un des points forts mis en évidence lors des travaux de cette réunion tenue à Flic-en-Flac est la nécessité de profiter de l’opportunité du projet RECOS pour renforcer une posture indispensable au renforcement de la COI sur le long terme. Il s’agit de créer l’environnement propice pour mutualiser les forces et les expertises régionales. Une opportunité dont l’émergence est rendue possible avec le projet RECOS.

L’intervention de la Commission de l’océan Indien pour tant soit peu atténuer les effets du changement climatique sur les zones côtières de ses membres ne va pas se cantonner dans le cadre du projet RECOS. Il y a aussi son implication dans le combat contre la pollution par des produits à base de plastique, une situation qui met en danger tant l’environnement marin que terrestre. La COI veut apporter sa contribution dans ce combat avec pour finalité d’améliorer la connaissance des impacts de la pollution marine occasionnée par des produits en plastique baladeurs, de promouvoir le sens de l’éducation à l’environnement et la sensibilisation aux dangers de la pollution plastique et promouvoir le recours à un modèle d’économie circulaire régionale qui favorise le recyclage des produits usagés là où c’est possible.

La COI et la Norvège font cause commune

L’intérêt de la Commission de l’océan Indien pour le combat contre la pollution plastique a débouché sur l’organisation d’un séminaire portant sur la gestion de la zone côtière le 3 décembre au Caudan Arts Centre. Une activité organisée en collaboration avec l’ambassade royale de la Norvège. C’est ce qui explique d’ailleurs l’escale à Port-Louis du grand voilier Statsraad Lehmkuhl de la «One expedition» qui sera à Maurice du 2 au 5 décembre. Une visite sur inscription de ce voilier est prévue à l’issue du séminaire. Il s’agit de la contribution de la Norvège par rapport à la nécessité de protéger les océans et le recours à un modèle de développement qui revendique du respect et de la retenue pour la nature et l’environnement et tout ce qu’ils renferment.

L’objectif général de ce séminaire est d’améliorer l’implication et la connaissance des acteurs de la zone côtière sur les questions climatiques, la pollution marine et les impacts sur l’environnement marin.


 

Plaidoyer du secrétaire général de la COI pour l’accélération du processus de développement durable

<p>Avec la mise en place du projet de résilience côtière, le Pr Vêlayoudom Marimoutou, secrétaire général de la COI, y voit une excellente opportunité pour que la COI contribue à l&rsquo;instauration d&rsquo;un modèle de développement durable. Il prenait la parole le 23 novembre à Flic-en-Flac dans le cadre des travaux du premier comité de pilotage du projet de résilience côtière de la Commission de l&rsquo;océan Indien connu comme le projet RECOS. <em>&laquo;Je souhaite que ce projet participe à l&rsquo;accélération d&rsquo;une action collective résolument ancrée dans la marche mondiale pour le Développement durable&raquo;</em>, devait-il indiquer. Il a précisé que la promotion d&rsquo;un mode de développement respectueux des équilibres a toujours fait partie des orientations fondamentales de la COI.</p>

<p><em>&laquo;Depuis plus de 35 ans, la COI développe son expertise à travers des programmes et initiatives sur les thématiques environnementales &ndash; c&rsquo;est en quelque sorte l&rsquo;ADN de notre organisation qui fête bientôt ses 40 ans. Les pays membres de la COI ont ainsi bénéficié d&rsquo;un accompagnement et de partenariats pour conduire des activités communes en faveur d&rsquo;un développement respectueux des équilibres écologiques. Je pense notamment aux programmes de gestion des zones côtières (ProGeCo) et ISLANDS soutenus par l&rsquo;Union européenne ou encore au projet de Gestion durable des zones côtières de la COI (GDZC-OI) sur financement du FFEM, entre autres.&raquo;</em></p>

<p>Pour le secrétaire général de la COI, la mise en place du projet RECOS se situe dans le cadre d&rsquo;une démarche de pérennisation. <em>&laquo;Dans la continuité de ces actions, et avec la volonté de créer des ponts entre ces initiatives d&rsquo;hier, d&rsquo;aujourd&rsquo;hui et de demain, le projet RECOS, financé par l&rsquo;Agence française de développement et le Fonds français pour l&rsquo;environnement mondial, s&rsquo;inscrit dans une démarche de pérennisation. RECOS vise, en effet, le renforcement des liens et synergies entre, d&rsquo;une part, les pratiques empiriques, les sciences et les décideurs, et, d&rsquo;autre part, entre nos îles de l&rsquo;Indianocéanie et la région élargie du bassin occidental de l&rsquo;océan Indien.&raquo; </em>Le Pr Vêlayoudom Marimoutou rappelle que la COI depuis sa création a toujours été exacte au rendez-vous. <em>&laquo;Chaque projet et chaque initiative de la COI ont apporté des éléments de solutions à des problématiques bien précises : gestion durable des ressources marines, gestion des déchets, éducation environnementale, lutte contre la pollution, réduction et gestion des risques naturels, adaptation et atténuation des effets du dérèglement climatique.&raquo;</em></p>

<p>L&rsquo;apport de la communauté scientifique pour trouver des solutions aux défis que pose le changement climatique est, de l&rsquo;avis du Pr Vêlayoudom Marimoutou, indispensable. <em>&laquo;Vous me permettrez ici d&rsquo;insister sur l&rsquo;importance de mobiliser la communauté scientifique à nos projets de coopération, plus particulièrement pour répondre aux défis du climat et de la biodiversité. Le dernier Symposium de l&rsquo;Association des sciences marines du Sud-Ouest de l&rsquo;océan Indien et bien entendu la COP27 ont rappelé combien il est nécessaire de créer des ponts entre la recherche et la politique publique, combien les actions de terrains doivent se nourrir de ce que nous apprenons du génie de la Nature, combien la résilience de nos populations dépend d&rsquo;une approche holistique des enjeux&raquo;</em>, devait-il souligner.</p>