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SDF à 23 ans: Jeremy et ses amis chassés par la police parce qu’ils lavaient des voitures

4 décembre 2022, 14:00

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SDF à 23 ans: Jeremy et ses amis chassés par la police parce qu’ils lavaient des voitures

La vie n’est pas toujours facile pour les jeunes. Encore moins en cette période de crise post-Covid-19. Alors imaginez ce que cela doit être pour ceux qui n’ont ni famille, ni logement, ni travail. L’un d’eux, Jeremy (prénom d’emprunt), 23 ans, nous livre son quotidien... 

Il n’a pas souhaité parler de son calvaire à visage découvert. Car la dernière fois qu’il l’a fait, il allègue avoir été tabassé par la police dans la capitale, quelques jours après. «Nous (NdlR, ses amis et lui, tous des SDF) lavions des voitures durant la journée pour gagner de quoi nous nourrir. Mais la police nous a chassés après la parution de l’article. Sous prétexte que nous perturbions les rues de Port-Louis. Ek ki nou pé fann savon lor simé ek ki sa kapav koz enn aksidan.» Depuis, Jeremy n’a plus de revenu. «Bruneau Laurette nous protégeait des abus de la police. Il était souvent à nos côtés. Il nous donnait un petit quelque chose. Aster li ousi népli la pou get nou», confie le jeune homme. 

SDF depuis ses 18 ans, Jeremy confie qu’il a été lâché sans repère et sans accompagnement, dans la rue. Avant, il a grandi dans un shelter et n’a pas vraiment connu ses parents ou ses proches. «Je me suis retrouvé sans rien, sans aucune aide à ma sortie du shelter. Je n’ai pas eu d’autre choix que d’élire domicile dans la rue.» Il y a quelque temps, il s’est lié d’amitié avec d’autres jeunes dans la même situation et ils avaient tous commencé à gagner leur vie ensemble en lavant des voitures. Mais depuis ‘l’épisode’ avec la police, chacun a pris une direction différente. «Nou zwenn koumsa mé nou népli ansam koumma avan.» 

Désormais, il dort à la belle étoile aux abords de la cathédrale Saint-Louis. Pourquoi ne cherche-t-il pas un autre travail ? Il explique qu’il a bien essayé de trouver du boulot comme aide-chauffeur ou même aide-maçon mais en vain. «Lavi difisil aster, travay mizer net.» Ce qui complique surtout les choses, c’est qu’il est un sans-papier. «Je n’ai ni extrait de naissance, ni carte d’identité. Je ne sais pas comment faire pour les avoir. Koumma mo kapav gagn enn travay ou mem enn lakaz si papyé mo péna.» 

Il explique que son but est d’avoir un petit lopin de terre où il pourra cultiver des légumes, les vendre et élever des animaux. «J’érigerai aussi une petite cabane sur place, où je pourrai dormir. Ce n’est pas grand-chose mais c’est toujours mieux que de dormir dans la rue.» Jeremy soutient avoir toujours eu ce rêve de champs et d’animaux. «Il y a un vieux Monsieur qui m’épaule dans les démarches pour obtenir ce terrain à bail. Mais je ne le vois plus depuis quelque temps. Il m’avait emmené faire des demandes dans des bureaux. Je ne sais pas où cela en est.» 

Aujourd’hui, Jeremy ne peut que compter sur la générosité de bons samaritains. «Kan pa gagn nanyé, res koumsa mem...» Pour combien de temps encore ?