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Inflation: Haute tension

4 décembre 2022, 16:00

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Inflation: Haute tension

Sur la base des tendances passées, des conditions récentes du marché et de l’évolution des prix, le taux global d’inflation pour 2022 devrait s’établir à 10,7 %, contre 4,0 % en 2021, indiquent les dernières prévisions de Statistics Mauritius publiées le 14 octobre. Il était de 11,9 % en glissement annuel jusqu’ici. Qu’il s’agisse de produits alimentaires, médicaments ou autres nécessités, la hausse du coût de la vie se ressent au quotidien. De plus, avec l’inflation, le taux d’intérêt monte et cela pénalise donc ceux ayant des emprunts bancaires.

Toutefois, la cherté de la vie n’affecte pas que les Mauriciens. Selon le dernier World Economic Outlook, l’inflation mondiale devrait passer de 4,7 % en 2021 à 8,8 % en 2022. En effet, depuis 2019, l’inflation à Maurice a été en hausse constante, comme le démontre le tableau de Statistics Mauritius ci-dessous. Dans le passé, soit dans les années 60 et 80, l’inflation a déjà atteint plus de 25 %. Puis, elle a baissé à un niveau très bas vers 1987, à environ 1,5 %. La plupart du temps, il y a eu une inflation à un chiffre, ne dépassant pas 9 %.

Ce sont des facteurs exceptionnels comme le Covid-19, la guerre en Ukraine qui sont venus compliquer la situation, soutient l’économiste Azad Jeetun. Le calcul de l’inflation tient compte des données du household budget survey, qui se fait environ tous les cinq ans à Maurice et démontre la tendance des dépenses des familles, explique-t-il. Ces dépenses sont réparties en différents produits et services et la tendance de ces prix est suivie mensuellement. Le Consumer Price Index (CPI) calcule le mouvement des prix en moyenne et son augmentation est appelée inflation. L’évolution du CPI donne donc la mesure de l’inflation dans le pays. Par ailleurs, Statistics Mauritius mènera un nouveau sondage sur le budget des ménages dès janvier 2023, le dernier ayant été réalisé en 2017. Le sondage tient compte des revenus des ménages et du coefficient de Gini (NdlR, un indicateur permettant de rendre compte du niveau d’inégalité qui varie entre 0 – égalité parfaite – et 1 – inégalité extrême), entre autres.

Plusieurs facteurs ont un impact sur l’inflation. L’économiste en cite les causes principales : les prix à l’importation en hausse qui se reflètent sur les prix des produits locaux. La hausse des prix des carburants au niveau international a un effet direct sur les prix des commodités en impactant le transport et les usines. Vient ensuite le taux de change. «La dépression de la roupie fait que les importations coûtent plus cher. Il y a aussi la masse monétaire. Plus il y a de la monnaie sur le marché et plus les prix augmentent. La hausse des salaires, par exemple, avec la compensation, crée de la demande et comme le salaire fait partie des coûts de production, le prix des produits est plus cher.» L’économiste ajoute que le déficit budgétaire ou encore la taxe qui s’ajoute aux prix est aussi un facteur d’inflation.

Pouvoir d’achat

Le pouvoir d’achat s’est affaibli car la hausse des prix réduit les biens ou services que les consommateurs peuvent acheter. Des familles sont en difficulté et les aides financières du gouvernement ne suffisent pour que les familles puissent joindre les deux bouts. Le secrétaire général de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (ACIM), Jayen Chellum, qualifie la situation actuelle de létan margoz. «Tout est plus cher. C’est très difficile pour les familles. Particulièrement ceux au bas de l’échelle et la classe moyenne. La perte du pouvoir d’achat est très élevée. La compensation salariale est un rattrapage du pouvoir d’achat mais même à Rs 1 000, c’est moins comparé à la perte du pouvoir d’achat. Sans compter la surtaxe et les prix élevés inacceptables des carburants.» Il estime que 2023 sera aussi une année difficile.

Toutefois, le plus important reste ce qui peut être fait pour combattre l’inflation. «La compensation salariale va pousser à l’inflation. C’est un cercle vicieux. Il faut une politique très claire pour combattre l’inflation et prendre les mesures nécessaires. Par exemple, ne pas déprécier la roupie», indique Azad Jeetun. Le World Economic Outlook soutient que «la politique monétaire devrait maintenir le cap pour rétablir la stabilité des prix, et la politique budgétaire devrait viser à atténuer les pressions sur le coût de la vie tout en maintenant une orientation suffisamment restrictive alignée sur la politique monétaire».