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Beaux-Songes: cauchemar pour la famille de Tariq

4 décembre 2022, 17:00

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Beaux-Songes: cauchemar pour la famille de Tariq

Dans quelques jours, cela fera huit ans depuis que ce jeune homme de 22 ans avait disparu avant d’être retrouvé deux jours plus tard, dans une mare de sang, à Beaux-Songes. Alors que l’affaire a été classée comme un suicide l’an dernier, sa famille peine à faire son deuil car elle reste persuadée que son ou ses assassins cour(en)t toujours...

Parveen Jannoo pleure son benjamin Tariq, qui aurait fêté ses 30 ans cette année. Il avait été retrouvé égorgé, le 8 décembre 2014, à Beaux-Songes. Pour cette maman, le temps s’est arrêté depuis. «Boukou soufrans sa», pleure-t-elle, au bout du fil. Le jeune homme de 22 ans, étudiant en mécanique au Mauritius Institute of Training and Development, était voué à un bel avenir. Tariq Jannoo ne ramenait que des bonnes notes et faisait la fierté de sa famille. «Il habitait chez ma sœur depuis qu’il était bébé. Comme elle n’était pas mariée et n’avait pas d’enfant, lorsque Tariq avait 40 jours, nous le lui avions confié mais nous vivions tous comme une grande famille. Li ti ena dé mama ki ti kontan li. Mo ser inn mort ek sa sagrin la», pleure Parveen.

Ne pouvant continuer à parler, elle passe le téléphone à son fils aîné, Tawseef Jannoo. Ce dernier, qui était âgé de 24 ans à la mort de son petit frère, se rappelle des faits comme si c’était hier. «Il n’y a pas un jour où on n’y pense pas et où on ne vit pas avec la douleur de ne pas savoir ce qui est arrivé à Tariq», déclare-t-il. Tout a commencé le 8 décembre. Tariq quitte la maison à Plaine-Verte, où il vit avec sa tante Afroze Kassee, vers deux heures du matin sur sa Suzuki 125 EN de couleur rouge pour aller s’acheter à manger.

 

‘’En 2021, l’affaire est classée comme un suicide faute de ‘mieux’. pour la famille, c’est un coup de massue.”

 

Ne le voyant pas revenir, sa tante commence à s’inquiéter comme ce n’était pas dans les habitudes du jeune homme de passer la nuit hors de la maison sans l’en informer. Elle attendra cependant le lever du jour pour contacter les parents de Tariq, leur disant que ce dernier n’était pas rentré. Durant l’enquête, un marchand de fast-food du centre de Plaine-Verte qui reste ouvert jusqu’à très tard, avouera qu’en effet Tariq lui avait commandé deux pains qu’il n’est jamais venu chercher...

L’alerte donnée, les recherches sont enclenchées et la police informée. Si la famille gardait espoir que Tariq Jannoo reviendrait, elle tombe des nues en apprenant deux jours plus tard que le corps du jeune homme a été retrouvé sur un terrain en friche derrière le réservoir de Beaux-Songes. Selon une source proche de l’enquête à l’époque, qui a accepté de nous parler sous le couvert de l’anonymat, le corps a été retrouvé en état de décomposition et le décès de Tariq a été attribué à deux entailles au cou. «Ses veines jugulaires ont été sectionnées à l’aide d’une arme tranchante.» La thèse du meurtre est tout de suite évoquée et la Major Crime Investigation Team s’empare du dossier.

Sur les lieux du crime, l’arme n’a pas été retrouvée, ni les effets personnels du jeune homme, comme son casque, son téléphone portable et son portefeuille. Sa Suzuki 125 EN de couleur rouge est un autre mystère dans cette affaire. Selon les enquêteurs, la moto était en bordure de la route à leur arrivée mais elle a disparu quelque temps plus tard alors qu’ils avaient le dos tourné... Si au fil de l’enquête, on indiquera qu’elle a dû être volée, certaines sources révèlent que le ou les tueurs seraient revenus sur les lieux pour s’en débarrasser. Et comme à l’époque il n’y avait pas de caméras Safe City, notamment, les recherches pour retrouver le deux-roues sont restées vaines.

Au fil des jours et des mois, plusieurs thèses sont avancées mais il n’y a aucune piste concrète. En premier lieu, se pose la question du lieu où le corps de Tariq a été retrouvé. Pourquoi le jeune homme a-t-il parcouru tous ces kilomètres de Plaine-Verte à Beaux-Songes alors qu’il avait commandé de la nourriture dans sa localité ? Avait-il rendez-vous avec quelqu’un ? L’a-t-on appelé lui demandant de s’y rendre ? Des questions restées sans réponses… Comme Tariq était très apprécié dans le voisinage, dans son école et n’avait aucun problème familial, les enquêteurs se tournent vers la thèse d’un possible assassinat sur fond de relation amoureuse et de jalousie.

Pour explorer cette piste, l’ordinateur et le téléphone portable du jeune homme sont mis sous scellés. Les officiers de l’IT Unit passent au peigne fin sa liste d’amis sur les réseaux sociaux pour savoir s’il entretenait une relation amoureuse. Rien. Son relevé d’appels téléphoniques est aussi passé au crible. Toujours rien de suspect.

Certains de ses proches diront qu’il était en couple avec une fille d’une autre religion et que la famille de cette dernière n’était pas d’accord ; mais cette piste est abandonnée car rien sur ses plates-formes sociales ou autres n’indique qu’il avait une copine. D’ailleurs, son frère Tawseef soutient cela. «Tariq n’était pas en couple. Je l’aurai su. Tou bann dimounn li ti frékanté nou ti koné.»

Mais qui a donc pu commettre cet acte odieux ? Selon la famille personne jusqu’ici ne peut le dire. Ni la police d’ailleurs, car en 2021, l’affaire est classée comme un suicide faute de ‘mieux’. Pour la famille, c’est un coup de massue, compte tenu de toutes les preuves, y compris le rapport du médecin légiste, qui avait conclu qu’il s’agissait bien d’un assassinat. «Apré tousa lané-la zot inn vinn dir swisid, koumma nou kapav aksepté sa? Zamé nou fami pou an pé parski nou koné ki kikenn finn touy Tariq mé pa finn ena zistis», déclare avec tristesse Tawseef.

Pour toute la famille Jannoo, la disparition de Tariq demeure un mystère. Une énigme douloureuse dont l’unique pensée leur fend le cœur.