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De la prison à l’hôpital psychiatrique: la choquante histoire de Gérard
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De la prison à l’hôpital psychiatrique: la choquante histoire de Gérard
Il était accusé de violence domestique. Puis il a été placé en détention préventive. Il a ensuite atterri en prison. Avant d’être admis à l’hôpital de Rose-Belle puis finalement à l’hôpital psychiatrique…
«Si mon époux avait obtenu la liberté sous caution, pourquoi ne nous en a-t-on pas informés, et aussi de la détérioration de son état de santé ?», se demande d’emblée Jeannine Gopal. La retraitée de 65 ans ne comprend pas comment son époux Gérard, qui était en bonne santé physique et mentale, s’est retrouvé à l’hôpital de Rose-Belle et à Brown Sequard. L’affaire remonte au 16 août 2022. Après une dispute, elle porte plainte au poste de police de Terre-Rouge contre son époux pour violence domestique. «Je n’étais pas blessée, mais j’étais hors de moi… La police a donné un avertissement à mon mari.»
Le 1er octobre, une deuxième dispute aurait éclaté, mais sans altercation physique. Des voisins ayant alerté la police, Gérard Gopal est arrêté et passe deux nuits au poste avant de comparaître au tribunal le 3 octobre. Le magistrat ordonne sa libération sous caution. Selon ses proches, «quand il a été arrêté, il n’avait pas d’argent sur lui et le policier responsable du poste de Terre-Rouge, M.S., ne nous a informés ni de sa comparution en cour, ni de sa libération conditionnelle». L’homme de 69 ans est envoyé on remand à la prison centrale avant d’être admis à l’hôpital de Rose-Belle, sans que sa famille n’en soit informée.
Toujours selon une proche, le policier M.S aurait appelé Jeannine Gopal le 10 octobre pour voir si tout allait bien. Cette dernière l’informe que son mari n’est pas rentré depuis son arrestation. «Polisyé-la dir mwa Gérard bizin lao alor. Je lui demande ce qu’il veut dire et il mentionne la prison de Beau-Bassin.» Après plusieurs tentatives pour lui rendre visite à la prison, elle apprend que son mari se trouve à l’hôpital de Rose-Belle.
Le 14 octobre, alors qu’elle parvient enfin à lui rendre visite brièvement à l’hôpital, c’est le choc. «Il était faible, enchaîné, il avait des menottes aux mains et aux pieds. Il avait aussi une grosseur au bras et n’était vêtu que d’une chemise courte et d’une couche. Le personnel soignant m’a dit qu’il prononçait des phrases incompréhensibles et qu’il ne pouvait pas contrôler sa vessie, ce qui expliquait la couche. Cela m’a choquée car mon mari était un homme fort, physiquement et mentalement, et n’a jamais été malade», assure Jeannine.
Incohérences
Pour la fille du couple, Prisca, la police aurait agi avec négligence. «J’étais en France et pensais que mon père allait être libéré sous caution. Lorsque j’ai appris ce qui s’était passé, j’ai appelé le poste de Terre-Rouge, mais le policier M.S. a refusé de me donner les détails pertinents… Je suis donc venue à Maurice et j’ai retenu les services d’un avocat.» Aux deux audiences au tribunal, la police n’aurait pas amené son père, dit-elle, sous prétexte qu’il ne pouvait être déplacé de l’hôpital en raison de son état. «À la troisième audience, le magistrat a ordonné que mon père soit amené en ambulance, si nécessaire, mais la police n’a pas respecté l’ordre.»
Gérard Gopal sera ensuite transféré à l’hôpital Brown Sequard, le personnel soignant ayant déclaré à ses proches qu’il avait un excès d’alcool dans le sang, nécessitant une désintoxication. «C’est surprenant car mon père ne consommait pas d’alcool (...) Les médecins nous ont aussi dit qu’une veine se serait rompue dans son cerveau, expliquant ses difficultés à parler. Ensuite, on nous a sorti une autre explication que mon père souffrait de pertes de mémoire. Et à Brown Sequard, qu’il est atteint d’Alzheimer.» Tout cela aurait poussé la famille Gopal à avoir de sérieux doutes sur ce qui est réellement arrivé à Gérard. Le 17 octobre, n’ayant pas d’autre choix, Jeannine s’est rendue au poste de Terre-Rouge pour enlever ses plaintes et obtenir la libération de son mari.
Contactée, une source officielle du Police Press Office explique que, vu la plainte antérieure et les potentielles répercussions familiales, la police a traité l’affaire promptement. «Si la famille n’a pas fourni la caution, le tribunal envoie la personne on remand et quand la caution est fournie, elle est libérée. Les procédures ont été respectées. Néanmoins, si les proches estiment qu’il y aurait eu des maldonnes d’un policier, une plainte peut être déposée à l’Independent Police Complaints Commission.» Prisca Gopal nous confirme qu’elle y a déposé une plainte en ligne et attend toujours une réponse. Gérard Gopal a été libéré vendredi sur une caution de Rs 3 500. Deux charges formelles de violence conjugale sont retenues contre lui. L’affaire sera entendue le 9 février 2023.
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