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Retour sur les lieux du…: Fawzia battue à mort par sa belle-soeur à cause d’un «esprit»

18 décembre 2022, 19:00

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Retour sur les lieux du…: Fawzia battue à mort par sa belle-soeur à cause d’un «esprit»

Demain, cela fera 11 ans depuis que Bibi Fawzia Mohamed Hossain, 62 ans, a été retrouvée morte dans sa maison à Grande-Retraite. Elle avait été étouffée après avoir subi des coups et blessures ainsi qu’une agression sexuelle. Sa belle-soeur et son frère furent arrêtés pour ce meurtre mais l’issue de l’affaire reste inconnue...

Onze ans se sont écoulés depuis que le village de Grande-Retraite, à côté de Bon-Accueil, a été témoin d’un terrible drame. Ceux qui s'en souviennent le qualifient «d’horreur». Selon nos recoupements avec ceux qui ont travaillé sur cette affaire, les faits se sont produits dans la journée du 19 décembre 2011. Noorani Mohamed Hossain, âgé à l’époque de 53 ans, reçoit un coup de téléphone de sa soeur Fawzia Mohamed Hossain. Cette dernière, affolée, lui demande de revenir vite à la maison car son épouse Nazmine Mohamed Hossain, qui avait 47 ans, était «possédée par un esprit». Surpris par les dires de sa soeur, Noorani Mohamed Hossain confiera aux enquêteurs qu’il a tout de suite quitté son lieu de travail dans la capitale pour rentrer chez lui. 

Lorsqu’il est arrivé, en entrant dans une des chambres, il affirme avoir vu sa soeur Fawzia qui frappait son épouse à coups de rotin bazar alors que cette dernière était à terre et faisait de drôles de bruits. Fawzia lui aurait alors demandé de frapper son épouse «pou tir lespri la». Nazmine se serait tout à coup relevée et maintenu Fawzia par la force en soulevant son tious. Elle lui aurait ordonné «d’avoir des relations sexuelles» avec sa soeur. Choqué, il affirme s’être enfui pour se rendre dans la capitale à la recherche d’un prêtre et qu’à son retour, sa soeur était morte et son épouse se trouvait dans un état psychotique. 

Selon le Dr. Sudesh Kumar Gungadin, chef du département médico-légal de la police, qui s’est occupé du cas, quand la police et lui sont arrivés sur les lieux, la maison était sens dessus dessous. Il y avait des vêtements et divers autres objets gisant partout par terre. Dans la chambre où se trouvait le corps de Fawzia Mohamed Hossain, la scène était effroyable. «Elle gisait inerte sur le sol à moitié nue. Son corps portait de visu plusieurs blessures et il y avait du sang partout sur le sol et autour», se rappelle le médecin-légiste. 

En faisant l’autopsie, le Dr. Sudesh Kumar Gungadin explique avoir découvert plusieurs blessures sur le corps de Fawzia, y compris dans ses parties intimes, révélant qu’elle avait aussi été agressée sexuellement. Elle avait un pied et deux côtes fracturées, un saignement dans la tête, entre autres. «La cause de sa mort a été l’asphyxie par étouffement. En la frappant, on a dû s’asseoir sur sa poitrine et comprimer sa respiration, ce qui a causé sa mort.» 

Du côté de la police, les soupçons se sont portés immédiatement sur Nazmine et son époux Noorani. Les deux ont été arrêtés sur les lieux du crime. Selon nos recoupements, un morceau de bois, un balai et un rotin bazar ont été secured comme pièces à conviction. Après que Nazmine Mohamed Hossain a été emmenée au poste de police, une psychiatre du ministère de la Santé a été chargée d’évaluer son état mental. Il a été alors noté qu’elle agissait comme une personne saine d’esprit car elle répondait clairement aux questions qu’on lui posait. Dans sa déposition, elle avait déclaré qu’elle n’avait aucune intention de tuer sa belle-soeur. Mais sa version des faits était totalement différente de celle de son mari. 

Elle avait déclaré que Fawzia Mohamed Hossain se trouvait en sa compagnie quand celle-ci a fait subitement un malaise qui, avaitelle affirmé, était lié à la sorcellerie et que c’est pour cela qu’elle l’avait frappée. «J’ai commencé à lui donner des coups pour que l’esprit sur elle la quitte. Mais elle est tombée et c’est là que mon mari, qui se trouve être son frère, est intervenu.» Toutefois, malgré sa lucidité du premier jour, Nazmine Mohamed Hossain a dû être internée en urgence à l’hôpital Brown-Séquard, le 21 décembre 2011. 

Le couple était en liberté provisoire et l’affaire a été logée en 2014 sous une accusation de coups et blessures ayant entraîné la mort, mais sans intention de la donner. En 2018, les audiences ont été plusieurs fois renvoyées à la demande de l’avocat du couple, mettant en avant la santé mentale de Nazmine Mohamed Hossain. Selon nos recoupements, elle a fait le va-et-vient à l’hôpital psychiatrique pendant toutes les années qui ont suivi le crime. Noorani Mohamed Hossain a même confié à la cour en 2018 qu’il faisait face à des problèmes d’argent tant il avait cherché de l’aide auprès de médecins pour soigner l’état mental de son épouse qui ne cessait de se dégrader. 

Durant toute l’enquête, Noorani a clamé son innocence. Le 19 août 2019, le couple a été appelé en cour intermédiaire. Le police prosecutor a soumis un rapport d’une psychiatre attestant que Nazmine Mohamed Hossain souffrait de dépression et qu’elle était inapte à faire face à un procès. L’affaire a été renvoyée pour rechercher un avis du Directeur des poursuites publiques. Onze ans plus tard, il n’y a toujours pas eu d’issue finale à ce drame, qui demeure toujours un mystère... Nous avons tenté de joindre des proches du couple et de la victime, mais sans succès. Des personnes qui les connaissaient indirectement, ont aussi refusé de faire tout commentaire.