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Rassemblement, virée à l’hôtel, non-port du masque: les Mauriciens se lâchent

19 décembre 2022, 20:00

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Rassemblement, virée à l’hôtel, non-port du masque: les Mauriciens se lâchent

Après deux ans de restrictions sanitaires, la population fait de la détente sa priorité. Sortie en famille, virée dans les hôtels, achats, rien ne sera laissé de côté en cette fin d’année. Le port du masque et les gestes barrières sont rangés aux oubliettes, au grand dam du directeur de l’hôpital ENT. Car le Covid-19 continue de circuler.

Les centres commerciaux et les grands magasins sont pris d’assaut depuis une semaine. Les acheteurs sont déjà en mode repérage en attendant l’arrivée du bonus de fin d’année. Leur leitmotiv : à bas les restrictions. «On a rongé notre frein pendant deux ans. Il n’y a presque pas eu de réunion de famille, le masque était encombrant. Aujourd’hui, on respire», lance Arnaud, rencontré aux abords d’un magasin. Il fait du lèche-vitrine. Il est à la recherche du cadeau que le Père Noël donnera à sa fille de six ans. Arnaud confie que cette année, sa famille a décidé de passer les fêtes à l’hôtel, malgré le prix quelque peu exorbitant.

Nous évoquons le sujet avec un représentant de la compagnie Marideal, spécialisée dans le booking des hôtels pour les Mauriciens. D’emblée, il précise que la demande a été plus élevée qu’au cours des deux dernières années. «Je pense que du fait qu’il n’y ait plus de restriction au niveau des hôtels, cela aussi fait pencher la balance de ce côté.» Notre interlocuteur avance que depuis le mois d’octobre, les Mauriciens ont déjà réservé leurs places pour décembre. «90 % des hôtels sont déjà remplis, un mix entre les touristes et les locaux. Trouver une place en cette période s’avère être très difficile. Sans parler du prix des hôtels qui a augmenté pour ce mois de décembre.» Le représentant de la compagnie Marideal préfère proposer aux Mauriciens de réserver pour janvier. «Les hôtels sont même exigeants, demandant aux clients de réserver pour trois ou cinq nuits. Ce qui revient à encore plus cher.» Mais il reste pantois en constatant que les locaux n’hésitent pas à mettre la main à la poche en cette période festive. «On dirait que beaucoup veulent oublier le Covid-19.»

Au grand regret du Dr Soobaraj Sok Appadu, directeur de l’hôpital ENT. Beaucoup semblent oublier que le virus continue à circuler, avance-t-il. «Les gens se retrouvent dans des endroits où il y a une forte concentration de personnes et sans le port du masque.» Cette négligence risque de leur porter préjudice dans les prochaines semaines. «Il ne faut pas oublier qu’il y a aussi le changement de saison. En décembre, il fait encore un peu frisquet. Cela peut provoquer l’émergence de la grippe saisonnière. Les scientifiques américains ont découvert un nouveau variant grippal qui est très coriace. Nous sommes loin d’en être à l’abri.»

Pour le directeur de l’hôpital ENT, les Mauriciens ne doivent pas oublier que le Covid-19 est toujours présent. «Quand je vois que pendant la Coupe du monde au Qatar, personne ne portait le masque dans des stades de plus de 60 000 places…» Il comprend certes le ras-le-bol du port du masque et des mesures sanitaires. «Mais il faut que les gens se ressaisissent. Personne ne veut revivre la situation de ces deux dernières années.»

Toutefois, il ne faut pas généraliser, comme le soutient Atish Luchoo. Ce dernier exerce comme skipper sur la plage de Trou-aux-Biches. «J’ai des clients qui préfèrent réserver un bateau uniquement pour leur famille, qu’importe le coût, juste pour ne pas être mélangés à d’autres personnes. Chacun se protège comme il peut.» Il constate que des touristes haut de gamme sont présents à Maurice. «Je pense que l’on doit beaucoup au travail fait par la Mauritius Tourism Promotion Authority (MTPA). L’Europe est présente en grand nombre.»

Pour ce qui est des Mauriciens, Atish Luchoo s’aperçoit que beaucoup veulent se faire plaisir et n’hésitent pas à faire une balade en mer. «On leur propose un prix moins élevé afin qu’ils puissent trouver leur bonheur. On sent qu’ils veulent essayer d’oublier ces deux dernières années avec toutes ces restrictions et sont prêts à payer…»

Avis que ne partage pas nécessairement Raj Appadu, président du Front commun des commerçants. Il observe que les petits commerces peinent à sortir la tête de l’eau. «Le loyer est devenu élevé, sans parler du coût des produits qui a doublé. Ceux qui ne bénéficient pas d’un bon salaire arrivent difficilement à faire des économies. Donc, on ne devrait pas s’attendre à de grands achats au niveau des petits commerçants.»

Pour lui, la priorité demeure l’achat des denrées alimentaires dont le prix a pris l’ascenseur également. «La population souffre et ne peut se permettre l’achat des produits de luxe.» L’opération «serre ceinture» se poursuit, d’autant que le mois de janvier se profile. «Les gens auront leurs salaires et bonus vers le 20 décembre et devront tenir jusqu’au 29 janvier. Certains vont bien galérer.» Il s’inquiète aussi de la récession prévue en 2023 et dont parle la Banque mondiale. «Nous avons demandé et écrit plus de 100 lettres au ministre du Logement, Steven Obeegadoo, pour qu’il puisse revoir la Landlord and Tenant Act et que les propriétaires ne demandent pas une hausse du loyer. Mais nos demandes sont restées sans réponse…»

À l’aube de 2023, la population est face à un choix : soit dépenser sans compter pour oublier les deux années de pandémie ou se concentrer sur les jours difficiles qui s’annoncent.