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Terminal Urbain de Victoria: Vive le vent du changement ou peut-être pas…
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Terminal Urbain de Victoria: Vive le vent du changement ou peut-être pas…
On pensait qu’un nouvel air allait souffler sur le quotidien des marchands du Victoria Urban Terminal (VUT). Si, cette année-ci, beaucoup n’auront pas à courir, produits en main, pour échapper à la police, le sort de ceux du VUT n’augure rien de bon en ce début de semaine, à l’aube des festivités : étals vides et clients absents. Visite des lieux…
La chaleur étouffante de décembre se fait ressentir en ce lundi. Les clients se ruent vers le VUT, histoire d’être au frais. Florise (*) propose des letchis entre Rs 50 et Rs 125 la livre, mais les acheteurs sont rares, même si son étal ne se trouve qu’à une cinquantaine de mètres de l’entrée principale. «En réalité, mon étal se situe dans la dernière rangée, et regardez combien de marchands s’y trouvent.» En effet, seuls deux marchands occupent tout l’alignement. «J’ai écrit à maintes reprises à la municipalité, leur expliquant qu’il y a des étals libres à l’entrée du VUT. Je leur ai demandé si je pouvais occuper un présentoir plus visible du public, mais j’ai essuyé un refus catégorique.»
Elle explique que sa demande est justifiée car les clients ne viennent pas jusqu’au fond pour acheter des fruits et légumes. «Ils sont satisfaits de ce que les premiers marchands leur proposent et ne vont pas plus loin. Je peux compter le nombre d’acheteurs que je reçois par jour.» Elle n’est pas la seule à s’exprimer à ce sujet. Faviola Rabaye fait face au même souci. On se souvient qu’elle était la première à opérer au VUT, lors du lancement du 9 mai. Souriante, elle vendait ses légumes, pensant que, désormais, tout allait lui sourire. Mais c’est la désillusion depuis. «J’occupe aussi un autre étal. Je sais que son propriétaire, étant souffrant, ne m’en voudra pas. Mais les ventes sont lentes et, malheureusement, les légumes finissent souvent en denrées pour les animaux.»
Même son de cloche auprès des marchands de vêtements. «La mensualité de Rs 4 000 est devenue une plaie. Il y a des jours où nous ne faisons même pas une seule vente. Face à cela, qu’est-ce qui est le plus important : nourrir notre famille ou payer la cotisation ?», s’interroge Noor (*). Elle ne voit pas le bout du tunnel. «On était mieux sur le chemin. Malgré les conditions climatiques, au moins, on pouvait faire des ventes. Surtout en cette période de fête. Aujourd’hui, même nos anciens clients ne viennent plus nous voir.» Elle montre les différents étals, vides et fermés autour d’elle. «Mon voisin vient à la mi-journée. Il observe la clientèle et, après deux heures, il ferme son stand. Il sait qu’aucune vente ne sera faite. Combien de temps, nous allons pouvoir tenir ?»
Des lettres ont été envoyées à la mairie afin qu’une solution soit trouvée. Mais, à ce jour, aucune réponse concrète n’est parvenue aux commerçants. Mohamed (*), un autre marchand, pointe aussi du doigt l’attitude de ses collègues. Son étal se situe tout à l’arrière du complexe. «Certains marchands bloquent le passage avec leurs produits. Nous nous sommes plaints auprès de la mairie, et des inspecteurs sont passés. Mais une fois le dos tourné, tous les articles sont revenus obstruer le couloir. Ce qui fait que les clients ne viennent pas jusqu’à nous, pensant qu’il n’y a aucun marchand au fond.»
C’est aussi la déception pour ce jeune couple. Asick Abdool et son épouse se sont lancés dans le commerce de vente de draps de lit et de vêtements. «Je me retrouve souvent à crier afin d’attirer la clientèle», dit Asick. Toutefois, il craint une nouvelle propagation du Covid-19. «On voit que le nombre de cas augmente, et cela fait repenser à tout ce qui s’est passé depuis 2020. Cette crainte ne nous quitte pas, surtout les répercussions.» Et, avec la hausse de la facture d’électricité prévue pour février, notre interlocuteur voit 2023 d’un œil sceptique. «D’autant que la vente ne décolle pas, bien que les gens aient obtenu leur boni de fin d’année.»
Pour Deva Soopramanien, la récolte est pour le moment mi-figue, mi-raisin. «Il n’y a pas encore de ‘mouvement’ comme lors des précédentes années, dites normales, on va dire. Avant le Covid-19.» Son étal est situé au deuxième étage, encore plus loin de la foule. «Heureusement, je peux compter sur certains de mes clients réguliers.» Au début de 2023, il compte changer d’étal pour être plus visible du grand public. «Les ventes ont chuté. Il faut aussi dire que les gens font des achats intelligents. Surtout avec le coût élevé de la vie, il faut savoir faire des économies.»
Tous ces commerçants ne souhaitent qu’une seule chose : pouvoir se faire quelques sous, histoire de passer une bonne fin d’année car, pour le moment, 2023 leur semble bien sombre.
(*) prénoms modifiés
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