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Élections aux conseils de districts: Jeux, enjeux et hors-jeu

25 décembre 2022, 10:00

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Élections aux conseils de districts: Jeux, enjeux et hors-jeu

Les mauvaises habitudes ont la vie dure. À la vielle des élections des présidents et vice-présidents des conseils de districts, le gouvernement – quel qu’il soit – déploie les gros moyens pour que ses poulains occupent les postes tant convoités. C’est une nouvelle fois le cas et la raison est simple : une fois que leurs «protégés» sont en poste, les politiciens peuvent les faire danser à leur rythme...

Ainsi, pour ces élections qui ont débuté jeudi et se dérouleront jusqu’à mercredi prochain, tous les moyens sont bons pour que des fidèles du régime accèdent à ces postes ou qu’ils y restent. Les réunions se sont succédés ces derniers jours au Sun Trust, où les choix des candidats se font et se défont. Ministres et députés y sont présents pour présenter leurs choix. Ce n’est pas Manoj Ramrup, candidat malheureux au poste de président à Flacq qui dira le contraire.

Mais ce qui interpelle le plus, c’est cette tentative de mettre hors-jeu ceux qui sont considérés comme gênants pour des ministres. Si un conseiller de district – chargé de voter pour le président et vice-président – est perçu comme quelqu’un qui défiera le mot d’ordre gouvernemental, il y aura des tentatives pour le remplacer.

Dans ce cas, il suffit que cinq conseillers sur neuf déposent une motion de blâme contre lui et des élections au niveau du village council pour élire un nouveau conseiller de districts sont organisées. C’est ce qui se passe actuellement… Les proches du gouvernement ont réussi leur coup à Grand-Gaube, Mapou et Plaine-des-Roches, par exemple, mais par contre, tel n’a pas été le cas à Mare-d’Albert et The Vale où des conseillers perçus comme des personnes qui ne se laisseront pas manipuler ont été élues.

L’autre fait dénoncé : que certains conseillers de districts, proches des ministres, soient nommés au sein des commissions qui décident de l’implémentation de divers projets. Une fois nommés, ils ne peuvent être remplacés. Ils «prennent alors racine» au sein desdites commissions, ironisent des conseillers. Même les dates et les heures des élections sont choisies selon le bon vouloir des ministres. Normalement, le Chief Executive d’un conseil de district reçoit des directives du ministère des Administrations régionales pour fixer ces paramètres et les élections sont normalement organisées entre 10 heures et 14 heures.

Or qu’avons constaté cette fois ? À Flacq, les élections initialement prévues au début de la semaine prochaine ont eu lieu vendredi dernier à 16 heures. La raison étant qu’il y avait la réunion du conseil des ministres pendant la journée et ceux-ci n’auraient pu être présents. Nous apprenons, qui plus, est qu’à Grand-Port, où un candidat proche du PTr a le vent en poupe, les élections sont prévues mercredi prochain à 18 heures. Cela parce qu’un conseiller de district doit être choisi au courant de la journée et celui qui sera élu votera en faveur du candidat proposé par le gouvernement !

«C’est surtout le prestige d’être souvent à côté des ministres et surtout du premier ministre qui séduit.»

À Flacq, durant les jours précédant les élections qui se sont tenues vendredi dernier, des conseillers ont été appelés à passer plusieurs heures ensemble chaque soir lors de dîners. Même avant de se présenter au siège du conseil de district, ils ont pris le déjeuner ensemble avant de se diriger vers la salle de vote, sous la supervision des ministres. Mieux encore, l’un d’eux se dit fier du fait qu’il a quadrillé le terrain pour que son poulain soit élu…

Qui des promesses, des répercussions ? «Si to pa vot sa kandidala to vilaz pa pou gagn okenn developman.» Dernièrement, d’aucuns ont même eu recours au chantage. Il nous revient que dans certains cas, l’argent – de grosses sommes allant jusqu’à 100 000 circulent – de même que la garantie d’un emploi pour un proche, servent pour faire basculer les votes en faveur de tel ou tel candidat.

Pourquoi ce désir de devenir président ? Si c’est vrai que celui-ci obtient des belles allocations – environ Rs 70 000 par mois – une voiture avec chauffeur, pour beaucoup d’autres, c’est surtout le prestige d’être souvent à côté des ministres et surtout du Premier ministre qui séduit. D’ailleurs, dès qu’un conseiller devient président ou vice-président, ses remerciements vont au leader du MSM et aux ministres et députés de sa circonscription...