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2023: jusqu’où l’inflation s’envolera-t-elle ?
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2023: jusqu’où l’inflation s’envolera-t-elle ?
La poussée inflationniste va-t-elle durer en 2023 ou a-t-elle déjà atteint ses limites ? Devrait-elle dans les semaines, voire les mois à venir, emprunter une courbe descendante? Tout en se basant sur des études déjà réalisées, économistes et autres institutions étrangères sont partagés sur cette problématique.
En attendant, à Maurice, l’inflation globale (headline inflation) s’élevait à 10,3 % en novembre dernier contre 3,7 % pour la même période l’année dernière. Si certains s’accordent à dire que cette constante hausse est le résultat de la guerre en Ukraine vu qu’elle a fait grimper les prix de l’énergie, donc une inflation importée, d’autres estiment qu’il y a d’autres raisons.
L’économiste Pierre Dinan soutient qu’il ne faut pas occulter le fait que dans le concret, la pandémie a réduit la capacité de production et des offres de service dans pratiquement tous les secteurs d’activité économique des pays à l’échelle mondiale, cela allant de la manutention réduite dans les ports, les aéroports, les champs et les usines, aux pouvoirs décisionnels restreints dus au confinements en passant par la réduction du personnel en raison de la maladie.
De plus, il y a le haut degré de liberté des échanges commerciaux entre les pays conformément à l’accord multilatéral du commerce. «Maurice est un bon exemple. Notre pays a une économie très ouverte. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il est clair que l’inflation qui sévit chez nous est due à des causes étrangères, dont la dépréciation de la roupie engendrée par le large déficit du commerce extérieur», estime l’économiste. Sans compter, dit-il, que les pressions sur les devises ont obligé la Banque de Maurice ces derniers temps à «liquider ses ‘chères devises’ à un prix concurrentiel, c’est-à-dire pas cher, afin de pouvoir satisfaire la demande de ses clients mauriciens».
Pour autant il ne faut pas oublier que selon certains spécialistes, la démarche de la Bank of Mauritius (BoM) d’avoir recours à la planche à billets pour transférer Rs 158 milliards à l’État pour bail out le pays durant la crise pandémique en 2020, a contribué à alimenter cet environnement inflationniste en exerçant de fortes pressions sur les prix avec une roupie largement dépréciée. Le décor étant planté pour mieux comprendre la genèse de cette inflation, quelles devraient être ses perspectives en 2023 ?
Un récent rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) constate que l’inflation, tirée par les cours élevés de l’énergie, devrait toujours peser sur la croissance mondiale l’année prochaine. Au nom de cette organisation, Alvaro Santos Pereira a présenté un scénario qui «n’est pas une récession mondiale, mais un net ralentissement de l’économie mondiale en 2023, ainsi qu’une inflation toujours élevée, mais déclinante dans de nombreux pays». Comme solution l’organisation internationale appelle les banques centrales à poursuivre leur «resserrement de la politique monétaire pour combattre l’inflation» engagé en mars pour la Réserve fédérale américaine et en juillet pour la Banque centrale européenne.
Or, cette politique monétaire est aujourd’hui contestée par certains économistes qui pensent que le recours au taux d’intérêt pour combattre l’inflation a ses propres limites et peut avoir l’effet contraire en réduisant grandement le pouvoir d’achat de la population.
La BoM a adopté de son côté une approche prudente et graduelle vers cette politique de normalisation, estime son gouverneur, Harvesh Seegolam. Ce qui a poussé l’institution bancaire à augmenter à quatre reprises son taux directeur, totalisant 265 points de base sur l’ensemble de 2022, à 4,5 %. Elle espère ramener l’inflation à 5,6 % en 2023 contre le taux de 10,6 % estimé en 2022.
Cet objectif s’explique également par le fait que la tendance mondiale des prix des commodités est à la baisse. Le cours du Brent était hier à USD 84,54 le baril contre USD 94 le baril le mois dernier. Idem pour l’indice FAO des produits alimentaires qui a baissé sur neuf mois consécutifs jusqu’à novembre. Des facteurs qui pourraient impacter positivement le cours de l’inflation en 2023.
Cependant, à Maurice comme dans d’autres pays, les États maintiennent les aides financières aux ménages pour essayer d’atténuer la flambée du coût de la vie ; mais certaines organisations comme l’OCDE soulignent toutefois que le soutien budgétaire doit être plus ciblé et temporaire pour les plus vulnérables. Pierre Dinan souhaite en tout cas qu’on cherche ensemble «les clefs qui nous aideront à vaincre les conséquences de l’inflation, largement importée, mais aussi alimentée par nos hésitations à nous reprendre en charge»…
Vaste chantier, n’est-ce pas ?
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