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Prix: le père Noël voit rouge

25 décembre 2022, 20:30

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Prix: le père Noël voit rouge

Nous avons eu droit à des cadeaux empoisonnés cette année. Le coût de la vie a connu une hausse vertigineuse, les carburants pompent le compte en banque, le Repo Rate a perturbé le sommeil des emprunteurs, entre autres. Du coup, même si les Mauriciens lâchent un peu de lest côté porte-monnaie, le budget réduit ne permet pas de faire de folies. On privilégie le nécessaire au superflu et les repas de fêtes ont un goût de prudence. Le Père Noël a dû revoir ses plans alors que les moins chanceux dépendent plus que jamais de l’entraide et de la générosité…

À Maurice comme ailleurs dans le monde, ça sent le sapin, le cœur n’est pas tout à fait à la fête. La faute au cyclone qui secoue le porte-monnaie, surtout chez nous. Si les enfants croient toujours au Père Noël, les adultes eux se demandent à quelle sauce ils vont être mangés. Malgré la morosité, les Mauriciens se démènent pour essayer de faire plaisir à ceux qu’ils aiment. En jonglant notamment avec la hausse des prix des denrées alimentaires, celle du taux directeur, de l’électricité, notamment.

«Malheureusement, je n’ai pas de rennes pour tirer mon ‘traîneau’ et vu le prix des carburants à Maurice, je vois rouge», lance Guyanno, Père Noël de centre commercial qui circule à moto. Cela fait 15 ans qu’il enfile le costume rouge, mais il a rarement vu une telle situation, même si la pandémie est passée par là. «Il y a beaucoup de monde dans les centres commerciaux mais les gens font définitivement attention. Zot pa dépans brit.» Lui-même s’est mis au régime malgré lui, comme en témoigne son embonpoint qui ne l’est plus. «Népli manz déor, asté gonaz tousala. Vant inn mégri.»

Si les plus grands se serrent la ceinture, les petits, eux, ne veulent pas toujours entendre raison. Quand ils s’assoient sur ses genoux, que demandent-ils à Guyanno ? Des pistolets et fusils à eau, bicyclettes, trottinettes, iPod, tablettes, drones, smartphones, cartes Pokémon, jeux vidéo ou encore des chaussures et des sacs pour les plus ‘sages’. Ce qui est certain, c’est que la liste a évolué avec les nouvelles technologies. «Dans le passé, quand je demandais aux enfants ce qu’ils voulaient voir sous le sapin, ils me répondaient : un téléphone portable. Aujourd’hui, les enfants connaissent même la marque et le modèle du téléphone en question. Ils peuvent même vous dire le prix. Le marketing a touché les petits», déclare-t-il. «Ils réclament un cadeau ‘digital’ dès le plus jeune âge donc. Les poupées et figurines n’ont plus trop la cote.»

N’empêche, Guyanno s’est aussi entretenu avec des parents, surtout ceux de la classe moyenne. «Certains m’ont confié qu’ils ont réduit le budget cadeaux et repas d’environ Rs 3 000. Ils essaient de trouver des alternatives ‘acceptables’ à ce qu’ont demandé les enfants et sont à l’affût des bonnes affaires. J’ai également constaté que tout le monde n’est pas logé à la même enseigne et que certains dépensent toujours sans penser à demain. Je ne sais pas s’ils peuvent se le permettre mais bon…»

Malgré tout, Guyanno essaie tant bien que mal d’apporter le sourire à ceux qui croisent son chemin. La bonne humeur, dit-il, est heureusement gratuite. Il prend la pose pour les selfies et photos avec le plus grand des plaisirs. «C’est quand même Noël… Il est de mon devoir d’apporter un peu de magie au milieu de cette triste réalité…»