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Vente de viande de chien: Surinam partagé entre psychose et moquerie

29 décembre 2022, 13:20

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Vente de viande de chien: Surinam partagé entre psychose et moquerie

«Waf, Waf» ou encore «ki laviann éna isi». Des moqueries qui n’en finissent pas, après les faits avoués par Vishnu Armon, celui qui tuait des chiens et pour les vendre comme de la viande de bouc. Surinam est passé sous les feux des projecteurs. Les habitants sont devenus la risée des réseaux sociaux après des vidéos postées. Une semaine après, la pilule est encore dure à avaler…

La circulation est fluide à l’entrée de Surinam. Quelques personnes font la queue devant un marchand de dalpouri, d’autres attendent le passage du bus ou encore achètent quelques fruits et légumes. Par contre, pas de chien errant çà et là. Il faut dire que, depuis quelque temps, ces canidés sont victimes de leur succès au sein de ce village, bien malgré eux. Depuis qu’un homme a décidé d’abattre des chiens et de vendre leur viande comme de la viande de bouc. Tout le village est depuis la raillerie du pays. «Je pense à ces personnes qui en ont consommé et qui, depuis, sont souffrantes. Imaginez manger du chien ! Cela paraît fou», confie Swaley, qui a peur d’acheter de la viande désormais. «Je me contente de poulet, de poisson, quitte à devenir végétarien.»

La plaisanterie, au bout d’une semaine, ne passe plus, soutient Nawez. Ce jeune, qui est souvent sur les réseaux sociaux, commence à les délaisser. «Mes amis venant d’autres endroits du pays ne cessent de faire des blagues. Quelques fois douteuses aussi. Au début, j’en riais, mais aujourd’hui, cela passe mal.» Il ne comprend pas pourquoi les gens aiment se moquer des autres à ce point. «On voit qu’ils ne vivent pas ce que nous endurons ici. Surtout que notre village est d’habitude tranquille.» Un peu plus loin, nous rencontrons Nishan, un commerçant de la région. Il a même eu des prises de bec avec les membres de sa famille. «Ils m’ont dit qu’ils ne viendront pas célébrer la nouvelle année à cause de cela.»

D’autres clients, en plaisantant, lui demandent s’il y a de la viande de chien dans son établissement. «Je leur demande si mon business est une boucherie ! S’ensuit une discussion houleuse. Aujourd’hui, la plateforme TikTok s’en donne à cœur joie dans des vidéos qui offensent les habitants du village. Il n’y a plus de limite à la connerie. Où sont les autorités ?» Il s’interroge sur cette pratique qui a été découverte. «Si on ne l’avait pas dénoncé, il aurait poursuivi son business et certains habitants auraient continué à acheter cette viande avec lui.» Pour sa part, Naden se sent humilié. «Mon joli village est souillé. À quelques jours de l’année, beaucoup ne voudront pas consommer de la viande. Ce monsieur n’a pas pensé à tout le tort qu’il a fait à notre région.»

Nous rencontrons Eddy, éleveur de bouc. En début d’année, il en vend plusieurs d’habitude, mais il ne pense pas faire de bonnes recettes cette fois-ci. Pour cause, il ne va pas en vendre. «Je préfère m’abstenir. J’ai déjà fait un sondage auprès des clients pour voir s’ils comptent en acheter, comme d’habitude. Leur réponse a été négative. Pourtant, ils savent que je ne vends que du bouc.» Il fulmine contre la personne qui a eu l’idée d’abattre ces chiens et espère que les gens oublieront cet épisode rapidement.

C’est aussi le souhait de Raj. Propriétaire d’un «hôtel mine», il a vu son chiffre d’affaires baisser en une semaine. «Regardez le nombre de portions de viande qu’il me reste, comparé au poulet. Les mines se vendent uniquement en option végétarienne ou avec du poulet. J’ai vu d’autres personnes manger uniquement le mine et délaisser la viande alors qu’ils savent où je m’approvisionne.»

Pour beaucoup de personnes, les chiens et les chats sont des membres de notre foyer et leur bien-être est très important. Par contre, les animaux d’élevage ont une vocation utilitaire et le lien entre eux et les humains n’est pas aussi soudé qu’avec des animaux domestiques…