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Barlen Munusami: «Il ne fallait pas abolir le permis à points (…)»
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Barlen Munusami: «Il ne fallait pas abolir le permis à points (…)»
Le sergent Barlen Munusami a été longtemps posté à la «Traffic Branch» avant de partir à la retraite. Il est aussi l’auteur du «Guide complet du conducteur», maintes fois réédité. Après l’accident effroyable qui a coûté la vie à quatre personnes mercredi, l’expert en sécurité routière met l’accent sur la responsabilité de tous sur nos routes...
107 morts sur nos routes de janvier à mercredi soir. Est-ce inquiétant ?
Il est toujours inquiétant d’avoir des morts sur nos routes. D’ailleurs, je le dis toujours, un mort dans un accident est un mort de trop. Il faut que tous les automobilistes redoublent de vigilance et de prudence.
Il y a eu 144 victimes d’accidents de la route en 2019, contre 108 en 2021. Qu’est-ce qui explique cette «baisse» ?
D’abord, je pense qu’il ne faut pas comparer les années car même s’il y a une ou deux victimes de moins, ce n’est pas mieux. Il faut renverser complètement la tendance. Le bilan sera négatif aussi longtemps qu’il y aura une centaine de morts. C’est vrai que le ‘taux zéro accident’ est irréaliste mais il faut encore faire baisser le chiffre. Qu’est-ce qui explique cette diminution d’accidents de 2019 à aujourd’hui ? Ce sont les mesures prises comme les campagnes de sensibilisation ou encore les sanctions plus sévères. Il y a aussi des refresher et advanced courses qui ont été mis sur pied. Je suis moi-même formateur et beaucoup de firmes ont retenu mes services.
Vous estimez donc que la loi est assez sévère contre les automobilistes imprudents ?
Définitivement. L’alcool et la drogue au volant sont interdits et on parle là de suspension du permis d’un conducteur. À Maurice, par exemple, le taux d’alcool autorisé au volant est de 20 mg dans 100 mm de sang alors que dans des pays européens, beaucoup plus avancés que nous, il est question de 50 mg dans 100 mm de sang. L’alcool est comme un cocktail molotov, je le dis souvent ; elle nous pousse à faire des actes irréfléchis sur la route, à ne plus pouvoir penser comme il se doit. Il y a aussi la mise en application des drug tests réalisables sur les chauffeurs consommateurs. Puis, nous savons que les amendes pour excès de vitesse sont élevées, étant passées de Rs 2 500 à Rs 10 000. Et si ces excès sont récurrents, il y a les cumulative road traffic offences qui entraînent également la suspension du permis de conduire.
Pourquoi retrouve-t-on toujours plus de motocyclistes parmi les victimes d’accidents de la route ?
La raison est simple : les motocyclistes sont les plus vulnérables. Ils ne sont pas protégés par une quelconque carrosserie. Ils n’ont que leur casque. Et même si celui-ci est obligatoire, il n’est pas spécifié dans la loi quel type de casque est recommandé avec des normes de protection optimale. Sa vé dir mem si ou met enn helmet plastik, lapolis pa pou kapav fer ou nanyé, bé li pa pou protez ou dan aksiden sa...
Quelle est la cause principale des accidents fatals ?
La vitesse. Pas besoin d’être un expert pour voir l’impact de la vitesse, le choc sur les véhicules, lors de certains accidents. Puis, il y a l’alcool mais aussi des distractions au volant, comme l’utilisation du téléphone portable, dans certains cas.
Pa akoz lané met boutey lor latab, forsé pou bwar apré pran volan...
L’état de nos infrastructures n’est-il pas aussi parfois à blâmer ?
Oui. Il faut savoir que quand on parle d’accident de la route, il y a trois causes potentielles. L’erreur humaine, le problème d’infrastructure et le défaut mécanique. C’est pareil partout dans le monde. Mais l’erreur humaine est en cause dans 90 % des cas. Les études le démontrent. Il y a un petit pourcentage évidemment causé par l’infrastructure défectueuse ou manquante.
La police réagit-elle suffisamment sur le terrain ?
La police est là. On est réactif, pas proactif quelquefois. Par exemple, la police ne sera amenée à intervenir dans la presse sur la sécurité routière que quand le sujet domine l’actualité. Or, ce thème devrait être proposé plus souvent pour contribuer à la prévention. Il y a des unités policières dédiées à tout ce qui est circulation et sécurité routière. Ces policiers traquent non-stop les infractions au quotidien, tout au long de l’année.
Hormis la sensibilisation, quelle est la solution pour moins d’accidents ?
Nous devons regarder les solutions concrètes sur les court, moyen et long termes. Nous devons avoir des plans d’action. Sur le court terme, il faut le maintien des lois – un renforcement systématique de la police. Il faut également qu’elle change régulièrement de stratégie. Souvent, les officiers sont placés aux mêmes endroits; les gens savent où ils sont, donc pourquoi ne pas aller dans les villages, routes ou ils ne vont pas régulièrement ? Dimounn koné kot lapolis baré, zot fer bon zanfan, bizin éna displacement... Les campagnes oui, mais il faut des suivis pour savoir quelle audience a été ciblée, quel a été l’impact. Des fois, les campagnes se font juste parce qu’il faut le faire. Il faut que ces campagnes aient de réels effets sur la population. Pour cela, il faut savoir comment le faire. Puis, il y a des évaluations, des surveys qui s’imposent après pour savoir si l’objectif a été atteint.
Pensez-vous que cela a été une erreur d’abolir le permis à points ?
Le permis à points a fait ses preuves partout dans le monde. Il a un effet psychologique et dissuasif sur le conducteur. Il l’empêche de commettre des délits. Je pense personnellement qu’il ne fallait pas abolir le permis à points mais plutôt revoir certaines de ses modalités. Le système avait certaines défaillances à ses débuts ici.
Un message aux automobilistes en cette période de fêtes...
Nous avons beaucoup de véhicules sur nos routes aujourd’hui. Tout le monde est pressé. De nombreux conducteurs sont agressifs, dangereux, indisciplinés, égoïstes; vous avez aussi les bons conducteurs; mais je le dis et le redis, une fois au volant, soyez responsables. Pour vous, mais aussi pour votre famille et la sécurité des autres personnes. Quand nous parlons de responsabilités, nous mettons surtout l’accent sur le fait qu’il ne faut pas boire et conduire, ne pas rouler au-delà de la limite autorisée et d’obéir au code de la route et aux consignes des autorités.
Les proches ont aussi un devoir de responsabilité en cette période de fêtes. Il ne faut pas cautionner les personnes qui roulent vite. Vous ne savez pas ce qui peut se passer ; à la moindre faute, le véhicule peut déraper. Et à ce moment-là, l’instinct de survie du conducteur va prendre le dessus et il fera tout pour sauver sa peau. Li pou al sey tap loto la dan koté pasazé... C’est pour cela que souvent, le conducteur sort indemne d’un accident qui a pourtant fait des morts.
Finalement, si vous avez des invités en cette période de fêtes, assurez-vous aussi que ceux qui reprendront le volant ne touchent pas à l’alcool. Pa akoz lané met boutey lor latab, forsé pou bwar apré pran volan... Nous avons tous un rôle à jouer pour sauver la vie de ceux qui nous sont chers…
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