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Les vœux des citoyens

3 janvier 2023, 21:00

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Les vœux des citoyens

Jeunes, adultes et personnes âgées. Eux, ce sont ces citoyens lambda qui ont fait preuve de courage au cours de l’année 2022 et qui envisagent la nouvelle avec optimisme. Dans leur vie, ils sont des héros et des frontliners, à travers les différents rôles qu’ils assument. Ces Mauriciens nous offrent un aperçu de leur quotidien et partagent leurs souhaits pour 2023, au fil d’une journée typique.

Lilowtee : «L’eau 24h/24»

Au coin d’une petite rue isolée à Poste-de-Flacq, entourée de grands champs, on retrouve la modeste maison de Lilowtee, construite avec de la tôle. Ses vêtements aux couleurs vives et son chapeau de paille évoquent une «ambiance locale» typiquement mauricienne. Ses mains, ses rides et sa fragilité témoignent des luttes de toute une vie, mais son sourire chaleureux fait que nous savons que nous sommes les bienvenus. Entre les soins qu’elle prodigue à son fils autrement capable et la débrouille avec sa pension en partie réduite à cause de prêts, Lilowtee travaille comme sage-femme pour joindre les deux bouts. «Quand je finis de m’occuper des nouveau-nés des autres, je viens m’occuper de mon propre fils et de ma maison. Tant que l’on a du courage, on peut se débrouiller, je suppose», dit-elle. Sa maison n’a été approvisionnée en électricité que récemment. Cependant, il n’y a pas d’approvisionnement d’eau dans cette localité. Pourtant, la rivière principale coule non loin de cette région. On apprend que les autorités n’ont fait aucun effort pour dépolluer la rivière ou pour stocker correctement l’eau provenant de cette source. «J’avais l’habitude d’y prendre de l’eau, mais elle est sale maintenant. Parfois, les passants y jettent même des ordures, ce qui la rend impropre à la consommation.» Et comme l’écoulement de l’eau est perturbé à cause d’une surcharge de plantes aquatiques, lorsqu’il pleut, cette rivière déborde et provoque des inondations. Pour 2023, Lilowtee a un souhait simple : l’eau 24h/24.

Navind Mungla : «Retrouver la stabilité»

Pour Navind Mungla, chauffeur de taxi depuis 25 ans, compte tenu des répercussions économiques prolongées du Covid-19 et de la hausse constante des prix, l’année dernière a été celle de la survie. Son expérience la plus difficile a été de «travay gramatin pou kapav manzé tanto». Cette année-ci, l’espoir de ce père de famille est de retrouver la stabilité, tout en espérant qu’aucune crise sanitaire ne vienne à nouveau frapper le pays. «Il est temps de se serrer la main en solidarité car tout est cher maintenant, la nourriture, les médicaments, même les produits de base. J’espère simplement que tout le monde reste en bonne santé et puisse se débrouiller.»

Sita Mudhoo espère un répit financier

En route, juste à côté de la poste, l’adorable vendeuse de fruits et notre «marsan konfi», Sita Mudhoo, nous dit bonjour. La quinquagénaire tient cet étal depuis 15 ans. «L’année 2022 a été pratiquement la pire puisque nous avons eu du mal à retrouver du travail après le Covid et, ensuite, nous avons dû faire face à la hausse des prix qui n’a jamais cessé. Il y a une autre dame qui travaille avec moi et c’est difficile de gagner un salaire suffisant pour la payer également. En fait, je cherche aussi un autre travail, que je pourrai faire parallèlement, pour subvenir à mes besoins.» Par ailleurs, on apprend qu’une boîte de pommes, auparavant vendue aux détaillants à Rs 800, coûte désormais Rs 1 400. «Nous avons, par conséquent, augmenté le prix de vente de notre côté, mais nous sommes conscients que le salaire des gens n’a pas augmenté. Donc, les ventes ne sont plus ce qu’elles étaient avant», explique-t-elle. En 2023, elle espère un répit financier grâce à un plus grand nombre de clients et la possibilité de trouver un emploi secondaire, car les prix ne sont guère susceptibles de baisser de sitôt.

Dhanish : «Progresser professionnellement»

Près de la côte, on rencontre Dhanish, un jeune de 17 ans. Cet étudiant suit actuellement une formation comme ingénieur électrique. Comme ce sont les vacances, il aide ses parents à pêcher et à nettoyer les oursins, qui sont ensuite livrés aux hôtels sur commande. «L’année a été relativement passable, bien que très stressante avec les études», dit-il. En récompense de l’aide apportée à ses parents, Dhanish confie qu’il reçoit un «pocket money», qu’il utilise pour ses dépenses personnelles. Son souhait pour 2023 : obtenir de bons résultats pour pouvoir progresser professionnellement et, éventuellement, faire une bonne carrière pour rendre ses parents fiers.

Leena, Diya et Gaytree parlent de persévérance

Au même endroit, on remarque Leena, Diya et Gaytree. Ces trois dames se reposent à l’ombre d’un arbre, avant de reprendre leur travail de nettoyage des environs sous le soleil brûlant. Elles sont au boulot depuis s e p t h e u r e s du matin. Les perturbations dans l’approvisionnement d’eau les obligent également à se réveiller vers 3 heures du matin pour en stocker, en vue d’une utilisation ultérieure. Le plus grand défi est d’affronter la forte chaleur ou, parfois, les fortes pluies pour travailler. Mais, le courage et le fait d’être entourées de leur famille suffisent à maintenir le rythme, disentelles. Ces dames travaillaient auparavant dans une usine qui a cessé ses activités peu avant que le Covid-19 ne mette un coup d’arrêt à leur vie professionnelle. Maintenant que ce travail leur a permis de reprendre le cours de la vie, leurs souhaits sont : la persévérance pour continuer à travailler, et pas de conditions climatiques difficiles qui pourraient affecter leur pays ou leur gagne-pain.

Vijay Goonah : «Une bonne santé et du bonheur en famille»

Sur le chemin du retour, nous ne pouvons que rencontrer Vijay Goonah, âgé de 70 ans. Malgré la chaleur, la joie est visible sur son visage. Vêtu d’une tenue simple et modeste, assis à côté de son vélo, cueillant et stockant des «margoses» dans le champ, il partage avec nous quelques leçons de vie de l’année 2022 : la santé, c’est la richesse, et un encadrement familial apporte un bon équilibre dans la vie. «J’utilise mon vélo pour venir ici à 5 heures du matin. Après le travail, je rentre chez moi avec. Cela m’aide à rester en forme et en bonne santé. Je considère qu’il est important de prendre soin de ma santé, surtout après la pandémie.» Vijay Goonah nous confie également qu’il passe la plupart de son temps avec sa famille, en particulier ses petitsenfants qui sont à la maison pendant les vacances scolaires. «Si je ne profite pas au maximum du temps où je prends soin d’eux, qui d’autre le fera ?»

Son souhait pour 2023 : une bonne santé et beaucoup plus de moments de bonheur en famille. «En fin de compte, l’unité est importante pour surmonter les obstacles. Peu importe nos différentes croyances, nous saignons tous de la même couleur. Sans la famille et une bonne santé, même si nous avons d’autres choses, sont-elles utiles ?» Il nous laisse avec ce morceau de réflexion.

Razia Chady souhaite que le coût de la vie baisse

Alors que nous visitons le marché central de Flacq, pour combattre la chaleur grâce à notre fameux «alouda», notre regard tombe sur les «kurtis» vendus par Razia Chady. Étant dans ce domaine depuis 12 ans, les vêtements indiens authentiques de Razia Chady proviennent directement de la ville de Lucknow. «Nous avons fait de notre mieux pour gérer en 2022, compte tenu des contrecoups économiques dus à la pandémie, en particulier avec les importations et l’augmentation des frais. Mais, avec la cherté de la vie, c’est difficile, même à présent. Dimounn pa pé kapav asté manzé. Kouma zot pou asté linz?» s’interroge-t-elle. Cette année, elle espère que les frais d’importation et le coût de la vie en général baisseront, afin d’apporter soulagement et stabilité à tout le monde.