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Dr Marc Fleicshmann: «Le prix d’un produit de soin ne fait pas toujours la qualité»

9 janvier 2023, 21:00

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Dr Marc Fleicshmann: «Le prix d’un produit de soin ne fait pas toujours la qualité»

Qui dit été dit bain de mer et exposition au soleil. Mais cette exposition doit être dosée, comme l’explique le Dr Marc Fleicshmann, dermatologue chez C-Care de Grand-Baie.

Peau et soleil, quelles interactions ?
Le soleil, à travers la pénétration des rayons ultraviolets (UV) dans la partie superficielle de la peau, a une action positive, à savoir la fabrication de la vitamine D, qui permet de fixer le calcium sur les os. Vingt minutes de soleil sur un avant-bras suffisent à la production journalière de la vitamine D. Malheureusement, les UV causent des dégâts à l’ADN des cellules superficielles cutanées (kératinocytes) et des cellules qui fabriquent le pigment mélanique (mélanocytes), ce qui, après des années d’ensoleillement, peut déclencher des cancers cutanés (carcinome ou mélanome). Pour se protéger, la peau va fabriquer de la mélanine, qui va la rendre plus foncée et plus résistante aux UV. Il est aisé de comprendre qu’une peau foncée, qui produit facilement et en grande quantité de la mélanine, sera génétiquement moins fragile qu’une peau rousse ou claire vis-à-vis de l’exposition au soleil. Il faut donc adapter son temps d’exposition à la couleur de sa peau.  

Quel indice de protection solaire recommanderiez-vous ?
L’indice de protection solaire (SPF) exprime le temps que l’on peut rester au soleil, sans brûler. En moyenne, le temps que met la peau à rougir est d’environ dix minutes pour une peau de couleur intermédiaire à mate. Si on utilise un indice de protection 10, ce temps est multiplié par 10, donc, en théorie, c’est 100 minutes.

En revanche, les indices sont calculés pour une épaisseur appliquée de crème de 2 grammes au cm², ce qui revient à utiliser quasiment un grand tube de crème solaire par jour. On considère que la quantité de crème appliquée est plus proche de 0,5 à 0,7 gramme/cm² et on peut donc diviser l’indice par trois pour être plus proche de la réalité. De fait, une crème à l’indice de protection 10 devrait être réappliquée toutes les 30 minutes. C’est difficile à faire. On peut donc considérer que seuls les indices 50 sont performants puisque le temps avant une nouvelle application est d’environ trois heures. De plus, la cosmétique de ces crèmes s’est beaucoup améliorée. Elles sont plus agréables et plus faciles à étaler qu’auparavant.

Quelle est l’utilité des crèmes après-soleil ?
Ces produits sont des hydratants, avec parfois inclus des principes actifs anti-rougeurs. Ils améliorent le confort après une exposition solaire, voire en cas de coup de soleil léger. En revanche, rien ne permet, malheureusement, de réparer les dégâts à l’ADN cellulaire, donc médicalement, ces crèmes sont inutiles en post-exposition. Le plus efficace est de fractionner ses expositions solaires. Ainsi, la peau peut réparer spontanément les altérations de l’ADN si ces expositions ne dépassent pas 15 à 20 minutes. Il est donc conseillé de se remettre à l’ombre tous les quarts d’heure.

L’alimentation affecte-telle la peau ?
En dehors de certaines maladies, qui affectent le fonctionnement cellulaire cutané – carence en vitamines B ou C, carence en fer ou en zinc –, l’alimentation joue surtout un rôle dans l’homéostasie de la peau, c’est-à-dire dans les échanges normaux de vitamines, d’oligoéléments et d’eau par les cellules. Donc, une bonne hydratation orale et un régime alimentaire diversifié, permettant l’apport de huit acides aminés essentiels – ceux que le corps ne sait pas fabriquer, à savoir le tryptophane, la lysine, la méthionine, la phénylalanine, la thréonine, la valine, la leucine et l’histidine – sont indispensables.

Quels produits ou ingrédients doivent être utilisés selon le type de peau ?
Il faut utiliser des produits capables de compenser les pertes en eau, notamment après les bains ou douches. Il faut s’orienter, en fonction de sa qualité de peau (grasse ou mixte pour le visage, sèche à très sèche sur le corps), vers des produits plus ou moins riches en lipides (émulsion huile dans eau ou eau dans huile, à savoir crème, lait ou baume/pommade).

Pourquoi certaines personnes développent-elles une éruption de boutons en été ?
En période estivale, surtout sous nos contrées tropicales, avec une chaleur humide, la peau fabrique plus de sébum. Si la quantité de sébum est trop élevée (peau grasse) ou si le sébum ne peut pas sortir des glandes sébacées (pores obstrués, points noirs, etc.), la glande va s’enflammer et donner naissance à un bouton rouge ressemblant à de l’acné.

Il peut aussi s’agir de boutons plus infectieux comme une folliculite, secondaire à des frottements inhabituels (combinaison néoprène.), à un rasage ou à une épilation plus fréquente. C’est une multiplication excessive de bactéries normales à la surface de la peau.

Comment déterminer la qualité d’un produit de soin ?
Le prix ne fait pas toujours la qualité. La réputation du laboratoire qui fabrique le produit, la simplicité de la formulation, l’absence de produits dangereux – parabènes dans les excipients, parfums, perturbateurs endocriniens divers – sont une piste pour choisir le produit. Il faut savoir lire la liste des ingrédients International Nomenclature Cosmetic Ingredient (INCI) sur le paquet, en premier ceux dont la concentration est la plus grande, en dernier la plus faible. Ensuite, le confort d’utilisation du produit va dépendre de sa galénique et de son adaptation au type de peau sur laquelle il est appliqué.

Enfin, il faut se méfier des applications qui prétendent scanner les produits alimentaires afin d’obtenir des informations claires sur leur impact sanitaire mais dont les informations ne sont pas toujours vérifiées ou pertinentes. Il s’agit souvent de blogs d’utilisateurs. Ces applications permettent d’orienter les choix mais elles doivent être prises avec un peu de recul et considérées avec un esprit critique.