Publicité
Prison de Beau-Bassin: grogne des gardiens passés au scanneur
Par
Partager cet article
Prison de Beau-Bassin: grogne des gardiens passés au scanneur
Depuis presque un an, un scanner corporel (full x-ray body scanner) a été installé à la prison centrale de Beau-Bassin. Cet appareil est destiné à détecter des objets dissimulés dans le corps des nouveaux détenus et ceux qui reviennent de leur comparution du tribunal. Mais, depuis peu, une décision en interne a été prise afin que les gardiens se fassent aussi scanner, avant qu’ils ne s’introduisent à l’intérieur de la prison centrale. Mais cela n’est du goût de ces derniers. Ils nous livrent leur frustration et expliquent que plusieurs d’entre eux ont fait enregistrer des entrées à la police.
«Dépi ki finn dir ki bann gard bizin pas dan sa body scannerla, sa inn kré boukou stres. Nou pé kit nou fami, nou konfor, nou pé al travay lizour lanwit ek bann dimounn violan, kot nou moral bizin for, mé ki tretma nou pé gagné, zot pé konsider nou kouma enn sispé, enn trafikan», lâche un gardien. Il explique d’ailleurs qu’ils sont nombreux à s’inquiéter des rayons que dégage le scanner.
Un garde-chiourme avance que ce sont surtout les juniors qui sont concernés par le scan. «Bann sef pansé ki sé bann junior ki amenn ladrog dan prison. Ti gard pé fer zot travay, zot ki pé pénalizé. Sé enn arselman.» Il soutient que, lors de la parade, les supérieurs choisissent au hasard qui sera placé devant le scanner. «Sé avek nou uniform mem ki fer nou pas dan scanner. Kan fini fer sa, ti sipozé met lantré dan ‘occurrence book’, mé zamé nou pa finn trouv liv-la. Kan nou bizin al travay ek bann détenu, bannla insilté nou», déplore notre interlocuteur. Il ajoute que depuis que ce scanner a été placé à la prison, aucun gardechiourme n’a été retrouvé avec de la drogue. Il demande pourquoi mettre tout le monde dans le même panier si quelques-uns sont concernés. «Il suffit de les surveiller et de les interpeller sur le fait.»
Un autre garde-chiourme avance que certains chefs le font pour persécuter les juniors. «Éna gard inn pas ladan plis ki enn dizenn dé fwa. Si ou réfiz pou pas dan ‘body scanner’, bannla ménas pou avoy l’ADSU al fouy nou lakaz. Sa pa pou tromatiz nou fami, sa pa pou détrwir nou répitasion? » Les gardiens sont d’avis que cette pression est insupportable. «Souvent, les détenus accusent les gardes-chiourmes quand ces derniers sont en congé. Ils disent : ‘nos trafiquants et le cargo ne sont pas arrivés’. Ce sont les détenus qui donnent des informations à certains chefs au sujet des gardiens qui doivent passer au scanner.» Les gardiens veulent que ce «harcèlement» s’arrête.
Sollicité, le commissaire des prisons par intérim, Jaganaden Rungadoo, assure que c’est loin d’être un harcèlement, car tous les gardes-chiourmes de différents rangs sont concernés. «Nous travaillons d’après la loi qui dit que toute personne entrant à la prison doit être soumise à une fouille. Il faut empêcher que des objets interdits soient introduits à la prison, c’est ainsi qu’on travaille en toute transparence.» D’ajouter que les gardiens sont choisis au hasard durant la parade et qu’il n’y a jamais eu de persécution.
Publicité
Les plus récents