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Passerelles: la peur au bout du tunnel
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Passerelles: la peur au bout du tunnel
Elles sont censées assurer la sécurité des piétons. Souterraines ou en hauteur, ces passerelles sont toutefois devenues des repaires pour agresseurs ou autres malfrats. Reportage.
Lundi, une jeune femme a été agressée en plein jour par un voleur, au niveau de la passerelle qui dessert le Victoria Urban Terminal. Grâce aux caméras de surveillance, le malfaiteur a pu être arrêté le lendemain même. Mais ce n’est pas toujours le cas ailleurs, la sécurité étant parfois inexistante, alors que les membres du public deviennent des proies faciles.
Premier arrêt à Wooton. Plus précisément sur la passerelle qui relie les deux arrêts d’autobus sur l’autoroute. Une forte odeur d’urine picote les narines. L’état des lieux laisse à désirer, et la poussière et la moisissure accumulées sur les deux parois transparentes font dire que l’endroit n’a pas été nettoyé depuis très longtemps. Par terre, une quantité infinie de mégots de cigarettes, de la nourriture périmée, des vêtements sales qui ont été abandonnés sur place. C’est à se demander ce que certains font là… On note également la présence de seringues usagées, de flacons de sirop et des bouteilles d’alcool gisant sur le sol. Pas un seul lampadaire ou une ampoule en vue.
Pour ceux qui doivent l’utiliser, car il n’y a pas d’autre moyen pour traverser cette route dangereuse pour les piétons, emprunter cette passerelle est devenue un véritable parcours du combattant. «Kan mo désann dan bis, si péna personn, mo prefer atann kan enn lot dimounn pé bizin pasé mo mont ar li», confie Luc, 60 ans. Il explique que la situation ne cesse de dégénérer. «Lontan vers 7 er aswar ou ti pé trouv dimounn lous pé rant ladan, mé aster lazourné osi bizin fer atansion.»
Ce que confirme une habitante du coin, qui exerce comme enseignante. Elle dit devoir payer un taxi depuis trois mois pour rentrer chez elle, uniquement pour éviter de passer par cette passerelle. «Une fois en sortant du travail vers 15 heures, sur la passerelle, je suis tombée nez à nez avec un homme qui était en train de consommer des produits illicites. J’ai hâté le pas pour ressortir de l’autre côté et l’homme m’a suivie. Monn galoupé, monn sorti, granmersi ti éna enn misyé avek enn madam ti pé monté an mem tan, monn aret zot, misyé-la finn sové.» Depuis ce jour, raconte la jeune femme, elle n’emprunte plus cette passerelle.
Des histoires comme celle-ci, plusieurs personnes peuvent la raconter à Terre-Rouge aussi. Derrière la poste, un peu plus loin, une passerelle reliant deux arrêts d’autobus sur l’autoroute du Nord, est en piteux état. Comme celle de Wooton, la passerelle de Terre-Rouge n’a pas une seule source d’éclairage, pas d’ampoule, pas de lampadaire, nulle part. Mis à part le nombre inconcevable de détritus que l’on peut y trouver sacs en plastique, bouteilles cassées, etc. – cette passerelle est aussi dans un état de délabrement avancé… La toiture en tôle est criblée de trous, et les poutres métalliques qui soutiennent les deux extrémités commencent à céder sous le poids de l’âge et l’usure. Selon une source du poste de police de la localité, il y a eu plusieurs plaintes pour vols ou agressions commis sous cette passerelle et depuis des années. «Nounn osi déza gagn konplint parski bout tol pé tom lor dimounn», révèle l’officier.
Plus loin, la passerelle de Roche-Bois a aussi son lot de problèmes d’entretien. N’étant pas recouverte et se trouvant dans l’obscurité totale à la tombée de la nuit, elle a été le théâtre de plusieurs agressions, comme le confie une habitante du coin. «Ou koné komié fwa inn fer plint pou dir instal lalimier laba ? Enn ta fwa enn bann malfra trenn laba ek si ou pé pasé inn koumans fer nwar, zot atak ou.» Si l’on en croit d’autres habitants, ce n’est pas l’unique problème. Alors qu’elle est censée être un moyen sécurisé pour aider les piétons à traverser, comme il n’y a pas de policiers ou de surveillance sur les lieux, plusieurs deux-roues empruntent cette passerelle. «C’est très dangereux surtout après les heures de classe. Enn ta zanfan mars lor sa pasrella ek enn ta dimounn alé vini lor zot motosiklet ek anplis li étroit», ajoute une autre habitante.
Pour les utilisateurs de ces différentes passerelles, des plaintes, il y en a eu des tonnes, mais il semble que les autorités font la sourde oreille. Ce qui était aussi le cas pour la passerelle souterraine de Trianon, jusqu’à récemment, quand des travaux ont été entrepris après plusieurs plaintes sur les réseaux sociaux, entre autres. Connu comme «le tunnel de la mort» par ceux qui l’empruntent, cet endroit a de quoi glacer le sang, surtout tôt le matin et en début de soirée. Depuis peu, une fog lamp y a été installée à l’une des extrémités.
Cependant, l’intérieur demeure sombre, lugubre. «J’utilise cette passerelle depuis trois ans presque tous les jours et à chaque fois que j’y passe, je retiens mon souffle. J’espère qu’après les travaux, cela fera moins peur», confie une habituée de la localité. Pour un employé de magasin âgé de 45 ans, cette passerelle n’a pas toujours été «hanté». Il fût un temps où il y avait un agent de sécurité et des caméras mais au fil des années, ce dernier a été agressé et les caméras ont été arrachées. «Avant que les travaux ne soient entrepris, kan ou pas ladan dan lindi gramatin, tout sort kitsoz ou trouvé anba ek azout so loder pipi…»
Du côté des forces de l’ordre, un haut gradé explique que ce n’est malheureusement pas du ressort de la police de «veiller» sur les passerelles mais qu’à chaque fois qu’une plainte est enregistrée, des policiers se rendent sur place. Il semblerait ainsi que les piétons ne soient pas près de voir la lumière au bout du tunnel.
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