Publicité

SBM | Anoop Nilamber plus n°1: Entre l’officiel et l’officieux

26 janvier 2023, 15:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

SBM | Anoop Nilamber plus n°1: Entre l’officiel et l’officieux

Anoop Nilamber n’est plus le CEO de la SBM. Alors que dans son entourage l’on parle d’une restructuration et même d’une promotion, la vérité serait tout autre…

Ce qui se passe dans les banques et surtout dans les banques d’État n’est jamais connu du citoyen, client et actionnaire lambda. Comme pour l’affaire des Rs 12 milliards perdues dans des prêts accordés à des étrangers, surtout Indiens… Anoop Nilamber n’est plus le Chief Executive Officer (CEO) de la SBM. Le conseil d’administration de la SBM Holdings s’est réuni mardi et a pris cette décision. À l’officiel, il s’agit d’une restructuration, dans le sillage de la nomination de Raoul Gufflet comme Group CEO de SBM Holdings Ltd, fin novembre.

Mais, officieusement, on entend dire qu’Anoop Nilamber aurait accordé un prêt de Rs 200 millions à un gros commerce qui aurait, en retour, loué le bâtiment appartenant à son beau-père. Il y aurait aussi d’autres transactions semblables et d’aussi gros montants. Sollicité, Anoop Nilamber nie. À la direction, on parle de restructuration et de la nécessité d’avoir un banquier d’expérience comme CEO, car si Nilamber est banquier, il n’a pas l’expérience. Ce qui fait bondir un ex-manager de la SBM : «Pendant tout ce temps-là, on n’avait pas réalisé cela ? À d’autres, ce genre de justifications ! Les membres du board prendront-ils quelques années encore pour vérifier si les certificats d’un autre manager sont authentiques ?»

En tout cas, que ces allégations soient vraies ou non, Anoop Nilamber n’a pas été sanctionné plus sévèrement que cela. «Juste un froncement de sourcils de la part du board.» Il sera probablement nommé CEO International à la SBM Holdings, l’entité qui chapeaute toute la structure.

Un de ses collègues nous dit qu’Anoop Nilamber n’a pas fait perdre de l’argent à la SBM puisque les Rs 200 millions sont remboursées régulièrement. «Au pire, il n’y aurait qu’un cas de conflit d’intérêts.»

Pour rappel, il était le CEO de la SBM depuis juin 2021 après un passage comme CEO d’Airports of Mauritius Ltd et de la Mauritius Duty Free Paradise. Auparavant Anoop Nilamber était pressenti pour devenir le patron de la MauBank jusqu’aux révélations de l’express sur une histoire de chèque sans provision.

Sanjaiye Rawoteea, Head of Consumer Banking, assurera la suppléance au poste de CEO temporairement. La décision de la SBM Holdings a été entérinée par le conseil d’administration de la banque, hier.

Manager de couloir

Si Nilamber est muté à la SBM Holdings, un nouveau poste y sera probablement créé pour le caser. L’ancien chef du département légal vient, lui, d’être transféré à un autre département pour faire place à quelqu’un d’autre. Mais il conservera ses rémunérations. Et il y en a d’autres. De plus, la SBM est constituée depuis quelques années de plusieurs couches de direction qui ne reflètent pas vraiment une augmentation de business. Elle a «written off» Rs 12 milliards de dettes et cela a causé une grande baisse des bénéfices. On avait même créé plusieurs autres départements avec managers sur managers, certains payés par centaines de milliers de roupies. Un ancien directeur soupire : «La SBM aura bientôt ses propres ‘corridors managers’ tout comme chez MK. Payés pour ‘mars-marsé.’»

L’affaire RBI

La Reserve Bank of India vient d’interdire à la SBM de l’Inde de s’adonner à des transactions sous le «Liberalised Remittance Scheme (LRS)». Si la SBM n’explique pas ce jargon, un ancien directeur a bien voulu simplifier pour nous. «La SBM aurait fait ce qu’elle pratique à Maurice, aux dépens de notre économie, soit la facilitation de mouvements de fonds vers l’étranger, cela juste pour 2 ou 3 % d’intérêts de plus. On l’a vu avec le fameux scheme d’investissements au Kenya qui a privé le pays de plusieurs millions de dollars pendant un an. Mais en Inde, on leur a dit «ar nou non».

Gestion financière : des profits nets de plus de Rs 3 milliards projetés en décembre 2022

La gestion financière du CEO sortant est plutôt positive. Il avait dressé un bilan positif le 20 décembre lors de sa première rencontre avec la presse depuis sa nomination à ce poste en juin 2021. Cela, en projetant des profits après impôts de Rs 3 milliards pour le pôle bancaire au terme de l’année financière 2021-22 et dont les résultats audités seront communiqués à la fin de mars. Avec des profits après impôts de Rs 2,6 milliards enregistrés à la fin de septembre 2022, la barre de Rs 3 milliards était sans doute franchissable, selon les spécialistes. Déjà avec un tel niveau de profitabilité après neuf mois d’opération, son CEO, Anoop Nilamber se réjouissait d’une telle performance compte tenu de la conjoncture économique morose. Les chiffres encourageants, réalisés dans un contexte marqué par de nombreux défis et incertitudes dont le Covid-19, la guerre en Ukraine et l’inflation mondiale galopante, disait-il, validaient la stratégie mise en place en 2021 pour assurer la reprise des activités de la banque en ainsi que l’efficacité des mesures visant à limiter des risques.