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Intempéries: drains bouchés, chemins défoncés

29 janvier 2023, 19:00

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Intempéries: drains bouchés, chemins défoncés

Plusieurs endroits se sont retrouvés sous l’eau à la suite des pluies torrentielles qui se sont abattues sur le pays. Les scènes de désolation étaient nombreuses, comme en témoignent les images ramenées par nos photographes, qui ont sillonné le pays (voir aussi sur lexpress.mu). Des drains bouchés, saturés, qui se sont transformés en geysers ou encore des routes fraîchement bitumées qui ressemblaient à des biscuits friables… Comment en est-on arrivé là ?

Pour le Premier ministre Pravind Jugnauth pourtant, les drains fonctionnent parfaitement. «Plizyer plas kot nou finn fer ban travaux (…) bann drains, sa finn fonksyoné koumma bizin, finn efikas ek finn osi permet ki bann lakaz pa inondé ek permet ki bann lavi bann dimounn ousi pa an danzé...» a-t-il déclaré vendredi, dans un message aux Mauriciens via la MBC. Comme pour prouver ses dires, il a d’ailleurs visité plusieurs endroits durant la journée d’hier. Alors qu’il aurait été plus logique que le Premier ministre soit aux côtés des sinistrés pour leur apporter son soutien et constater ce qui n’a pas fonctionné ou les lacunes infrastructurelles justement. Pravind Jugnauth a donc décidé de se rendre à Vallée-Pitot, Fond-du-Sac, Cottage et Camp Thorel pour «constater» que les drains ont bien fonctionné. Si auparavant ces endroits mentionnés étaient sujets à des inondations, selon lui, pendant les récentes averses, «bann drin la finn port so fri... dilo pann akimilé».

N’empêche que pour le député rouge Osman Mahomed, ingénieur civil de profession, il y a un gros problème dans la façon dont les drains sont conçus à Maurice car il n’y a pas les compétences voulues en la matière. «Pour construire les drains il faut prendre en considération plusieurs éléments notamment l’hydrologie, la topographie. Les travaux doivent aussi être supervisés de près.»

Osman Mahomed met l’accent sur ce qu’on appelle la «période de retour» qui est très importante quand on parle d’hydrologie. «Il s’agit de la durée moyenne au cours de laquelle, statistiquement, un événement, ici la pluie, d’une même intensité se reproduit. Donc il fallait prendre en considération le temps, la pluie sur 50 ou même les 75 prochaines années avant d’entamer les travaux de drains. Pa zis fer enn drain pou dir ki finn fer li. Ek apré bizin refer lot travo.»

«On leur a donné de l’argent sans vérifier la qualité des travaux.»

D’ailleurs, fait-il ressortir, l’entretien des drains est tout aussi important. S’ils ne sont pas nettoyés et que des débris s’y accumulent, il est clair qu’ils ne seront pas efficaces en cas de grosses pluies. Il cite le cas de la famille Ramoochurn, de Bangladesh, à Tranquebar, qui en a fait les frais. Bien que des drains aient été installés non loin de leur maison l’année dernière, elle a été la proie des eaux en fin de semaine. Il a fallu l’intervention de la municipalité de Port-Louis pour nettoyer les drains afin de remédier à la situation.

Bobby Hurreeram, ministre des Infrastructures nationales et du Développement communautaire, avait lui, lors d’une conférence de presse en décembre dernier, dressé le bilan de son ministère et avait notamment avancé quelques chiffres sur les drains. Rien que pour l’année 2022, il y a eu 309 travaux de construction de drains; 237 projets étaient alors toujours en cours de réalisation et 70 autres en phase d’appel d’offres. Il avait en outre rappelé que «le risque zéro n’existe pas...»

Déroute

Bramsthan, Vallée-des-Prêtres, Port-Louis, entre autres. Les routes, qui venaient pour certaines d’être asphaltées étaient éventrées, n’ayant pas résisté aux torrents d’eau. Qu’est-ce qui expliquent ces puzzles à base de bitume? Selon Osman Mahomed, il est clair que les entrepreneurs n’ont pas suivi les spécifications requises. «Il n’y a pas eu de supervision des autorités concernées et on a juste payé, on leur a donné de l’argent sans vérifier la qualité des travaux. Ceux-ci ont été réalisés à la va-vite. Vous le savez bien, il y a des travaux d’asphaltage à la veille du budget, vers la fin de l’année financière, de mai à juin. Cela est fait juste pour que l’argent dont disposent les autorités ne se ‘perde’ pas. Lerla pé koltar simé minwi tou, kisanla ki al supervise sa bann travaux-la sa ler-la ? C’est de l’amateurisme de la part des autorités...»