Publicité
Témoignages: le fardeau de la montée des eaux
Par
Partager cet article
Témoignages: le fardeau de la montée des eaux
La vie ne leur fait pas de cadeaux et à chaque inondation, elles sont en proie à la détresse. Rencontre avec des familles démunies qui ont vu leur vie s’en aller à vau-l’eau.
Né dans un autobus, un bébé doit cette fois braver des inondations
Assis pieds nus sur une chaise dans sa maison en tôle remplie de boue et d’eau, Cynthia Rose donne à boire à son petit-fils Ryan, trisomique et souffrant d’un problème cardiaque. La nuit de jeudi à celle de vendredi, elle ne l’oubliera jamais. «Délo inn rantré partou koté», raconte cette habitante de Pointe-aux-Sables. Elle explique qu’à chaque intempérie, la situation devient critique. Mais cette année, cela a été encore bien pire. Comme il n’y a pas de drains là où elle habite avec son compagnon, ses enfants et ses petits-enfants, l’eau sale ne cesse de s’accumuler dans leur maison. «Ena enn kanal dévan nou laport kinn débordé. Délo finn koumans rantré. Tou inn tranpé ek gaté. Lili, meb, manzé dan plakar. Sa tibout baba-la malad ek fnn bizin tini li dan lamé enn nwit, so matla inn tranpé. Ek pa enn fwa nounn dir pena drin isi.»
Cynthia explique qu’elle n’a pas cessé d’appeler les pompiers, en vain. Du côté de la police, on lui dit uniquement de se rendre dans un centre de refuge et de tout quitter. Ce qui, dit-elle, n’est pas une chose facile. Cette situation vient s’ajouter à une longue liste de soucis d’autant plus que sa famille doit déjà «ris diab par laké». «Tous les dons que nous avons reçus après la naissance de Ryan ont été emportés par les eaux. Nous ne savons plus quoi faire. À chaque fois que nous essayons de notre mieux de faire un pas pour sortir de la pauvreté, nou rétourn an aryer.» Pour rappel, l’histoire de sa fille, Noémie, avait fait le tour de la Toile après que cette dernière avait accouché dans un autobus d’UBS en novembre dernier.
Si vous voulez aider Cynthia et sa famille, vous pouvez les contacter au 5723 03 55.
Un matelas en guise de radeau
Ils sont encore sous le choc. Ils habitent sur une crownland à Rémi-Ollier, La Gaulette, et les frères et sœurs Jean Alex Léopold, Stéphanie François et Marie-Louise Henriette ont vécu une nuit d’horreur jeudi. «Sa vidéo kot ou trouv enn ti bébé lor lili delo ar presion pé pas anba lili, ti kot nou sa. Ariv enn moman nou ti népli koné koumma pou sorti dan sa lakaz-la nounn zis kapav filmé. Nounn bizin atann lapli pas en tigit pou sorti. Nous avons dû nous secourir nous-mêmes», confie Stéphanie, 36 ans, mère du petit sur le lit, qui est allé dans un centre de refuge vendredi.
Son frère Jean Alex, 45 ans, et sa sœur Marie-Louise, 29 ans, habitent aussi sur le même terrain. Tout comme Stéphanie, Marie-Louise confie qu’elle pensait aussi mourir à un moment donné. «Sa délo-la inn vini ek enn presion. Mo trwa zanfan 12 an, 11 an ek 8 ans nou tou inn bizin mont lor enn sel lili ki ti inpé ot. Léres partou tou finn alé. Mo frizider tou inn kasé, bann zanfan zot kayé, liv tou inn fini ar delo labou. Pou manzé mo pé bizin démann vwazin aster. Li vréman pa fasil ni pou mwa ni pou mo zanfan», confie cette mère d’une voix nouée.
Selon le frère Jean Alex, ce n’est pas la première fois que cela arrive. Il explique que depuis la semaine dernière l’eau avait commencé à pénétrer chez eux. «Mé sa zédi swar-la ti zis orib.» Son fils de 17 ans et lui ont passé toute la nuit à essayer de sauver le maximum de choses. Mais en vain. Ayant presque tout perdu, la famille ne sait plus quoi faire. Même si tous effecutent des démarches depuis des années auprès de la National Empowerment Foundation, ils attendent et souffrent toujours...
Si vous souhaitez les aider, vous pouvez les contacter au 5934 97 24 ou au 5711 11 63.
Rêves et espoirs emportés
Elle ne peut retenir ses larmes en voyant l’état de sa maison. «Tou inn alé. Ki so meb, so ration tou inn gaté», confie Martine Cupidon, 27 ans, la voix nouée. Vendredi, cette mère d’un petit garçon de 6 ans a été secourue aux petites heures du matin avec son compagnon, par une association après que l’eau a envahi sa maison. «Vers 17 heures jeudi, après être rentrée du travail, on est allé acheter quelque chose pour cuisiner. A notre retour, l’eau a commencé à s’infiltrer partout. Nounn sey tiré mé ariv enn ler ti népli kapav nounn bizin demann led», confie cette habitante de Bambous.
Assis dans un centre de refuge de la localité, Martine et son compagnon Cédric Petite sont dorénavant dans l’angoisse. Elle explique qu’après leur évacuation, ils n’ont pas fermé l’œil une seconde. La seule pensée de devoir tout recommencer encore une fois, une année de plus, repousse le sommeil. «Ou koné kieté sa kan asak fwa lapli bizin al dan sant? Ankor enn fwa nou bizin rekomans a zéro. Nou travay dir pou nou lavénir ek lavénir mo zanfan mé sak fwa perdi tou ou krwar nou kontan koumsa?» lâche Martine à bout de souffle.
Si vous souhaitez aider Martine et sa famille, vous pouvez les contacter au 5487 95 70.
Publicité
Les plus récents