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20 ans après: les parents d’Ackmez Aumeer espèrent toujours…

29 janvier 2023, 22:00

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20 ans après: les parents d’Ackmez Aumeer espèrent toujours…

Dans cette rubrique hebdomadaire, nous revenons sur des disparitions, des faits divers ou des crimes qui ont été perpétrés il y a plusieurs semaines, mois, années… Des drames qui ont marqué les esprits et qui ont bouleversé des vies à tout jamais…

La disparition du petit Ackmez Aumeer, 9 ans, de son domicile à Pailles le 25 janvier 2003, demeure à ce jour une grande énigme. Deux décennies plus tard, sa famille garde toujours espoir de le retrouver sain et sauf. Retour sur ce triste cas...

Le petit Ackmez Aumeer disparaît le 25 janvier 2003, à quelques mètres de son domicile à Camp-Chapelon alors qu’il joue avec son petit frère Aljabeer, 3 ans, sur un terrain en friche. À un moment, il se retrouve seul quand Aljabeer va chercher du pain et de l’eau. Quand son petit frère ne le revoit pas à son retour, il se précipite pour dire à sa mère, Nazleen Aumeer, qu’il ne trouve plus «bhai». Depuis, aucune trace ou piste fiable sur cette disparition mystérieuse. S’il y a eu quelques rebondissements dans l’enquête policière au fil des années, à ce jour, nul ne sait où pourrait bien se trouver Ackmez.

Nous nous sommes entretenus brièvement avec le père, Anwar Aumeer, alors que son épouse n’a pas voulu s’exprimer sur le sujet. «Fini gagn 20-tan tou. Azordi zour mo met tou dan lamé bondié. Mo garson touzour vivan ek mo touzour gard lespwar ki enn zour mo pou resi retrouv li», confie le papa toujours meurtri d’une voix tremblante. Aujourd’hui encore, nombreux sont ceux qui se demandent ce qui a bien pu se passer… Ackmez est-il toujours en vie ? A-t-il quitté le pays ? Est-il séquestré ? Ou, dans le pire des scénarios, a-t-il été victime d’un crime abominable, impensable ?

Si ses parents ont quitté Camp-Chapelon depuis des années, ceux à qui nous avons parlé dans la localité où le drame s’est produit n’ont pas oublié. Leurs souvenirs sont intacts. «Cette affaire nous a marqués à vie. Les Aumeer étaient des personnes connues dans la localité. Zot ti enn gran fami. Mais depuis que le petit Ackmez a disparu, ils n’ont plus jamais été les mêmes. Les parents ont déménagé. Puis petit à petit nous avons perdu contact», explique un voisin. Dans une déclaration à la presse, quelques années après la disparition de son fils, Anwar Aumeer avait confié qu’il avait élu domicile à Camp-Fouquereaux car Camp-Chapelon leur rappelait – à sa femme, son deuxième fils et lui-même – de trop mauvais souvenirs.

«J’ai accepté car j’étais prêt à tout pour retrouver mon enfant. en retour, il me réclamait rs 50 000».

À l’époque, l’affaire est prise très au sérieux par la police et la thèse d’un règlement de comptes avait même été évoquée. Puis, en juin 2004, une vaste opération de recherches aux Gorges de la Rivière-Noire sur la base de certaines informations était montée par la Criminal Investigation Division de Vacoas avec l’aide de la Special Mobile Force, pour recueillir certains renseignements susceptibles d’élucider le mystère de la disparition d’Ackmez. Mais les recherches ne donneront rien. Dans la même année, un dénommé Antoine Chetty, qui avait écopé de 12 ans de prison pour possession de drogue, communique des informations qui permettront d’élucider d’autres agressions ou délits. «Sensible à l’appel des parents du garçonnet, il comptait confirmer des informations sur la disparition d’Ackmez. Néanmoins, malgré les supplications de la mère, il n’en sera rien. Cette dernière lance alors un appel pour une rencontre avec le Premier ministre d’alors.»

Le 3 octobre 2006, après la découverte et la saisie d’armes dans une ferme à La Chaumière, la Major Crime Investigation Team (MCIT), sous le commandement de feu Prem Raddhoa, estime pouvoir élucider cette affaire et le même jour, les enquêteurs arrêtent six suspects qui disent détenir des informations sur la disparition du petit Ackmez. Mais il n’est toujours pas retrouvé. Puis, le 8 novembre 2012 – neuf ans après sa disparition – les parents ont une lueur d’espoir de retrouver leur fils. Anwar Aumeer reçoit un SMS dans lequel l’auteur dit être le kidnappeur, en donnant des détails précis sur les vêtements qu’il portait ce jour-là. «Il me dit même que mon fils est en vie et en sa compagnie. Puis, il m’appelle pour fixer un rendez-vous à La-Butte, à Port-Louis. J’y suis allé, mais l’homme a pris la fuite en voyant une patrouille de police», avait alors raconté Anwar Aumeer.

Dans le sillage de l’affaire, deux personnes sont arrêtées par la police puis relâchées après avoir donné leur déposition. L’un d’eux, un habitant de La-Tour-Koenig, avoue aux enquêteurs que le numéro ayant servi à expédier ce SMS est bien enregistré à son nom, mais précise qu’il a perdu son portable deux semaines plus tôt et ne l’a pas retrouvé. Alors que le deuxième suspect, un habitant de Vallée-Pitot, aurait, selon le père d’Ackmez, été «injustement arrêté par la police car il n’avait rien à faire avec cet enlèvement». Anwar relate que plusieurs personnes essaient de profiter de son malheur. Avant l’épisode du SMS, un certain Preet, habitant Baie-du-Tombeau, l’appelle pour lui dire qu’il détient son enfant disparu. Il demande au père de ne pas contacter la police. «J’ai accepté car j’étais prêt à tout pour retrouver mon enfant. En retour, il me réclamait Rs 50 000 que je lui ai d’ailleurs remises. Mais je n’ai jamais revu mon fils. L’homme s’est tiré avec mon argent. Lorsque j’ai contacté la police, il a été arrêté mais l’argent avait disparu.»

En novembre 2015, la famille aura encore une fois un espoir de retrouver son enfant chéri. Les proches reçoivent un appel de quelqu’un qui dit être Ackmez, qui aurait dû alors avoir 21 ans... Il aurait indiqué à ses proches qu’il était dans un endroit situé dans l’est du pays. Un important dispositif de police comprenant plusieurs unités est mobilisé pour recueillir toutes informations utiles sur Ackmez mais l’opération policière sera ensuite «called off», aucun indice n’ayant été receuilli sur le terrain.

Il y a aussi eu la fois où un homme s’est présenté à la MCIT pour affirmer qu’il détenait des informations selon lesquelles le petit se trouvait dans une maison à Chamarel. Les enquêteurs exploraient alors déjà trois pistes: venant de personnes disant qu’Ackmez était aux Seychelles ; qu’il était déjà mort ; qu’il était dans un autre endroit que Pailles. Le surintendant Prem Raddhoa et son équipe avaient alors effectué une descente sur les lieux, ayant localisé la maison indiquée par leur source et commencé les recherches – sans succès. Ils effectueront une deuxième fouille à Chamarel le même jour. Un proche de la famille accompagnera les enquêteurs lors des recherches. Mais il n’y a jamais eu aucune trace d’Ackmez.

Aujourd’hui, la police n’enquête plus sur cette disparition n’ayant pas de nouvelle piste. «Cela ne veut pas dire que le dossier est définitivement clos. Un jour, si on trouve une nouvelle piste, on rouvrira le dossier», indiquent nos sources policières. Les parents d’Ackmez, eux, gardent toujours une lueur d’espoir, aussi infime soit-elle…