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Global Business: l’affaire Adani en Inde et ses ramifications mauriciennes
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Global Business: l’affaire Adani en Inde et ses ramifications mauriciennes
Ce serait le plus gros scandale impliquant notre secteur offshore. Et venant d’Inde, un de nos plus gros marchés dans ce secteur, il faudra s’attendre à ce que nous en pâtissons. À moins que les autorités indiennes regardent ailleurs…
La portée internationale de cette affaire pourrait ne pas arranger les choses pour nous, et la réputation de notre secteur de Global Business est en jeu. Tout dépend des autorités indiennes, qui, d’après Hindenburg Research, une firme américaine, ont toujours jeté un oeil plutôt bienveillant sur les affaires des Adani. On parle de la proximité entre Gautam Adani et Narendra Modi et des privatisations «à la soviétique des années 1990» effectuées en 2019 en faveur du groupe Adani, notamment de six aéroports.
De nombreuses compagnies offshore ont été citées dans le rapport de Hindenburg Research, en date du 24 janvier. Dont Amicorp, qui aurait été à la manoeuvre pour aider Adani à développer son réseau de compagnies offshore. Le rapport rappelle que c’est cette même Amicorp qui a joué un rôle prépondérant dans le scandale 1MDB en Malaisie et qui a fait perdre USD 4,5 milliards aux contribuables de ce pays. À la tête d’Amicorp à Maurice, un certain Shakill Toorabally que nous avons tenté en vain de contacter.
Personne ne répond
Autre Management Company impliquée : Trustlink International Ltd. Nous n’avons pu avoir de contact avec le directeur, Giandeo Rajiv Reemul, personne ne répondant à nos appels. Ce serait ce Trustlink qui aurait mis sur pied la société Opal Ltd que Hindenburg Research qualifie de «coquille vide». Une flopée d’autres compagnies ont été créées par des Management Companies que Hindenburg allègue avoir été en fait sous le contrôle des Adani. Deux entités offshore, Multiconsult et IQ-EQ, auraient fait transférer environ 7 milliards de dollars vers les sociétés des Adani. Contactées, ces deux firmes ne sont pas revenues vers nous. Le ministre Mahen Seeruttun non plus.
Hindenburg Research accuse Gautam Adani d’avoir créé ces sociétés offshore pour injecter de l’argent dans les entreprises d’Adani. Pourquoi ? Pour doper le prix des actions des compagnies des Adani, pour blanchiment, ou tout simplement pour montrer que les compagnies visées débordent de liquidités, dit Hindenburg. Car, selon cette dernière, le groupe Adani est en fait en très mauvaise situation financière.
Un expert-comptable nous livre son opinion : «En l’espace de six ans, le niveau d’endettement du groupe Adani est passé de 86 % en 2016 à seulement 40 % en 2022. Le groupe aurait pu obtenir de l’argent frais de ces actionnaires existants, à partir d’emprunts ou en mettant en vente de nouvelles actions. Étant donné que le groupe était surendetté, obtenir de l’argent pour éponger ses dettes auprès des actionnaires publics n’allait pas être facile. C’est pourquoi, des entités liées (du même groupe) ou des coquilles vides (mais qui utilisent l’argent des Adani) ont acheté leurs propres actions. De plus, Adani a mis en gage ses actions (sur-)évaluées pour emprunter encore plus d’argent auprès de banques.»
Ce qui a interpellé Hindenburg, c’est que la fortune de Gautam Adani, qui est estimée maintenant à $ 120 milliards, s’est gonflée de $ 100 milliards rien que pendant les trois dernières années. Et que cette valorisation serait due à une appréciation des actions par 819 % des sept principales sociétés du groupe. Comment ces «injections» d’argent provenant de sociétés fictives, comme les qualifient Hindenburg, et de plus contrôlées en fait par les Adani, ont-elles pu se faire sans que personne ne s’en rende compte ? Pour la firme américaine, il y a eu connivence de la part de certains à la Securities and Bond Exchange of India qui aurait fermé les yeux, notamment sur les énormes sommes transférées vers les sociétés appartenant aux Adani, et qui auraient transité par la juridiction mauricienne.
«India-bashing»
Sollicitée, la Financial Services Commission (FSC) nous a répondu : «As per established procedures the FSC has requested a compliance report from the Management Companies. The FSC will devise the course of action in light of the report.»
Gautam Adani se défend : «Clearly, the report and its unsubstantiated contents were designed to have a deleterious effect on the share values of Adani Group companies as Hindenburg Research, by their own admission, is positioned to benefit from a slide in Adani shares.» Le prix de l’action Adani a dévissé par USD 42 milliards depuis la publication du rapport Hindenburg. Et hier, le ton d’Adani est monté d’un cran ; le rapport Hindenburg «is a calculated attack on India». Du India-bashing, quoi, comme l’aiment dire certains ministres de notre gouvernement.
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