Publicité
Inondations: et si on remplaçait les drains (et les contrats par milliards) par des noues?
Par
Partager cet article
Inondations: et si on remplaçait les drains (et les contrats par milliards) par des noues?
La polémique s’est amplifiée dernièrement après les inondations subies malgré l’existence de drains à proximité. Et surtout après les révélations de Kugan Parapen et Kishore Ramkhelawon sur le businesses derrière la construction et le nettoyage de ces mêmes canalisations.
Rs 11,7 milliards plus Rs 3,8 milliards. C’est le montant inouï consacré par le gouvernement à la construction de drains. Et certains ministres, PPS et même membres de l’opposition, comme Fabrice David, qui en redemandent, tout en sachant bien que ces projets sont en train d’enrichir une poignée de contracteurs et des membres du gouvernement ! Seuls les députés Osman Mahomed et Xavier-Luc Duval s’étaient élevés contre ce gaspillage d’argent.
De côté des experts, dont un qui peut dire tout et son contraire dépendant des contrats de consultant qu’il décroche des autorités, il faut relever la position constante de Vincent Florens, Associate Professor en écologie à l’université de Maurice. Il a, en diverses occasions, expliqué que les drains en béton contribuent à la perte d’eau en l’évacuant plus vite vers les rivières et l’océan. Cela, quand l’eau ne déborde pas et cause des accumulations et inondations.
Un ingénieur civil expérimenté qui pense au pays et à l’environnement avant tout, mais qui a voulu garder l’anonymat pour des raisons évidentes, suggère une solution simple, peu coûteuse, bonne pour l’environnement, pour nos nappes phréatiques et nos paysages et qui en même temps aidera à l’évacuation du trop-plein d’eau : l’aménagement – car elles n’ont pas besoin de construction – de noues d’infiltration ou drainante (swales en anglais.)
«Avec de telles solutions comme la ‘swale’, les copains ne vont-ils pas être privés de contrats ?»
C’est quoi une swale ? C’est une sorte «de fossé peu profond et large, végétalisé, avec des rives en pente douce, qui recueille provisoirement de l’eau de ruissellement, soit pour l’évacuer via un trop-plein vers un exutoire, soit pour la laisser s’évaporer et/ou s’infiltrer sur place permettant ainsi la reconstitution des nappes phréatiques». De plus, ce système ne nécessite pas de grande expertise.
Selon l’ingénieur qui ne pense pas qu’au béton, la noue qui a un fond plat peut permettre aussi d’y marcher en toute sécurité, quand il ne pleut pas bien sûr. Et son aménagement est plus rapide. «Il s’agit juste de creuser et d’y planter du gazon ou tout simplement ‘l’herbe bourrique’ qui pousse et s’étale facilement.» Nos «bourriques» comprendront-ils ? Son entretien est simple d’après notre interlocuteur. «Il s’agit de tondre le gazon régulièrement et de laisser le paillis sur place.» Tout en ajoutant que cela donnera du travail à nos jardiniers. «En tout cas, le nettoyage ne coûtera pas des millions comme l’a révélé ce conseiller de Moka.»
Justement, nos décideurs préféreront-ils ce qui coûte moins cher ? Ou comme l’a dit Xavier Duval : «plus c’est cher, plus c’est bon pour le gouvernement» ? Nous avons parlé de cette solution à un ingénieur du gouvernement. Il a trouvé l’idée géniale mais il se dit sceptique quant à la volonté des autorités d’y recourir : «Mais mon ami, avec de telles solutions comme la swale, les copains ne vont-ils pas être privés de contrats ?» Tout en ajoutant en riant : «Les politiciens se moquent de faire des économies. Ce qui les intéresse, c’est la part du gâteau. Plus c’est gros, plus la part le sera aussi.»
Beauté et laideur
L’ingénieur qui nous a partagé l’idée de «swale» à la place de drains en béton nous a remis une photo montrant les noues dans la région de Réduit qui ont été pensées et aménagées par les Anglais dans les années 60, lors de la construction de la première autoroute du pays. On peut y voir également les beaux arbres plantés de chaque côté de la route et qui ont tous disparu depuis. Les voies étaient aussi séparées par un espace vert et planté de bougainvilliers multicolores ou autres arbustes, remplacé par des séparateurs en béton armé en 2019. Ce qui a aussi contribué à des inondations. Une consœur écrivait «au milieu coule une rivière» pour décrire la situation sur les autoroutes lorsqu’il pleut. Quand on voit comment nos paysages ont été défigurés, on peut se demander, comme Sen Ramsamy l’a fait, comment TripAdvisor a pu classer Maurice comme la première destination Nature !
Autoroute du sud, le massacre continue
Elle a été construite sous le gouvernement MSM dans les années 80. Les drains sont en pierres taillées, ce qui a dû coûter une fortune… aux contribuables. Récemment, la bordure de gazon a été remplacée par de la bitume. Qui doit être refaite de temps en temps, augmentant par la même occasion la surface réasphaltée par les «contracteurs». À cela, l’ingénieur du gouvernement a ceci à nous dire : «Dilo swiv kanal.»
Publicité
Les plus récents