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Révisions des conditions de travail: ce qui change pour les employés des média
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Révisions des conditions de travail: ce qui change pour les employés des média
Après les amendements successifs des lois pour contrôler les publications et les journalistes, voilà que le gouvernement vient de l’avant avec un autre projet concernant les médias : les conditions de travail des journalistes. Hier, le ministre du Travail, Soodesh Callichurn, a rencontré la presse pour commenter le rapport du «National Remuneration Board» sur ce secteur publié en 2022.
Selon Soodesh Callichurn, le dernier Newspaper & Periodicals Employees Remuneration Regulations date de 2001. Depuis, il y a eu l’arrivée des radios privées en 2003 et une technologie qui a rapidement avancé. Raison pour laquelle le ministère avait demandé au National Remuneration Board (NRB) de faire des recommandations pour le secteur. «Mais je n’étais pas d’accord avec tout et j’ai usé de mon pouvoir pour changer quelques recommandations», a précisé le ministre.
Le premier changement concerne le changement de nom des régulations qui régissent les salaires du secteur. Désormais, ce seront les Media Employees (Remuneration) Regulations 2022. Cette nouvelle loi secondaire, qui sera promulguée d’ici la semaine prochaine, selon le ministre, couvrira aussi les travailleurs en freelance. Selon les nouvelles régulations, les employés seront répartis en deux groupes. Le groupe A comprendra les journalistes, secrétaires de rédaction (NdlR: ceux qui éditent les textes), caricaturistes, présentateurs, junior journalists, photographes, vidéographes, éditeurs multimédias, techniciens radio, et trainee journalists. Quant au groupe B, il regroupe les documentalistes, assistants documentalistes, relecteurs (NdlR : ceux qui relisent les pages avant la publication), clerks, word processing operators, réceptionnistes, caissiers et chauffeurs.
Les recommandations
<p><strong>Allocations aux employés du groupe A</strong><br />
<strong>- </strong>Grooming: Rs 4 000<br />
<strong>- </strong>Multimédia : Rs 1 500<br />
<strong>- </strong>Ceux appelés à travailler sur les plateformes en ligne : 10 % du salaire</p>
<p><strong>Santé</strong><br />
<strong>- </strong>Check-up médical obligatoire aux frais de l’employeur chaque six mois<br />
<strong>- </strong>Allocation de Rs 3 500 ( au lieu de Rs 2 000 actuellement) pour les lunettes</p>
<p><strong>Salaires</strong><br />
Augmentation de 25 % du salaire de base des employés du groupe A.<br />
<strong>- </strong>Journaliste : de Rs 16 790 à Rs 21 000.<br />
<strong>- </strong>Reporter, photographe ou caricaturiste : de Rs 12 837 à Rs 16 000.</p>
<p><strong>Augmentation de 17 % à 30 % du salaire de base des employés du groupe B.</strong><br />
<strong>- </strong>Documentaliste : de Rs 13 626 à Rs 16 000<br />
<strong>- </strong>Relecteur : de Rs 11 335 à Rs 13 807</p>
<p><strong>Repas<br />
- </strong>Rs 125 pour les deux groupes si l’employé travaille au-delà des heures requis.</p>
<p><strong>Transport<br />
- </strong>Tous les déplacements dans le cadre du travail seront remboursés.</p>
<p><strong>Heures et conditions de travail<br />
- </strong>90 heures par quinzaine. Au-delà, l’employé peut réclamer des heures supplémentaires ou des congés payés. La semaine de travail consiste en cinq jours et la journée de travail est définie comme étant de 8 heures.</p>
<p>Un journaliste aura le statut de junior journalist pendant une période d’un an au lieu de cinq ans. La période de trainee journalist ne pourra pas dépasser deux ans.</p>
<p>Les employés du groupe B auront le double de leur salaire pour les premières 8 heures de travail un jour férié. Chaque heure supplémentaire sera payée au triple.<br />
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Nad Sivaramen, directeur des publications de La Sentinelle Ltd
«Je trouve bizarre le timing de cette annonce»
«Nous n’avons pas les détails des propositions à ce stade. Mais même si les journalistes, que le ministre décrit, de manière étonnante, comme ses «camarades», ont de quoi être ravis, il faudrait savoir où les médias, en mauvaise posture avec le newsprint, les salaires et l’électricité en hausse et qui font déjà des pertes importantes, vont trouver de quoi payer ! Ce n’est, d’évidence, pas le souci du Premier ministre et de son gouvernement.», déclare Philippe Forget, le chairman de La Sentinelle.
Pour sa part, Nad Sivaramen ajoute: «Si le gouvernement voulait vraiment aider les journalistes, il lui faudrait arrêter le boycott publicitaire et des abonnements des groupes de presse indépendants comme La Sentinelle et respecter le jugement y relatif de la Cour suprême. En accentuant le boycott, et avec la hausse continue des intrants, la généreuse hausse imposée par ce gouvernement allergique aux critiques de la presse libre me semble être surtout un cadeau empoisonné aux journalistes. Après la pandémie, nous avons restructuré notre groupe pour sauvegarder un maximum d’emplois et avons dû nous séparer d’un bon nombre de nos collègues. Je crains qu’aujourd’hui certains risquent davantage de perdre leur emploi… on n’en sait rien, mais c’est ma crainte principale pour le moment. Et si c’était cela l’agenda caché du gouvernement… En tant que directeur des publications de La Sentinelle et journaliste, je suis de ceux qui ont toujours oeuvré pour des conditions de travail évolutives dans la presse. Je trouve vraiment bizarre le timing de cette annonce.»
Réactions d’autres patrons de presse
• Ehsan Juman, directeur du Sunday Times
«C’est bien que les journalistes aient une révision de leurs conditions même si les rédactions passent par des difficultés, dont une baisse de la demande du journal papier et la rareté de la publicité. En revanche, je note que le gouvernement annonce ces recommandations dans un contexte où il n’est pas bien vu par la presse. Les journalistes sont intelligents. Si le gouvernement essaie de se racheter auprès d’eux, cela ne va pas fonctionner comme il le souhaite.»
• Nicolas Adelson, directeur de Radio One
«Cela fait un certain temps qu’il y a eu des recommandations par le NRB. Mais je n’ai pas encore pris connaissance des annonces faites. Une fois que j’aurai pris des renseignements, je reviendrai vers vous pour des commentaires.»
• Bernard Delaître, directeur du groupe Le Mauricien
«Je suis au courant des recommandations, mais pas de ce qui a été annoncé par le ministre du Travail.»
• Ehshan Kodarbux, directeur du Defi Media Group
«Maintenant que vous m’apprenez ça, je dois prendre connaissance du contenu avant de faire des commentaires.»
• Kris Caunhye, directeur de Top FM
«Je ne peux pas commenter car je n’ai pas pris connaissance de ce qui a été dit. Je suis occupé avec mes affaires en cours.»
• Nawaz Noorbux, directeur de l’information de Radio Plus
«Je n’ai pas encore pris connaissance des informations de cette conference de presse. Je dois étudier les implications avant de me prononcer.»
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