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Politique: le gouvernement joue à cache-cache, l’opposition se cherche
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Politique: le gouvernement joue à cache-cache, l’opposition se cherche
Un Premier ministre qui décide de se rendre dans des endroits «secs» alors qu’un millier de sinistrés se retrouvent dans des centres de refuge. Des députés de la majorité qui distribuent à manger à des sinistrés, se font prendre en photo, mais disparaissent quand il y a une pénurie d’eau. D’autres qui vont sur le terrain mais sont arrosés d’insultes. La marmite politique bouillonne...
La sortie du Premier ministre le samedi 28 janvier est passée de travers. Pravind Jugnauth décidait de se rendre à Vallée-Pitot, Fond-du-Sac, Cottage et Camp-Thorel pour un constat : des drains construits sous son gouvernement ont fonctionné durant les grosses pluies de la veille… Il va même jusqu’à se rendre dans un champ de cannes lors d’une visite des lieux. Cela, en évitant soigneusement les endroits justement où les drains n’ont pas fonctionné. Cette sortie a été diversement commentée par de nombreux Mauriciens et politiciens, qui déplorent son manque de considération pour les sinistrés. «Pourquoi ne s’est-il pas rendu dans les endroits inondés et où il y a de réels problèmes ? Savait-il que le terrain était glissant et qu’il risquait de faire face à la colère du petit peuple ?»
La veille, le ministre des Technologies, de la Communication et de l’innovation, Deepak Balgobin, faisait face aux insultes d’habitants d’Argy, dans sa circonscription, alors que ceux-ci laissaient éclater leur colère en lui lançant quelques fleurs… Il a tenté en vain de leur parler, et a finalement quitté les lieux. Pour sa part, le député Zahid Nazurally, interpellé par ses mandants qui se retrouvaient avec des maisons pieds dans l’eau, a tout simplement renvoyé la faute sur les officiers responsables des travaux qui n’ont pas assumé leurs responsabilités, a-t-il dit dans un live Facebook.
Dans l’ouest, Sandra Mayotte et Alan Ganoo étaient portés disparus dans leur circonscription, au no 14, après les grosses pluies et alors que des habitants faisaient face à un gros problème d’eau. Alan Ganoo s’était pourtant laissé prendre en photo alors que quelques jours avant, il distribuait de la nourriture dans des centres de refuge. Cependant, ils ont cruellement manqué à l’appel lors des tensions survenues à Case-Noyale et Coteau-Raffin. Privés d’eau, plusieurs citoyens sont descendus dans la rue pour exprimer leur colère tant la situation était critique. L’intervention de la police a même été sollicitée pour calmer les esprits.
Puis, le 1er février, Pravind Jugnauth s’est rendu au Morne dans le cadre des célébrations des 188 ans de l’abolition de l’esclavage. Pour cela, son cortège a dû traverser les villages de Case-Noyale, La Gaulette et Coteau-Raffin, où la tension était palpable. Selon des habitants, la CWA a ouvert les vannes temporairement, le temps de son passage dans la région. «Zis pou kouyonn lizié dimounn», lâchent des villageois, très remontés.
En tout cas, Pravind Jugnauth, qui a l’art d’éviter les journalistes et les questions embarrassantes de la presse, n’a encore une fois pas donné son avis sur les polémiques engendrées par les inondations, mais aussi et surtout à l’actualité brûlante du moment, dont l’affaire Franklin.
S’exprimera-t-il dans les prochains jours ? Atann nou gété…
L’énigme Bodha
<p>Contrairement à beaucoup d’autres politiciens, Nando Bodha avait été, depuis plus de 30 ans, fidèle à un seul parti : le MSM. Il a été journaliste à la MBC, puis attaché de presse après des études d’urbanisme en France. Le leader du Rassemblement mauricien (RM) restera un fidèle de SAJ et traversera le désert de 2005 à 2014 aux côtés du patriarche. Avec le retour du MSM au pouvoir en 2014, il obtient le portefeuille tant convoité des Infrastructures publiques et du transport. C’est d’ailleurs sous sa tutelle que le projet métro a démarré. Il est à l’origine d’autres projets infrastructurels, dont certains seront critiqués, comme sa gestion de la remise en état de la route Terre-Rouge–Verdun et la brève histoire controversée des moto-écoles…</p>
<p>Après les élections de 2019, Nando Bodha hérite du ministère des Affaires étrangères qu’il gérera tant bien que mal. Il brillera surtout par sa courtoisie et sa discrétion, n’aimant pas se mettre en avant ; aujourd’hui encore, il est tout aussi discret, confient ceux qui l’ont longtemps côtoyé. Il démissionnera de façon fracassante du gouvernement et du MSM en février 2021. Dans un communiqué, il parlera des raisons qui l’ont poussé à cette extrémité, dont l’affaire Kistnen et le <em>«pouvoir cadenassé et accaparé par une clique».</em> Mais il n’en dira pas plus et on lui reprochera toujours de n’avoir pas donné plus de détails, comme l’ont fait d’autres ministres démissionnaires, dont Roshi Bhadain. Il rejoint ensuite l’Entente de l’espoir aux côtés de Xavier Duval mais surtout Paul Bérenger. Ce qui confirmera, disent certains, qu’il a toujours été proche du leader du MMM.</p>
<p>Le MSM d’ailleurs répètera sans cesse que le leader des Mauves lui aurait promis le poste de Premier ministre, comme à Madun Dulloo, entre autres, dans le passé. On ne sait pas si c’est vrai à ce jour. Toutefois, après le départ de Roshi Bhadain de l’Entente et la reprise des koz-kozé entre le PTr et l’Entente, Bodha se serait senti exclu alors que d’autres disent qu’il aurait volontairement été mis à l’écart. À la reprise des koz-kozé qui ont vu un rapprochement du PMSD, du PTr et du MMM, comme en témoignent plusieurs rencontres des leaders, Nando Bodha a dit ouvertement dans sa conférence de presse du 20 janvier ce qu’il pense de l’opposition et surtout qu’il n’est pas convaincu que cette dernière gagnera les élections dans une alliance avec Navin Ramgoolam. Ce qu’il ajoute prouvera d’ailleurs qu’il a toujours de grandes ambitions : «<em>Je suis prêt à reprendre le flambeau.»</em> Tout le monde a donc compris qu’il veut être le Premier ministre d’un éventuel gouvernement regroupant divers mouvements de l’opposition extraparlementaire.</p>
<p>Certains disent même qu’il pourrait se rapprocher de Linion Pep Morisien et mettent en avant sa proximité avec Rama Valayden, notée depuis quelque temps déjà. Rappelant par la même occasion que Valayden a été le premier à annoncer que Bodha quitterait le gouvernement dans un meeting en février 2021. Pour l’instant, il n’y a eu ni conférence de presse de l’Entente, ni de rencontre des leaders du PMSD et du MMM avec Bodha alors qu’on a pu voir le 1er février, Xavier-Luc Duval, Paul Bérenger et Navin Ramgoolam très proches lors de la cérémonie de dépôt de gerbes à Pointe-Canon, Mahébourg, pour commémorer les 188 ans de l’abolition de l’esclavage. Bodha aura, lui, fait cavalier seul plus tard dans la journée au même endroit. Il a notamment lancé que ce sera au peuple de décider qui sera Premier ministre...</p>
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