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Raviraj Beechook: «Les prochaines élections ne doivent pas être un référendum sur Ramgoolam»

12 février 2023, 18:00

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Raviraj Beechook: «Les prochaines élections ne doivent pas être un référendum sur Ramgoolam»

Au Parti travailliste, on craint que Satish Faugoo ne soit pas le seul. Les propos du vice-président contre le management de Ramgoolam font croire qu’il y aurait «d’autres traîtres» qui opèreraient de l’intérieur. Mais si, dans le fond, Faugoo avait raison ? Si vraiment Ramgoolam serait le meilleur agent de Pravind Jugnauth ? Le contexte de cette interview est difficile pour le jeune directeur de com’ du parti rouge. Saura-t-il mitiger «l’effet Faugoo» ?

Vous avez immédiatement accepté notre demande d’interview. Cela démontre l’urgence de la contre-com nécessaire après l’interview de Satish Faugoo ?
Absolument pas. Mais il est clair qu’il est important pour moi en tant que porte-parole du parti et, dans un souci de transparence, de contrer les rumeurs colportées par les voix discordantes du parti. Il me faut apporter les éclaircissements nécessaires.

Moi j’ai lu un Faugoo sensé, posé, perspicace et pertinent. Vous partagez mon opinion ?
Comme l’a dit Navin Ramgoolam, tout ce qui a été dit n’est pas faux. Mais le forum choisi par Satish Faugoo n’est pas approprié. Ce n’est pas la première fois que des idées contraires à la ligne du parti sont exprimées. Mais ce n’était ni le lieu, ni la façon idéale et respectueuse, de le faire. Il aurait pu s’exprimer au BP ou au comité exécutif où – il le sait – toutes les opinions, même les plus contraires, sont discutées et débattues. C’est là-bas qu’il aurait dû exposer ses doléances et non dans la presse. Je pense, à partir du timing, de la façon de faire et des informations dont nous disposons que le but, c’est de déstabiliser le parti et son leader.

Comment va-t-il s’exprimer au BP si celui-ci ne se réunit pas tous les 15 jours et que le comité exécutif ne programme pas de réunions chaque mois, comme le demande la constitution du parti.
Il n’a pas suivi les amendements apportés au dernier congrès. L’un d’eux fut qu’en raison du Covid et parce que les rassemblements des opposants étaient sous surveillance, on s’est donné plus de flexibilité…

(On l’interrompt). Il le sait et accuse justement Navin Ramgoolam de s’être subtilement et unilatéralement octroyé une mainmise sur le calendrier du BP et du comité exécutif.
Ce n’était pas unilatéral car Faugoo était présent au congrès. Il aurait pu se mettre debout et exprimer son désaccord. Quand il a fallu voter, il a voté. Ces amendements ne furent pas présentés de cette façon et ce qu’il a dit est une interprétation qui l’arrange. La vérité, c’est que Ramgoolam lui-même venait de sortir d’une maladie. Il était affaibli. Il y avait le Covid. Les rassemblements étaient devenus difficiles. Donc, le parti a dû s’adapter. Ces amendements ont aussi pris en compte les moyens dont on dispose pour se réunir avec la technologie, Zoom, les visioconférences. En fait, c’était ça l’objectif.

Peut-on continuer à passer en revue les reproches que fait Satish Faugoo au PTr et à Navin Ramgoolam. Je vous préviens, il y en a beaucoup…
(Il nous interrompt) C’est lui accorder trop d’importance.

C’est le vice-président du parti…
Justement. Il se contredit. Il est premier vice-président et prétend ne jouir d’aucune considération au sein du parti.

Oublions que ces arguments viennent de Faugoo. Disons que ce sont les miens. Ça vous va ?
D’accord.

Qui au PTr a mandaté Ramgoolam pour négocier une alliance avec le MMM ?
Ramgoolam est-il en train de négocier une alliance ? Il discute avec toutes les voix de l’opposition et cela a été décidé par le comité exécutif. Faugoo fait une fixation sur le MMM. C’est une rhétorique du MSM ça et elle est reprise par les voix dissidentes du PTr. Soyons clairs là-dessus. Ramgoolam discute avec toutes (il traîne le mot en longueur) les voix de l’opposition. Il a parlé à Ivann Bibi, il a parlé à Rezistans ek Alternativ. Nous, dans un esprit d’ouverture, nous pensons que le challenge devant est tellement important qu’il nous faut discuter avec toutes les voix de l’opposition. Ce n’est pas juste le MMM. C’est vrai qu’il y a des discussions préliminaires pour voir si on peut se mettre d’accord autour d’un programme commun. Il n’y a pas de discussions d’alliance.

« Donnez à Faugoo une investiture et vous verrez que son langage va changer. »

Mais parmi ces voix de l’opposition, certains sont «discarded». Comme Bodha et Bhadain.
Disons que Bodha s’est autoexclu. À travers ses déclarations de presse, il a choisi de ne pas participer à ces discussions même si moi je note que Navin Ramgoolam a clairement dit qu’il n’a aucun problème avec lui. Nous sommes totalement concentrés et engagés pour atteindre notre objectif : éjecter le MSM et prendre le pouvoir.

N'êtes-vous pas dans le déni de l’existence d’un fort courant «Ni Navin, ni Pravind», pour citer un des slogans du Reform Party ? Faugoo va même jusqu’à dire que Ramgoolam sera le meilleur agent de Pravind Jugnauth aux prochaines élections.
Non, mais Faugoo, je vous le répète, est en train de se contredire. Il fait partie des top 5 personnes qui depuis 2014 fait partie de toutes les tractations, dont l’attribution (il insiste sur ce mot) des investitures au PTr.

Vous plaisantez !
Nous savons tous que c’est le leader… (Il nous interrompt)

Absolument pas ! Posez-lui la question. Il était parmi ceux qui sont les plus écoutés par Navin Ramgoolam ; au point où il générait de la jalousie dans le parti. Il avait l’oreille du patron.

Je reviendrai plus tard sur la question «Ni Navin, ni Pravind», mais puisque nous parlons de Faugoo, quelle mouche l’a donc piqué si tout allait si bien ?
C’est Faugoo qui a la réponse. Mais j’ai une hypothèse. Le PTr est dans une dynamique de renouvellement qui a déjà atteint sa vitesse de croisière et c’est contreproductif pour l’égoïsme et l’intérêt personnel de certaines personnes. Ces personnes obtiendront-elles une investiture ?

Il dit que ce n’est pas ce qu’il recherche.
C’est ce qu’il dit. Donn li enn tiket ek dimann li si li kontiniyé so lavwa diskordan. Met li lor front bench. Eski li ti pou éna mem konportman ? Absolument pas ! C’est l’égoïsme qui prime. Ki mo pou vini, ki mo pa pou vini. Ces personnes sont en déphasage avec le renouvellement. Mais que ce soit clair, ce n’est pas un rejet. C’est juste que le parti a changé son fonctionnement ; on a créé des postes stratégiques et ces personnes ne s’y retrouvent pas. Et il n’y a pas que Faugoo…

Justement, Cader Sayed Hossen a dit cette phrase : «Je constate un malaise au sein du PTr».
Le cas de Cader n’a pas été abordé car cette déclaration est récente. Mais Cader n’a rien dit contre le PTr. D’ailleurs, même si on sait qu’il subit des pressions, il a démenti les rumeurs selon lesquelles il allait retirer sa pétition électorale. Il a dit qu’il s’exprimera dans les instances du parti.

Revenons à la question précédente. Y a-t-il un déni au sein du PTr, de l’existence d’un courant «Ni Navin, ni Pravind» ?
Navin Ramgoolam a été plébiscité comme leader au dernier congrès. Personne n’a contesté la motion qui veut que Ramgoolam mène le PTr aux prochaines élections. Tout cela a été acté dans ces instances où ces voix discordantes étaient présentes. Kalyanee Juggoo était là. Satish Faugoo aussi. Les autres voix discordantes qui sont en train de murmurer aux oreilles des journalistes, étaient aussi présentes.

Qui sont ces voix-là ?
(Il sourit et ignore la question). Ces personnes-là étaient présentes. Ils ont eu l’occasion de participer à un BP et un comité exécutif. Elles n’ont rien dit. C’est juste qu’à l’approche des élections, ces personnes sont rongées par l’incertitude d’une investiture. Elles adoptent les postures qu’elles adoptent et je pense aussi qu’il y a un complot ourdi par le MSM pour affaiblir le PTr de l’intérieur. Voilà pourquoi ces voix discordantes ne démissionnent pas. Elles préfèrent rester à l’intérieur du parti pour tenter de nous ronger de l’intérieur.

C’est la troisième fois que j’essaie de poser la question. Vous êtes un spécialiste de la com ; vous avez fait de grandes études supérieures et vous comprenez les socio-dynamiques. Vous ne sentez pas qu’il y a un fort courant, «Ni Navin, ni Pravind» ?
Il se peut que ce soit un courant et on ne veut ignorer aucun courant de pensée. Mais il n’est pas présent dans les instances du PTr parce que personne ne s’est jamais exprimé en ce sens.

Finalement, les instances du parti sont déconnectées de la réalité et des opinions populaires alors que vous deviez en être le reflet !
Nous sommes le reflet de ce que la base, les membres, les instances pensent être notre meilleure chance de gagner les élections. Pourquoi Ramgoolam est-il la cible ? Si Ramgoolam n’était pas l’adversaire qui peut faire chuter Jugnauth, vous pensez qu’ils lui accorderaient autant d’importance ? Il n’a pas été élu. Il est hors du parlement depuis 2014 et il inquiète autant ses adversaires ? Celui qui peut ramener l’unité dans ce pays fragmenté par la politique communale du MSM, c’est le PTr. Celui qui peut être un fédérateur, ramener la sérénité, c’est le PTr et c’est Navin Ramgoolam.

Vous devez convaincre ceux qui se sont dit en 2014 «Ramgoolam ? Plus jamais !» Ils ne voteront peut-être pas MSM. Ce qui nous ramène dans l’impasse et l’incertitude de 2019 avec les résultats que l’on connaît.
Écoutez-moi. Ce que je vais vous dire est important. Il serait erroné de faire des prochaines élections un référendum sur Ramgoolam. Ce n’est pas cela l’enjeu. L’enjeu, c’est l’économie, le social et il y a tant de chantiers dans ce pays. Le pays est endetté, l’avenir des jeunes est plus incertain que jamais et ils sont en train de quitter le pays. Aucune industrie n’a émergé depuis que le MSM est au pouvoir. L’image touristique du pays n’a pas été réinventée. Nous sommes un avion en pilotage automatique alors que nous perdons constamment de l’altitude. Ramgoolam l’a dit et c’est ce que je vous dis, c’est une question de projet. Plus que tout, aujourd’hui, le pays a besoin de compétences. Les Mauriciens doivent décider s’ils veulent que l’infrastructure de demain soit entre les mains d’un incompétent comme Bobby Hurreeram. Ce pays doit décider s’il veut poursuivre sur la voie de l’échec qu’a connu la réforme éducative ou si elle veut écouter la voix de Mahen Gungaparsad qui a le potentiel de diriger l’éducation de ce pays.

Ce projet peut être mené par un Premier ministre qui peut lui-même être condamné pour blanchiment d’argent ?
Soyons honnêtes. Ramgoolam a été blanchi de toutes les accusations qui pèsent sur lui. Il a gagné tous ses procès.

Le mot «blanchi» n’est pas exact dans l’affaire des coffres-forts. Il a d’abord pu éviter un procès…
(Il nous interrompt) Un non-lieu est une détermination d’innocence !

L’éventualité d’un nouveau procès est plus que jamais réelle désormais.
Regardons la vérité en face et arrêtons l’hypocrisie. Oui, s’il y a condamnation, ça peut changer. Mais il n’y a pas eu de condamnation jusqu’à présent.

Oui, arrêtons l’hypocrisie. Vous êtes un des plus jeunes dirigeants du parti. Etes-vous personnellement à l’aise avec la somme d’argent retrouvée chez lui alors que le coût de la vie est ce qu’il est aujourd’hui ? Peu importe les richesses du Sun Trust, le MSM en fera encore un argument de campagne ! Le mode de financement des partis ne vous dérange pas ? C’est cela la politique dont vous avez rêvé ?
Vous savez, en 1995, le président Jacques Chirac a été poursuivi pour la façon dont il récoltait des fonds pour son parti et il avait été innocenté à la fin parce qu’il a plaidé qu’en l’absence d’un cadre juridique, il a récolté les fonds selon les moyens disponibles. À Maurice, les dons du privé pour financer les partis politiques ne sont pas une mauvaise chose. Ce qu’il nous faut, c’est de la transparence. Oui, le PTr et, moi personnellement, sommes en faveur d’une réforme de la législation pour plus de transparence dans la façon dont les partis sont financés. Mais il serait naïf d’imaginer que dans n’importe quel pays, la vie politique puisse fonctionner sans financement privé. À Maurice, on est tellement petit que la peur de représailles peut faire que le milieu politique soit privé de financement du fait que les noms des donateurs seraient publics. Surtout avec ce MSM qui ira anéantir ceux qui donneront aux opposants.

« Les «smart cities» sont un cadeau fiscal incroyable au secteur privé traditionnel. »

Rezistans ek Alternativ propose un gouvernement de transition pour tout remettre à plat : éliminer la classification ethnique, légiférer sur le financement des partis, changer la Constitution là où il le faut. Vous êtes partisan de cette idée qui en même temps éjecterait Pravind Jugnauth du pouvoir et résoudrait les problèmes de fond de ce pays avant de retourner aux urnes ?
Je m’aligne sur beaucoup des réformes proposées par les voix de l’opposition, dont Rezistans ek Alternativ. Le gouvernement de transition est une idée à laquelle j’adhère parfaitement. Mais la façon de le mettre en place me pose un problème. Rezistans propose un gouvernement de transition de deux ans avant d’organiser de nouvelles élections générales où chacun irait de son côté. Nous pensons que deux ans, ce n’est pas suffisant. Nous devons parallèlement stabiliser l’économie. Il faut arrêter l’hémorragie des jeunes qui quittent le pays. Il y a un système éducatif à réinventer. En toute honnêteté, cela ne peut pas se faire en deux ans. Un pays ne peut pas fonctionner uniquement avec des réformes. Il y a un day-to-day running à assurer. Il y a le problème de la retraite à résoudre. Le CSG va crasher et le prochain gouvernement doit trouver une solution. Il faut un mandat de cinq ans pour apporter toutes ces réformes et les mesures correctives pour solutionner les problèmes de ce pays.

Un mandat court rassurerait ceux qui ont des doutes sur les réelles motivations de Ramgoolam et son management post-MSM.
Ramgoolam l’a dit. Le Prime ministership reviendra au PTr pendant toute la durée du mandat. Au PTr, ce ne sont pas les talents qui manquent. On ne manque pas d’aspirants. Mais on ne va pas faire des prochaines élections un référendum sur Ramgoolam. L’enjeu est trop grand pour cela. On est en face d’un gouvernement corrompu jusqu’à la moelle. Peut-on continuer avec une telle SBM ? Une telle ICAC ? Il y a la question du dérèglement climatique, l’aménagement du territoire et beaucoup d’autres questions. Le MSM n’est pas en train d’aborder ces questions. Je n’ai aucun doute que Navin Ramgoolam peut diriger ce chantier avec une équipe compétente.

On tourne en rond. C’est aussi le traumatisme de la gestion de Ramgoolam qui a déclenché la vague de 2014. Ce traumatisme est toujours présent !
Nous ne sommes pas dans un système présidentiel où tout tourne autour de la délégitimation de l’autre. L’équipe autour de Ramgoolam, c’est ce qui change tout. Ce n’est pas Ramgoolam seul. Le MSM tente d’isoler Ramgoolam et zet la bou. C’est plus facile que convaincre l’électorat avec un projet politique.

Sérieusement ! Que le système soit westministérien, que ce soient des élections législatives, le Mauricien – peu importe sa circonscription – vote aux élections générales avant tout pour un Premier ministre ! «Pié banann éli dan Moris. Zamé ounn tann sa kozé la ?»
Je mentirai si je dis que la personnalité, l’aura, les compétences d’un candidat au poste de Premier ministre ne comptent pas. N’empêche, une campagne ne se base pas uniquement sur cela. Je le répète, ce ne sera pas un référendum pour ou contre Ramgoolam. Ce sera le vote du Mauricien qui s’écroule sous ses emprunts, celui du citoyen qui paie sa facture d’électricité, celui de l’automobiliste qui paie l’essence à Rs 74, celui de la ménagère qui a vu son panier passer Rs 3 000 à Rs 8 000, c’est tout cela qui déterminera les prochaines élections. Ce sera notre projet vis-à-vis de ceux-là qui comptera beaucoup plus que la personne de Navin Ramgoolam. Les enjeux sont réels. Quelle est la vision du MSM pour l’agriculture de demain ? J’ai l’intime conviction que l’agriculture sera le plus gros vecteur de richesse et d’ascension sociale. Vous voyez la quantité de terres inoccupées ? Donc, ce sont toutes ces questions qui intéressent l’électeur. Tout ne se résume pas à Pravind versus Navin.

En parlant de terres, Ramgoolam ira-t-il en guerre contre ceux que la gauche appelle «l’oligarchie» ? Quelle sera la politique du PTr vis-à-vis du secteur privé traditionnel, grand propriétaire terrien qui transforme ses terres agricoles en morcellements «antouré ek miray ros ek fencing elektrik» ?
Ek zot pa pey Land Conversion Tax! Le concept de smart city est un extraordinaire cadeau fiscal à ces promoteurs.

Ces mêmes promoteurs sont de grands financiers des partis politiques. Ces avantages – qui accentuent l’écart entre riches et pauvres – dont ils bénéficient sont certainement des retours d’ascenseur. Le PTr ne sera pas emprisonné comme le MSM ?
Ce qu’il faut, c’est redonner espoir à la jeunesse, à la population et à cette classe moyenne pour qui la vie est devenue terriblement difficile. Le pays peut encore progresser. Pour répondre à votre question, il ne s’agit pas d’écraser certains au profit d’autres. La question, c’est faut-il continuer à bétonner partout ou bien avoir un développement plus responsable ? Ce type de développement répond-il à l’urgence climatique ? Est-il en train de générer des emplois ? Parce que ces smart cities et morcellements n’en génèrent pas ! Mais cela dit, ce n’est pas le moment de clash avec qui que ce soit, dont les acteurs dont vous parlez. Ils ont aussi leur contribution. Mais le pays a besoin d’une ligne directrice pour un développement durable, éco-responsable et inclusif. Ces conglomérats se sont développés de manière très verticale. Ce qui a conduit à une certaine concentration de la richesse. Mais mon point…

(On l’interrompt). Permettez. Ramgoolam-Sithanen sont responsables de ça.
Je ne suis pas en train de vous dire que le pays n’a pas besoin d’eux. Le pays a besoin d’eux. Il faut juste que leur développement soit plus inclusif. Laissez-moi vous dire que les premiers pourvoyeurs d’emplois à Maurice, ce ne sont pas ces conglomérats, mais les PME. Celles-ci galèrent toujours malgré toutes les promesses. Mais ce que j’allais vous dire avant que vous ne m’interrompiez, c’est cela et c’est très important. Pour donner à l’un, on n’est pas obligé d’arracher à l’autre. Nou pa bizin ras dipin ek enn pou donn enn lot. Il suffit de créer les opportunités et d’avoir une vision d’ensemble du pays. Il y a tellement d’opportunités. L’art, par exemple, en est un et ce gouvernement par manque de vision a abandonné les artistes alors que c’est un énorme levier de croissance.

Y a-t-il un ministère qui a déjà été promis au petit chouchou de Ramgoolam ?
Absolument pas. Ceux qui connaissent Ramgoolam savent qu’il ne fait pas de promesses. Je pense, par mon parcours, pouvoir apporter ma contribution dans certains secteurs. Si l’occasion m’est donnée, je le ferai. Mais d’abord, il faut élaborer le programme électoral. Je vais aider tout comme beaucoup d’autres personnes compétentes du PTr.

Vous avez démenti le ministère, mais pas le titre de «petit chouchou de Ramgoolam».
(Rires) Non je ne le suis pas. Je suis juste quelqu’un qui a commencé lor koltar comme street agent. On m’a donné ma chance, je la saisis.

Vous n’êtes pas parmi ceux que Faugoo décrit comme ces apparatchik dont les desiderata font la pluie et le beau temps au PTr ?
Au contraire. Dir mwa ou pa pou donn mwa enn tiket, testé mwa ek ziz mwa. Eski mo pou kit PTr ? Eski mo pou aret travay pou mo parti ? Eski mo pou vinn enn lavwa diskordan ? Absoliman pa. Je le redis, ces personnes qui aujourd’hui se retournent contre le PTr sont en train de dire «j’ai fait ça pour le parti, j’ai fait ci». Pourquoi ne viennent-elles pas dire ce que le parti a fait pour eux ? Qui leur a donné leur statut ? Où seraient-ils si le PTr ne les avait pas fait briller ? Si le PTr ne leur avait pas donné d’investiture et travaillé à leur élection, auraient-ils eu droit à leur pension de député qui s’élève à Rs 125 000 ? Ces personnes devraient être plus justes et moins égoïstes.

Même sans être le petit chouchou, vous savez qui sont ces autres Judas et ces potentielles voix discordantes ?
Nous avons des informations qui font mal au cœur. Nous savons que certains ont rencontré Pravind Jugnauth et cela a été l’élément déclencheur de la tentative de déstabilisation en cours. Les Judas vont se manifester d’eux-mêmes.