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Le système hospitalier critiqué: le personnel à bout de souffle
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Le système hospitalier critiqué: le personnel à bout de souffle
Ils ne cessent d’être pointés du doigt. Le personnel soignant, plus précisément les infirmiers et les aides-soignants, sont encore blâmés depuis l’affaire du bébé remplacé par un autre à l’hôpital Dr A.G Jeetoo au début de février, en raison d’une erreur de bracelets. Toutefois, selon des Frontliners, cela va au-delà d’une erreur....
«Il y a certes des infirmiers et aides-soignants qui commettent des erreurs par manque de considération mais s’il y a davantage d’erreurs au sein des hôpitaux publics, ce n’est pas uniquement à cause des erreurs humaines mais en partie en raison du système», confie un infirmier, qui se dit à bout de force.
En effet, depuis la pandémie du Covid-19, le manque de personnel au sein du service hospitalier s’accentue, révèle-t-on. Hormis les décès, les démissions ou encore ceux qui ont quitté le pays en quête d’un avenir meilleur, beaucoup d’infirmiers et de membres du personnel soignant des hôpitaux ont été mutés dans d’autres sections pour travailler et ils n’ont pas été remplacés dans les sections où ils étaient précédemment affectés.
«Il y a toujours eu un manque de personnel soignant, surtout à l’hôpital Dr A.G Jeetoo. À plusieurs reprises, la demande a été faite pour combler ce manque mais on dirait kinn alim enn labouzi rouz. Mai la sityasion la li vraiem kritik. Bizin ou pe travay la pou ou konner.»
La journée d’un infirmier est aujourd’hui chaotique, révèlent certains d’entre eux. Ils la qualifient de «rant fit, sorti zombie». «Parfois, vous pouvez commencer à huit heures et ne rentrer chez vous que le lendemain après 16 heures. Plus de 24 heures de travail dans un hôpital, vous ne pouvez savoir ce que cela peut faire à votre organisme et à votre moral.»
Au manque de personnel s’ajoute les congés pris pour maladie, les congés annuels, entre autres, que prennent leurs collègues. «Certains soirs, on peut se retrouver à un infirmier ou une infirmière dans une salle de plus de 20 patients. Si dans certaines salles c’est gérable, dans d’autres comme celles où il y a beaucoup de personnes âgées, c’est très fatigant. On ne sait plus où donner de la tête.»
La situation est similaire pour les crèches hospitalières, révèle une autre infirmière. «Kan ou pe okip enn zanfan ou pa kapav pe okip cinq ek gagne nouvo admission, tou an mem tan. Nous sommes des humains, pas des robots. Ne pas manger, ne pas s’asseoir pendant des heures, courir de droite à gauche, tout cela met une pression extraordinaire.»
Pour nos interlocuteurs, si on ne se décide pas à regarder de plus près le problème du manque de personnel hospitalier, le ministère risque d’avoir sur les bras bon nombre d’infirmiers et d’aidessoignants souffrant de Burn-out.
Une situation que déplore Radakrishna Sadien, président de la State Employees Federation. «Ils travaillent trop et à la fin, ils sont sous pression.» Même s’il y a eu des avancées dans le domaine de la médecine à Maurice et un certain intérêt pour le personnel soignant, c’est insuffisant. Il ajoute que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déjà fait part de l’urgence d’investir dans la formation de nouvelles recrues dans le domaine hospitalier à Maurice.
Toutefois, à chaque fois que la demande est exposée, explique le syndicaliste, le secrétaire financier déclare qu’il faut «cut costs.» Ce qui, au final, bloque tout nouveau recrutement. «À l’heure d›aujourd’hui, il y a un manque de personnel dans presque tous les hôpitaux publics.» Il donne l’exemple du poste de Community Based Rehabilitation Officer. À l’écouter, 90 % des postes sont encore à pourvoir. «Les postes ont été remplis au compte-gouttes. Dans les salles, il en manque. Au Medical records aussi. Dans la pharmacie, entre autres, il y a aussi un manque de personnel.»
Selon lui, cela ne s’arrangera pas tant que l’on ne suit pas la recommandation du Pay Research Bureau des années précédentes, qui a bien mentionné qu’un audit du personnel hospitalier est nécessaire. «C’est très important pour voir le manque de personnel et combien il y en a dans chaque section.» Nous avons tenté de joindre le ministère de la Santé et la Nursing Association mais ils sont restés injoignables.
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