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Drame à Mare-Longue: Albion en deuil après la mort de Rohan et de Parmeshwar
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Drame à Mare-Longue: Albion en deuil après la mort de Rohan et de Parmeshwar
Deux habitants d’Albion ont péri tragiquement, jeudi après-midi, quand leur kanwar faisant environ 22 pieds de haut, a touché un câble électrique à haute tension, à hauteur de Jet Ranch, à Mare Longue. Les deux, qui faisaient partie d’un groupe de 20 amis, revenaient du lac sacré. Rohan Doorjean, qui devait fêter son anniversaire le mois prochain, est mort sur le coup alors que Parmeshwar Dhookeeya a rendu l’âme peu après son transfert à l’hôpital. Leurs funérailles ont eu lieu hier, vendredi.
C’est vers deux heures que les dépouilles des deux victimes ont quitté leurs domiciles pour se rendre vers leur dernière demeure. Au domicile des Doorjean, c’est l’abattement. Les parents de Rohan, Swastee et Vijadev, sont inconsolables. Ils n’arrivent pas à accepter le fait que le jeune homme, qui avait toute la vie devant lui, ait quitté son domicile en bonne santé, mardi aux alentours de 14 heures, pour se rendre à Ganga Talao et que c’est sa dépouille qui est revenue à la maison, deux jours plus tard.
Son oncle, Vinod, explique que cette nouvelle leur a fait l’effet d’un coup de massue. «J’ai reçu un appel d’un proche qui m’a informé que leur kanwar a pris feu. En me rendant à l’hôpital, j’ai vu une foule. J’ai cherché mon neveu mais je ne le voyais pas. C’est après que j’ai vu son ami. Il était accablé. Il m’a expliqué que Rohan a poussé son dernier souffle dans ses bras», souligne Vinod, inconsolable.
Rohan était un jeune homme plein de vie, qui aimait plaisanter. Il allait fêter ses 22 ans le mois prochain et était très proche de son frère, Aniket. Après le collège, le jeune homme avait trouvé un emploi dans un supermarché mais il avait beaucoup de mal à se faire aux heures supplémentaires et il a donc arrêté ce travail. Il avait pris de l’emploi dans un atelier d’aluminium et là, il a été pris par ce métier. Il en avait d’ailleurs déjà parlé à son père et projetait de se mettre à son compte. «Li ti enn bon garson, kontan badine kozer riye. Boukou dimounn ti kontan li. Se enn gran lapert pour lafami. Il ne ratait aucune occasion de faire le pèlerinage de Maha Shivratree», pleure son oncle.
Le jeune homme, qui a été tué sur le coup, marchait à côté du kanwar. Quant à Parmeshwar appelé affectueusement Maddé par ses amis, il transportait le kanwar et se trouvait sous la structure en bambou lorsque celle-ci est entré en contact avec le câble électrique. Ils ont aussitôt entendu un bruit de friction semblable à celui fait par des étincelles avant de voir les flammes. Mais c’était déjà trop tard. Ceux qui étaient autour du kanwar avaient déjà reçu une violente décharge électrique.
Chez les Dhookeeya, Shyam, âgé de 69 ans, et Surekha, son épouse, racontent que l’interlocuteur qui les a appelés leur a dit qu’ils devaient se rendre d’urgence à l’hôpital. En arrivant dans la cour du centre de soins, Surekha, figure incontournable de la localité, devait apprendre que l’état de santé de son fils était jugé inquiétant. Il a rendu l’âme peu après. Maddé était un excellent gardien de buts et avait joué son dernier match au sein des Albion Rovers samedi dernier. Son équipe et lui avaient gagné le match par trois buts à un et il était tout content. Shyam Dhookeeya explique que son cadet, employé comme skipper au Club Med d’Albion, travaillait dur afin d’économiser ses sous pour terminer la construction de sa maison à l’étage. «Li ti pe ed mwa boukou. Pa fasil perdi enn zanfan sa laz-la», pleure le vieil homme.
Son autre fils, Mahesh, qui était également parmi les pèlerins, a lui aussi reçu une décharge électrique. Admis à l’hôpital, il a demandé une autorisation de sortie pour pouvoir aller assister aux funérailles de son frère. Son état de santé est jugé stable.
Ensemble avec leur groupe d’amis d’Albion, Rohan et Parmeshwar avaient passé plus d’un mois à fabriquer leur kanwar. Tous avaient émis des idées avant de tomber d’accord sur le modèle à faire. Ils soutiennent que le kanwar n’était pas équipé d’un générateur ni de métal mais de batteries pour les lumières. Mardi, avant de démarrer leur pèlerinage, ils ont pris plusieurs photos et fait plusieurs vidéos avec leur kanwar dont ils étaient si fiers. Ils n’arrêtaient pas de chanter et de danser. C’est jeudi sur le chemin de retour que l’accident s’est produit. Des proches à Albion préparaient leur repas et s’apprêtaient à sortir pour rejoindre le groupe lorsqu’ils ont appris la terrible et triste nouvelle.
Les rescapés encore sous le choc
Au domicile de Rohan Doorjean, à l’impasse Flamingo, Albion, parents et proches, sont sous le choc, confus et traumatisés. L’un de ses amis très proches, un jeune qui faisait également partie du groupe de pèlerins, se souvient des moments, qui ont suivi l’incendie du kanwar. Il est en colère et ne comprend toujours pas ce qui est arrivé. «Quand c’est arrivé, je l’ai vu (NdlR : Rohan) . Je l’ai tenu dans mes bras. Je lui ai donné de l’eau... zordi guet kot li eter. Ki linn koner, ki linn viv mem. Il était si jeune», raconte-t-il avant de fondre en larmes, incapable de donner du sens à cette tragédie.
Un ami de la victime, âgé de 25 ans, explique qu’ils ont grandi ensemble et ont fréquenté la même école primaire. Il avait accompagné le groupe de pèlerins jusqu’à Chebel avant de rentrer chez lui tandis que le groupe a continué vers Grand Bassin. «Trois jours avant notre départ pour Grand-Bassin, je suis resté avec eux dans le temple pour les préparatifs... Jeudi après-midi vers 15 h 30, nous préparions de la nourriture à la maison pour aller la leur apporter car ils étaient sur le chemin du retour. C’est alors que nous avons appris que le kanwar a pris feu... Rohan était une personne très amicale et joviale et nous nous entendions tous très bien. C’est une perte immense...», dit-il.
Un peu plus loin, à avenue Belle-Eau, le chagrin et l’incompréhension règnent également chez la famille Dhookeeya.
Devanand Bissoo, 32 ans, vit à proximité et connaît devient Parmeshwar Dhookeeya depuis l’enfance. Devanand est également l’un des rescapés de l’incident. Au total, neuf pèlerins, nous dit-il, ont porté le kanwar de l’intérieur. «J’en faisais partie, ainsi que mon frère Krishna et mes deux cousins. De la famille Dhookeeya, il y avait deux pèlerins, et puis, trois jeunes de l’entourage de Rohan...Nous nous connaissions tous et avions l’habitude de nous rendre à Grand-Bassin chaque année.»
Lorsque le kanwar a heurté le câble électrique et a pris feu, il dit avoir ressenti un choc électrique. Les autres aussi. «Nous avons immédiatement déposé le kanwar. Je suis tombé, presque inconscient, et j’étais à peine capable de me relever. J’ai fait de mon mieux pour sortir par un petit espace entre les deux structures en bambou du kanwar. J’ai mis un petit temps avant de comprendre ce qui se passait. Et puis, je me suis rendu compte que Parmeshwar et Rohan, entre autres, étaient très gravement touchés. J’ai appelé les gens autour de moi pour les aider autant que possible...», raconte-t-il d’une voix basse et tremblante, visiblement encore très secoué. Lui et son frère Krishna ont survécu au choc électrique mais ont subi des blessures physiques aux mains et au genou. Le genou de Devanand Bissoo est d’ailleurs bandé. Son frère, Krishna, a subi des blessures aux genoux et aux mains, qui sont également bandés.
Akash Bissoo, autre pèlerin rescapé, âgé de 30 ans, précise qu’il n’y avait pas de générateur intégré dans le kanwar. «Il y avait quelques petites lumières fonctionnant avec deux piles. De plus, étant moimême électricien et plombier, je peux vous dire qu’il faut quatre personnes pour soulever un générateur car c’est lourd. Ban seki mett generater met larou pou kapav transport kanwar là ziska Grand-Bassin. Le nôtre était déjà suffisamment lourd ainsi. Il fallait neuf personnes pour le soulever. Nous avions également installé des supports aux quatre coins extérieurs, que les pèlerins aidaient à porter. Nu pa ti pu al fatig nu mem avec generater...», dit-il. «D’ailleurs», ajoute Akash Bissoo, «nous avons emprunté le même chemin en allant et rien ne s’est passé. Donc, ce n’était pas dû au fait que notre kanwar était trop grand.»
Il n’est que tristesse et larmes. «Quand l’incident s’est produit, j’ai été blessé... mais à ce moment-là, kan ou truv ou ban camarad enkor lor chemin, ou pa capav mazinn ou blessure la. Vous allez faire tout ce que vous pouvez pour aider. On ne peut pas seulement penser à soi... Pour moi, ce n’était pas des amis mais des frères», raconte-t-il, en tenant à remercier tous les pèlerins qui sont venus les secourir. «Nous ne les connaissons pas mais je veux les remercier. Les choses auraient pu être bien plus graves», dit ce jeune, brisé par le chagrin.
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