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Négligence médicale: les parents de Saivaani Aunotooa veulent de vraies réponses

19 février 2023, 16:45

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Négligence médicale: les parents de Saivaani Aunotooa veulent de vraies réponses

La famille de la petite Saivaani, décédée à 10 ans des suites de négligence médicale avérées, ne compte pas s’arrêter à des suspensions. Déterminée à rendre justice à leur enfant, elle a servi une mise en demeure à l’État et au ministère de la Santé, leur réclamant des dommages de Rs 50 millions via son avoué, Mᵉ Pazhany Rangasamy. Pourquoi ? Récit de ce drame qu’ils n’oublieront jamais...

C’est  le cœur plein de tristesse qu’Avinash et Ashwini Aunotooa célèbrent Maha Shivaratree cette année. Si leur fille Saivaani ne leur avait pas été enlevée si subitement en novembre 2022, elle aurait fait le pèlerinage encore cette année, comme elle le faisait depuis ses trois ans. Alors que la négligence médicale a été prouvée, la famille a encore des questions en suspens, auxquelles elle attend des réponses, et affirme que tant que justice ne sera pas rendue, aucun membre de leur famille ne baissera les bras.

Tout a commencé le dimanche 20 novembre 2022 se rappelle avec tristesse Avinash. Vers 23 h 30, Saivaani, 10 ans, se réveille et se plaint d’avoir mal au ventre. Ashwini, qui était endormie à côté d’elle, lui donne un calmant. Toutefois, comme vers minuit, Saivaani se plaint de douleurs atroces, ses parents décident de la transporter à l’hôpital Victoria à Candos. «Laba enn pédiat inn oskilté li, linn dir li pé gagn kolik. Linn fer li enn pikir antidouler ek 30 minit apré linn korek. Inn donn nou medsinn pou nou al lakaz», explique Avinash.

Le lendemain soir, la fillette recommence à se tordre de douleurs et commence à vomir. Ses parents lui donnent ses médicaments et elle réussit à s’apaiser mais vers 3 h 30 dans la nuit du 21 au 22 novembre, Saivaani n’arrive plus à tenir. «Li trap so vant li dir li pé gagn dimal bokou. On la transporte à nouveau à l’hôpital de Candos.» Il était 4 heures quand ils arrivent sur place. Saivaani est auscultée par la pédiatre de garde. Avinash confie que la docteure ne touche même pas son enfant et qu’à peine entrée dans la salle de consultation, elle demande aux parents d’emmener Saivaani chez les infirmiers pour deux injections. Une pour les vomissements et l’autre pour les douleurs. «Elle a affirmé que ma fille souffrait de gastro. Inn donn nou antibiotik tousala apré inn dir nou nou kapav alé.» En rentrant à la maison, Saivaani arrive enfin à dormir et se réveille vers 7 heures. Ashwini lui donne son petit déjeuner et ses médicaments en pensant que cela irait mieux mais vers 9 h 30, Saivaani recommence à vomir et à se tordre de douleurs. Ne comprenant pas ce qui se passe, Avinash et Ashwini décident d’emmener Saivaani chez un médecin privé à Cassis. Ce dernier comprend tout de suite qu’il s’agissait d’une appendicite et leur donne un mémo pour l’emmener à l’hôpital Dr A. G. Jeetoo, comme c’est le plus proche. Sur place, la petite est à nouveau auscultée par un médecin qui lui fait passer des radios. Par la suite, un spécialiste confirme que la petite souffre bien d’appendicite et qu’il faut l’admettre pour être opérée le jour même. Vers 17 heures, Saivaani est admise en salle. «Son opération était prévue pour 18 h 30 mais on l’a ramenée en disant que son opération se ferait dans une quinzaine de minutes», ajoute Avinash. En effet, vers 18 h 45, le personnel revient la chercher pour l’emmener en salle d’opération. Vers 20 h 30, les infirmiers appellent la mère dans la salle d’opération et lui disent qu’elle peut voir sa fille. Toutefois, confie Ashwini, elle pouvait voir sur le visage du personnel que quelque chose clochait. «Zot ti pé paret trakasé ek trist koumadir. Monn trap lamé mo zanfan monn koz ar li mé li ti ankor inpé dan lévap. Enn moman bann ners-la dir mwa koumsa so loxizenn pe bésé sorti ek zot inn ramenn li dan lasal lopérasion.»

Refus de se déplacer

À 22 heures, Saivaani sort du bloc opératoire et elle est transférée à l’unité pédiatrique de l’hôpital. Ashwini confie que dès que son enfant s’est réveillé en salle, elle a commencé à se plaindre de douleurs et à vomir. «Premié fwa linn koumans vomi enn délo zonn ek en mem tan li pé cordé ar douler.» Paniquée, Ashwini informe les infirmières de garde qui lui disent que c’est normal. Cependant, la fillette continue à se plaindre de douleurs et commence à rejeter des matières fécales. «Sa moman-la monn désespéré. Mo pa ti pe kapav gét mo zanfan soufer koumsa. Koumandir monn perdi tou kouraz mo ti éna dan mo lékor. Mo ti népli koné ki pou fér. Asak foi mo al gét bann ners-la zot dir mwa normal sa, mem kan monn dir zot li pé rezet malpropté

Ashwini explique que pendant toute la nuit son enfant ne fait que pleurer de douleurs et vomir. Elle seule fait le va-et-vient pour s’occuper de son enfant alors que les infirmières ne font que dire à cette maman, qui réclame un médecin, de tapoter le dos de sa fille pour la faire dormir. «Dernié parol mo zanfan inn dir moi, sé’ Ma, mo pé gagn extra douler’. Zot pa pé konpran mwa», confie Ashwini en larmes. Vers 4 heures, après avoir imploré de l’aide à maintes reprises, la petite Saivaani perd connaissance, se rappelle péniblement Ashwini. «So lizié inn vinn blan et linn arét réponn.» Ashwini court revoir les infirmières, qui une fois de plus refusent de bouger le petit doigt, mais elle insiste cette fois et exige qu’on appelle un médecin. «Zot inn finalman désid pou téléfonnn dokter. An mem tan bann lézot maman dan lasal-la inn donn moi koudmin pous so lili ziska kot bann ners-la ti pé asizé. Kan dokter inn vini inn gét li, linn dir fér admet li dan ICU dirzans», ajoute Ashwini.

Vers 4 h 30, la petite Saivaani est donc admise aux soins intensifs. Avinash vient rejoindre son épouse sur place. «10 h 30 di matin zot inn vinn get nou pou dir nou so léta inn amélioré. Mo madam inn al lakaz ek mwa monn resté. Vers une heure de l’après-midi, on vient m’annoncer que Saivaani est morte.» À bout de souffle, Avinash confie qu’on lui a dit que sa fille avait déjà cessé de respirer depuis 12 h 15 et qu’ils ont essayé de la réanimer pendant 45 minutes, mais en vain. Après la mort de son enfant, malgré le choc et l’immense tristesse, Avinash demande immédiatement une autopsie. «Kan monn dir sa dokter ki ti pé okip li la li dir mwa pa bizin fér lotopsi, kapav fér zis enn post-mortem, lamem monn fini trouvé éna enn zafér pa normal ek monn insisté pou fér lotopsi.» Par la suite, il se rend au poste de Line-Barracks pour déposer une plainte de négligence médicale. «En janvier, on nous a appelés pour faire notre témoignage à un comité. Ils nous ont dit qu’ils feraient de leur mieux pour rendre le rapport très vite vers la fin de février. Toutefois, mi-février, le ministre de la Santé nous a appelés pour nous annoncer que le rapport avait déjà été soumis et a révélé que notre fille est bien décédée des suites de négligence médicale et que des actions seront prises.»

Après la soumission du rapport, les deux infirmières en salle la veille de la mort de Saivaani et la docteure de l’hôpital Victoria qui l’avait auscultée ont été suspendues. Cependant, pour Avinash et Ashwini, ces personnes ne sont pas les seules coupables. «Nous nous posons énormément de questions. Nous avons demandé une copie du rapport mais personne ne nous l’a fait parvenir jusqu’ici. Nous ne pensons pas que seules ces deux infirmières et la docteure sont en cause. Pourquoi ma fille est restée autant de temps en salle d’opération alors qu’il s’agissait d’une intervention devant durer au maximum une heure ? Pourquoi les infirmiers du bloc avaient l’air inquiètes en face de mon épouse ?», se demande Avinash.

Ce dernier explique que depuis que Saivaani s’est éteinte à tout jamais, leur maison n’est plus la même. Les chants joyeux ne retentissent plus dans chaque coin de la maison. Ses deux autres filles, âgées de 20 ans et 18 ans, n’arrivent plus à sourire comme avant. Son épouse et lui ont l’impression qu’une partie d’euxmêmes s’en est allée. «Koumadir inn ras enn zafér ar nou. Nou bien afekté et ziska aster nou pa pé kapav aksepté li pa la. Saivaani ti voué a enn lavenir briyan. Nou pa pou rési trouv li réaliz so rev vinn avokat mé nou pou rod lazistis pou li», pleure Avinash.