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Dominique Raya: Injustice quand tu nous tiens…
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Dominique Raya: Injustice quand tu nous tiens…
Elle lit ses lettres mais évite certaines presses. Elle a le cœur lourd mais lui a le sourire. Elle ne flanche pas pour lui ; elle croit en lui ; elle a la foi que la justice triomphera et que ceux qu’il a dénoncés seront à sa place, un jour, sous les verrous. Dominique Raya, la compagne de Bruneau Laurette, tout en retrait, est pourtant sur le devant de sa scène familiale. Après lui avoir rendu visite en prison hier, lui qui a pourtant bénéficié d’une liberté conditionnelle en cour de Moka, elle nous ouvre les vannes de son cœur, sans concession…
Comment vivez-vous cette longue séparation d’avec Bruneau Laurette ?
C’est très dur. C’est encore plus difficile quand je pense que Bruneau est injustement privé de sa liberté. Ce sentiment d’injustice est encore plus prononcé parmi tous ses proches, vu qu’il est accusé de trafic de drogue alors qu’il a toujours combattu ce fléau. Je suis convaincue d’ailleurs que c’est à cause de ses dénonciations de certains policiers que ces mêmes policiers l’ont piégé.
On nous raconte comment il a sorti son frère cadet de l’addiction à la drogue…
Oui, son frère est la preuve même de la détestation de la drogue de Bruneau. Il faisait fuir certains amis peu recommandables de son frère de la maison (rires). À la fin, il a pu le sortir de cet enfer.
Vous étiez et êtes toujours proche de lui. Selon vous, s’adonnait-il au trafic de drogue ?
Jamais ! J’aurais été la première à le savoir et même à m’en douter s’il le faisait. Savez-vous que Bruneau était très pieux et l’est devenu encore plus après notre rencontre ? Ce n’est pas seulement après son arrestation que sa foi a augmenté mais bien avant, en 2022, lorsqu’il s’est joint à notre église.
Vous lui avez rendu visite hier. Quel est son état d’esprit ?
Bruneau a un moral d’acier. Que ceux ou celles qui croient qu’ils le feront plier par sa continuelle détention déchantent. Il a été très content de me voir, ainsi que son fils Ryan, à Melrose. Sa joie a noyé tout le reste. Il était souriant et ne parlait que de choses de la famille.
Et vous, Dominique ?
J’ai pu retenir mes larmes en le voyant hier, bien que ce ne fût pas facile. Je voulais lui montrer que nous tenons le coup et que, comme lui, nous demeurons forts. C’est le seul service que nous puissions lui rendre.
Bientôt quatre mois en détention préventive quand même ! Ne me dites pas que cela ne l’a pas affecté, surtout après l’annonce du DPP mardi…
Bruneau ne paraissait nullement déçu ni surpris de la décision du DPP de demander une révision de la décision de la magistrate de le libérer. Je crois qu’il s’y attendait, ayant appris les lois par la force des choses. Il garde toujours confiance en la justice et surtout en le nouveau DPP. Pour lui, ce sont les seuls remparts qui restent contre les excès du pouvoir.
Et vous, quel est votre sentiment à ce propos ?
Je pense que le DPP tient à sa réputation et ne voudra pas voir son recours rejeté par les juges.
Vous a-t-il parlé de ses geôliers, sont-ils aimables avec lui ?
Absolument. Il m’a toujours dit qu’ils se montrent très humains, professionnels et gentils envers lui. Il n’a rien à leur reprocher
Espérons qu’il n’y aura pas de mutations… Et la nourriture, en est-il satisfait ?
Même s’il mangeait de la viande presque tous les jours, il s’est adapté aux conditions carcérales : que deux repas à base de poulet par semaine, pas de viande. Sinon, les autres jours, ce sont légumes et grains secs. Comme je vous l’ai dit, Bruneau n’est pas quelqu’un de difficile. Il s’est adapté en pensant aux autres prisonniers qui subissent ce régime pendant de nombreuses années parfois.
Il a bien maigri, en tout cas…
Oui, c’est le manque de protéine qui en est la cause, je pense. Il continue ses exercices quotidiens mais les muscles ne suivent pas et s’étiolent. Il s’affaiblit aussi en même temps et doit dormir plus que d’habitude.
Vous avez suivi toutes les audiences, comme Simla Kistnen a suivi sans coup férir l’enquête judiciaire. Vous n’êtes pas fatiguée ?
Simla Kistnen, qui vient souvent au tribunal, n’a pas eu la chance que nous avons : celle de voir Bruneau à Moka. La joie de le voir et d’assister aux échanges entre avocats ; la joie de voir tout ce monde venu le soutenir ; la joie de voir la presse – une partie du moins – faire son travail d’une façon honnête. Tout cela me comble de bonheur, bien que je rentre toujours triste et seule à la maison. Cependant, pour faire face à cette solitude, deux des enfants de Bruneau ont aménagé chez moi, car ils ont un souvenir traumatisant de la maison de PetitVerger, où l’on a violé leur intimité familiale et leur vie, qui était paisible jusqu’au jour où leur père a été piégé. Nous nous tenons forts entre nous. Et avec Dieu.
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